Déc 26

Un poème de Villefranche sur la Morale laïque

Le plus grand des crimes

Un criminel allait monter à la potence.
Un greffier lui lisait sa trop juste sentence,
Qui le chargeait de forfaits inouïs.
Le coupable avouait avoir fait encor pis.
—  Il a volé, brûlé, mis trois maisons en cendre.
—  J’ai fait pis que cela, c’est moi qui vous le dis.
—  Il a noyé sa fille, empoisonné son gendre.
—  Bah ! j’ai fait pis encor, croyez-moi, cent fois pis !
—  Enfin qu’as-tu donc fait ? dit le greffier surpris.
—  Ce que j’ai fait ? Je me suis laissé prendre.

Si l’homme n’est qu’un animal,
S’il n’a point une âme immortelle,
Notre pendard ne raisonnait pas mal.
Qu’aurait pu répliquer la morale nouvelle ?

Jacques-Melchior VILLEFRANCHE (1829-1904)

Voir « Villefranche, fabuliste catholique » dans Le Sel de la terre 70, p. 165-183.