Avr 22

Aveux d’un athée

Jean RichepinL’académicien Jean Richepin (1849-1926) aimait étaler son athéisme. Il avait inscrit sur sa porte d’entrée : « Jean Richepin, athée » et il rédigea des poèmes antichrétiens intitulés Blasphèmes.

Pourtant, dans l’un d’entre eux, le diable lui apparaît, et lui déclare :

« Êtes-vous bien athée ?

Êtes-vous très certain que Dieu n’existe point ?
Si Dieu n’est rien, pourquoi lui montrez-vous le poing ?
Si ce n’est qu’un brouillard dont votre âme est trompée,
Pourquoi dans ces vapeurs donner des coups d’épée ?
Don Quichotte chargeait pour frapper un géant
Sur un moulin ; mais vous, c’est contre le néant

Que vous vous colletez, avec l’ombre ! C’est drôle.
Si Dieu n’existe pas, vous jouez un sot rôle ;
Vous n’êtes qu’un roseau pensant… comme mon stick [1].
Donc, au fond, vous croyez à Dieu, voilà le hic.

Vous ne l’avouez pas ; la honte est pitoyable.
Vous y croyez, my dear. J’y crois bien, moi, le Diable ! »

L’académicien doit alors avouer :
« Je ne puis m’empêcher de regarder les astres
Suspendus comme des lampes sous les pilastres
D’un temple immense au plafond bleu,
Et j’entends tout le genre humain qui les contemple
Dire qu’un sanctuaire est caché dans le temple
Et dans le sanctuaire, un Dieu. »

Malheureusement, comme Voltaire (qui éprouvait parfois des frissons devant l’ordre et la beauté du monde), il replonge ensuite dans ses blasphèmes.

 

Leçon : Ne nous laissons pas intimider par ceux qui crient très fort leur incroyance ou leur indifférence.

C’est souvent un moyen de cacher leur inquiétude.

[1]Stick : mot anglais, à la mode en France au début du 20e siècle, et désignant une canne très mince.