Mar 26

Méditation pour préparer Pâques

Nous remercions Mgr Carlo Maria Viganò de nous avoir envoyé cette méditation pour préparer Pâques. Notre traduction a été faite sur l’original italien et approuvée par Mgr Viganò. La traduction anglaise est parue sur le site de Catholic Family News pour qui ce texte a été écrit [1].

Si iniquitates observaveris, Domine :
Domine, quis sustinebit ?

Ps 129, 3

Mors et vita duello
conflixere mirando.

L’année dernière, par une décision aussi incompréhensible que malheureuse, pour la première fois dans l’ère chrétienne, la hiérarchie catholique a restreint la célébration de Pâques, suivant en cela le discours dominant sur la pandémie. Soumis à des mesures de confinement qui se sont avérées inutiles, voire contre-productives, de nombreux fidèles, ont pu participer spirituellement au Saint Sacrifice en assistant aux offices par ordinateur. Un an plus tard, rien n’a changé et nous entendons encore dire que nous devons nous préparer à un nouveau confinement pour permettre à la population d’être soumise à un sérum génétique expérimental [2], imposé par le lobby pharmaceutique malgré notre ignorance des effets secondaires à long terme. Dans de nombreux pays, on commence à interdire l’usage de ces vaccins, face aux décès suspects qui suivent son inoculation. Et pourtant, malgré l’implacable campagne de terrorisme médiatique, des traitements simples s’avèrent efficaces et capables de réduire drastiquement les hospitalisations et, par conséquent, les décès.

En tant que catholiques, nous sommes appelés à comprendre le sens de ce que, depuis plus d’un an, l’humanité entière a été contrainte d’endurer au nom d’une urgence qui – données officielles à l’appui – a causé un nombre de décès comparable à celui des années précédentes. Nous sommes appelés à comprendre, avant même de croire : car si le Seigneur nous a dotés d’intelligence, il l’a fait pour que nous l’utilisions pour reconnaître et juger la réalité qui nous entoure. Dans l’acte de foi, le baptisé ne renonce pas à sa propre rationalité dans un fidéisme sans discernement, mais il accepte ce que le Seigneur lui révèle, en s’inclinant devant l’autorité de Dieu, qui ne nous trompe pas et qui est la Vérité même.

Notre capacité à intus legere les événements nous préserve, dans la lumière de la grâce, de cette sorte d’irrationalité irréfléchie que manifestent, en revanche, ceux qui, hier encore, célébraient la science comme un antidote nécessaire contre la « superstition religieuse », et qui, aujourd’hui, célèbrent les « experts » autoproclamés comme les nouveaux prêtres de la pandémie, niant les principes les plus élémentaires de la médecine. Et si, pour le chrétien, une peste véritable est un appel salutaire à la conversion et à la pénitence pour les péchés des individus et des nations, pour les adeptes de la religion de la santé, un syndrome grippal guérissable est vu comme le cri de la Terre Mère violée par l’humanité. Une Nature marâtre, vers laquelle beaucoup se tournent avec les mots de Leopardi [3] : Pourquoi ne rends-tu pas ce que tu m’avais promis ? Et trompes-tu tant tes enfants ? Nous réalisons que cette cruauté tribale, cette force primitive qui voudrait nous exterminer comme un virus de la planète, ne réside pas dans la Nature, dont le Créateur est l’admirable artisan, mais dans une élite asservie à l’idéologie mondialiste, qui, d’une part veut imposer la tyrannie du Nouvel Ordre Mondial et, d’autre part, pour se maintenir au pouvoir rémunère généreusement ceux qui se mettent à son service. En revanche, les dissidents, les réfractaires, sont réduits à néant dans leurs demeures, privés de liberté, contraints de subir des tests peu fiables et des vaccins inefficaces au nom d’un bien supérieur qu’ils doivent accepter sans possibilité de dissidence ou de critique.

Il y a quelques jours, une dame, voulant paraître dotée d’un sens pratique, a déclaré que nous devions nous soumettre à l’utilisation du masque et de la distanciation sociale, non pas tant pour leur efficacité, que pour amener nos dirigeants à assouplir les mesures prises jusqu’à présent : « Si nous mettons le masque et que nous nous vaccinons, peut-être qu’ils arrêteront et nous laisseront revenir à la vie », a-t-elle commenté. Face à cette remarque, un vieux monsieur a répondu que certains Juifs de l’Allemagne des années 30 pensaient peut-être que le fait de porter l’étoile de David cousue sur leur veste satisferait en quelque manière les délires d’Hitler, en évitant des violations bien pires et en leur épargnant la déportation. Face à cette objection calme, son interlocutrice a été ébranlée, comprenant la similitude troublante entre la dictature nazie et la folie pandémique de notre époque ; entre la façon dont la tyrannie pouvait être imposée à des millions de citoyens en faisant appel à leur peur, hier comme aujourd’hui. Ils se sont laissés convaincre qu’il fallait obéir, ne pas réagir à la violation des droits de citoyens allemands coupables seulement d’être juifs, et même dénoncer les « criminels » auprès des autorités civiles. Et je me demande : quelle différence y a-t-il entre la dénonciation d’un voisin qui cache une famille de Juifs et le signalement zélé de ceux qui reçoivent chez eux des amis en violant une mesure inconstitutionnelle qui limite les libertés des citoyens ? Ne se retrouvent-ils pas tous deux à respecter la loi, à observer les règles, alors que ces mêmes règles foulent au pied les droits d’une partie de la population, criminalisée hier sur une base raciale et aujourd’hui sur une base sanitaire ? N’avons-nous rien appris des horreurs du passé ?

La voix de l’Église invoque la Majesté divine pour qu’elle chasse les « flagella tuae iracundiae, quae pro peccatis nostris meremur [4] ». Ces fléaux se sont manifestés au cours de l’histoire par des guerres, des pestes, des famines ; ils se manifestent aujourd’hui par la tyrannie du globalisme, capable de faire plus de victimes qu’une guerre mondiale et de détruire les économies nationales plus qu’un tremblement de terre. Nous devons comprendre que si le Seigneur permet aux auteurs de l’urgence Covid de réussir, ce sera certainement pour notre plus grand bien. Parce qu’aujourd’hui nous sommes exclus, presque comme s’il s’agissait d’un péché, du peu qui dans notre société restait inspiré par la civilisation chrétienne et qu’hier encore nous considérions comme normal et allant de soi : exercer nos libertés fondamentales, se réunir pour prier à l’église, sortir avec des amis, retrouver nos proches pour dîner, pouvoir ouvrir un magasin ou un restaurant et gagner honnêtement sa vie, aller à l’école ou partir en voyage.

Si cette pseudo-pandémie est un fléau, il n’est pas difficile de comprendre les fautes pour lesquelles le Ciel nous punit : crimes, avortements, meurtres, divorces, violences, perversions, vices, vols, tromperies, fraudes, trahisons, mensonges, profanations, cruauté. Les fautes publiques et les fautes des individus. Les fautes des ennemis de Dieu et les fautes de ses amis. Fautes des laïcs et fautes des clercs, de la base au sommet, des gouvernés et des gouvernants, des jeunes et des vieux, des hommes et des femmes.

Il a tort celui qui croit que la violation des droits naturels que nous subissons n’a pas de signification surnaturelle, et que la part de responsabilité qui nous rend complices de ce qui arrive est sans importance. Jésus-Christ est le Seigneur de l’Histoire, et ceux qui voudraient bannir le Prince de la paix du monde qu’il a créé et racheté de son sang très précieux, ne veulent pas accepter la défaite inexorable de Satan, l’éternel perdant. Ainsi, dans un délire qui a tous les traits de l’hybris [5], ses serviteurs agissent comme si la victoire du mal était désormais certaine, alors qu’en réalité elle est nécessairement éphémère et momentanée. La némésis [6] qui leur est préparée nous rappellera le peuple d’Israël après la traversée de la Mer Rouge, et que Pharaon n’aurait rien pu faire si cela n’avait pas été permis par Dieu.

La Pâque chrétienne, la vraie Pâque dont celle de l’Ancien Testament n’était qu’une figure, s’accomplit sur le Golgotha, sur le bois béni de la Croix. Dans ce sacrifice parfait, le Christ était autel, prêtre et victime. L’Agneau de Dieu, indiqué par le Précurseur sur les rives du Jourdain, a pris sur lui les péchés du monde, pour s’offrir en victime humaine et divine au Père, rétablissant dans son sang l’ordre violé par notre premier Parent. C’est là, sur le Calvaire, que s’est accomplie la véritable Grande Réinitialisation, grâce à laquelle la dette inextinguible des fils d’Adam a été annulée par les mérites infinis de la Passion du Rédempteur, nous rachetant de l’esclavage du péché et de la mort.

Si nous ne nous repentons pas de nos péchés, si nous n’avons pas l’intention de modifier notre vie et de la conformer à la volonté de Dieu, nous ne pouvons espérer atténuer les conséquences de nos péchés, qui offensent la Majesté divine et ne peuvent être apaisés que par la pénitence. Notre Seigneur nous a montré la voie royale de la Croix : « Le Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple pour que vous suiviez ses traces » (1 P. 2, 21). Prenons chacun notre croix, renonçons à nous-mêmes et suivons le divin Maître. Abordons la Sainte Pâque en sachant que nous sommes toujours sous le regard du Seigneur : « Vous étiez errants comme des brebis, mais maintenant vous êtes revenus vers le berger et le gardien de vos âmes » (I P. 2, 25). Et rappelons-nous que, d’après le Dies irae, nous l’aurons certainement tous comme Juge, mais que grâce au baptême nous avons gagné le droit de le reconnaître comme notre frère et notre ami.

Au Juge Suprême nous demandons, selon les mots de la Sainte Écriture : « Discerne causam meam de gente non sancta, ab homine iniquo et doloso erue me [7] ». Au Père miséricordieux, qui dans son divin Fils nous a fait héritiers de la gloire éternelle, nous adressons humblement les paroles de David : « Amplius lava me ab iniquitate mea, et a peccato meo munda me [8] ». A l’Esprit Consolateur nous demandons : « Da virtutis meritum, da salutis exitum, da perenne gaudium [9] ».

Si nous voulons vraiment que cette prétendue pandémie s’effondre comme un château de cartes – comme cela s’est toujours produit pour des fléaux bien pires, lorsque le Seigneur en a décrété la fin – nous devons Lui reconnaître, et à Lui seul, cette seigneurie universelle que nous usurpons à chaque péché, refusant d’obéir à sa sainte Loi et nous rendant ainsi esclaves de Satan. Si nous voulons la paix du Christ, c’est le Christ qui doit régner, et c’est son royaume que nous devons vouloir, en commençant par nous-mêmes, notre famille, notre cercle d’amis et de connaissances, notre communauté religieuse. Adveniat regnum tuum [que votre règne arrive]. Si, en revanche, nous laissons s’installer la tyrannie haineuse du péché et de la rébellion contre le Christ, la folie covidienne ne sera que le début de l’enfer sur terre.

Préparons-nous donc à la confession et à la communion pascale dans cet esprit de réparation et d’expiation, tant pour nos propres péchés que pour ceux de nos frères, des hommes d’Église et de nos gouvernants. La véritable et sainte « nouvelle renaissance » à laquelle nous devons aspirer doit être la vie de la grâce, l’amitié de Dieu, l’assiduité avec sa très sainte Mère et avec les saints. Le véritable « rien ne sera plus comme avant » doit être dit lorsque nous nous levons du confessionnal avec l’intention de ne plus pécher, en offrant notre cœur au Roi eucharistique comme un trône sur lequel il Lui plaît d’habiter, en Lui consacrant toutes nos actions, toutes nos pensées, toutes nos respirations.

Que tels soient nos vœux pour la prochaine Résurrection pascale, sous le regard bienveillant de Notre Reine et Dame, Corédemptrice et Médiatrice de toutes les grâces.

+ Carlo Maria Viganò, archevêque
9 mars 2021

[1]  —  https ://catholicfamilynews.com/blog/2021/03/22/abp-vigano-meditation-in-preparation-for-easter/
[2]  —  Les vaccins à ARN messager. (Note du traducteur.)
[3]  —  Giacomo Leopardi (1798-1837), poète et philosophe italien. (Note du traducteur.)
[4]  —  « Les fléaux de votre colère que nous avons mérités par suite de nos péchés » (oraison pour le temps du carême).
[5]  —  Notion grecque qui se traduit le plus souvent par « démesure ». (Note du traducteur.)
[6]  —  Déesse du châtiment céleste selon la mythologie grecque. (Note du traducteur.)
[7]  —  « Séparez ma cause de celle d’une nation qui n’est pas sainte ; délivrez-moi de l’homme méchant et trompeur » (Ps 42, 1). (Note du traducteur.)
[8]  —  « Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité, et purifiez-moi de mon péché » (Ps 50, 4).
[9]  —  « Donnez le mérite de la vertu, donnez le salut final, donnez la joie éternelle » (Séquence de le Pentecôte, Veni Sancte Spiritus). (Note du traducteur.)