Fév 12

12 février – Les Sept Fondateurs de l’Ordre des Servîtes

La Messe

Introït : « Seigneur, les justes chantent votre nom très saint, ils louent votre main victorieuse, car votre sagesse a ouvert les lèvres muettes et rendu éloquentes les langues des enfants. — Seigneur, notre Seigneur, que votre Nom est admirable dans la terre entière. »

Nous sommes en plein XIIIe siècle, le siècle des grandes fondations religieuses. Sept Florentins, nobles et riches, émus de la perversion des mœurs et des hérésies qui menaçaient la foi, prennent la résolution de se séparer du monde et par leur pauvreté, leur vie pénitente, d’honorer tout spécialement les douleurs de la très Sainte Vierge. Ils pensaient très justement qu’en implorant la Mère douloureuse, en la faisant vénérer et supplier davantage, ils obtiendraient pour l’Église de nouvelles bénédictions. La Mère de Dieu accepta leur projet, leur montra l’habit couleur de deuil, qu’ils devaient porter et bientôt, à Florence, dans toute l’Italie, dans le monde chrétien et au-delà, l’Ordre des Servîtes de Marie, comme le peuple les appela, prêcha les douleurs de la Mère de Dieu.

Dans l’Introït, il est fait allusion au miracle qui ouvrit les lèvres d’un enfant de cinq mois, le futur saint Philippe Beniti. Un jour que les Fondateurs quêtaient dans les rues de Florence, Philippe s’agita dans les bras de sa mère et lui dit de leur faire l’aumône.

Saint Pierre martyr s’occupa activement de cette fondation et, sur l’ordre de la très Sainte Vierge, la protégea contre ses détracteurs. Les Servîtes de Marie sont donc liés étroitement à l’Ordre de saint Dominique.

On aura remarqué leur nombre, sept Fondateurs répondant aux sept Douleurs de Marie.

Oraison : « Seigneur Jésus-Christ, qui, pour rappeler la mémoire des douleurs de votre Mère, avez fécondé votre Église d’une nouvelle famille par les sept Bienheureux Pères, accordez-nous avec bonté de nous unir tellement à leurs larmes que nous participions un jour à leurs joies. »

On ne pleure pas pour pleurer. On pleure avec Marie au pied de la Croix, pour s’unir à la Passion du Sauveur. Se souvenir des douleurs de Marie, c’est se souvenir des douleurs de son Fils. Rien n’est plus salutaire, rien n’est plus profondément chrétien que ce besoin de s’incorporer à Jésus crucifié, comme sa Mère l’a fait. Cette prédication des Douleurs de Marie a un sens divin qui pénètre l’âme jusque dans son fond. Au pied de la Croix, avec Marie, on est dans la pleine vérité chrétienne.

Lecture du Livre de la Sagesse, Eccli., 44 : « Louons ces hommes glorieux, nos Pères. Le Seigneur, dès le commencement du monde, a manifesté en eux sa gloire. Ils furent des hommes puissants, de grande vertu, de grande prudence ; ils eurent par leurs prophéties la dignité des prophètes. Ils furent les chefs du peuple et par leur sagesse ils communiquèrent aux âmes la plus sage doctrine. Ils recherchèrent avec habileté l’art des accords de la musique et composèrent les cantiques des Écritures. Hommes riches de vertu, ils ont aimé avec passion la véritable beauté. Ils furent les pacificateurs de leurs maisons. Tous ont acquis, parmi leurs contemporains, une gloire qui ne passe pas et leur louange ne s’est pas éteinte. Ceux qui sont nés d’eux ont laissé un nom illustre qui perpétue les louanges de leurs Pères.
D’autres cependant n’ont pas laissé de souvenir. Ils ont péri comme s’ils n’étaient pas nés, et leurs enfants avec eux.
Mais les premiers furent des hommes de bonté, dont les œuvres de piété subsisteront toujours. Leurs bienfaits demeurent par leurs enfants ; leurs petits-enfants forment un peuple saint, leur race demeure fidèle à l’alliance de Dieu.
C’est en leur considération que leurs enfants continuent de vivre : leur race, avec leur gloire, ne finira point. Leurs corps ont été ensevelis dans la paix et leurs noms vivent de génération en génération. Les peuples racontent leur sagesse et l’Église célèbre leurs louanges. »

Graduel : « Mes Élus ne travaillent pas en vain. Ils ne germent pas dans la confusion. Leur race sera bénie de Dieu, leurs descendants auront la même bénédiction. — Leurs corps sont ensevelis dans la paix et leurs noms vivent de génération en génération. »

Alléluia, alléluia « les peuples redisent leur sagesse et l’Église proclame leurs louanges. »

Au Temps de la Septuagésime, Trait : « Ceux qui sèment en pleurant récoltent dans la joie. — Ils s’en allaient en pleurant et jetaient leur semence. — Ils reviendront dans la joie, portant les gerbes de la moisson. »

Évangile selon saint Matthieu, c. 19 : « En ce temps-là, Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout abandonné pour vous suivre, que recevrons- nous en retour ? Jésus lui répondit : En vérité, je vous le dis : Vous qui me suivez, quand le Fils de l’homme, au jour du renouveau éternel, siégera sur son trône dans sa majesté, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura abandonné sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou ses champs, à cause de mon Nom, recevra le centuple et possédera la vie éternelle. »

Jésus ne s’indigne pas contre la question très intéressée, très juive de saint Pierre. Il ne lui dit pas : ne te suffit-il pas de me suivre ? Non, il sait que le cœur humain, aussi passionné soit- il, a besoin de retour. Et Dieu lui-même se présente à nous comme notre récompense, non pas la récompense du mercenaire, mais le don réciproque de l’amour. Aimer, sans être aimé, tue. L’amour exige pour qu’il soit parfait la réciprocité, c’est pourquoi Jésus dit : Attendez ! A mon jour à moi, le grand jour de l’amour éternel, vous serez avec moi, comme moi, jouissant de ma joie, de ma puissance. Vous aurez le centuple de tout ce que votre cœur a sacrifié pour moi, en ce monde même, car je serai votre joie sur terre, la plus grande des joies, et je serai votre joie éternellement.

Offertoire : « Je les amènerai sur ma montagne sainte, je les réjouirai dans ma maison, celle où l’on me prie. Leurs holocaustes, leurs victimes me plairont sur mes autels. »

Secrète : « Seigneur, acceptez ces offrandes que nous vous présentons et faites que, par l’intercession de vos Saints, nous vous servions avec un cœur libre, et que nous soyons embrasés d’amour pour la Mère de votre Fils, la Vierge douloureuse. »

Pour aimer Dieu pleinement, il faut avoir son cœur libre, dégagé de toute affection purement humaine, celle qui préoccupe, qui absorbe, qui inquiète. Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doit aimer rien en dehors de Dieu, il faut aimer Dieu et tout en Dieu. Alors, le cœur est paisible, il aime à la manière de Dieu, sans limite et sans lien étroit.

Communion : « C’est moi qui vous ai choisis dans le monde, afin que vous alliez, que vous produisiez du fruit et que votre fruit demeure. »

On ne fait rien sans Dieu, on ne produit rien sans Dieu, auteur de tout ce qui est, de tout ce qui vit. Vouloir agir de soi-même sans Dieu, est inutile. Et chaque fois que nous nous servons nous-mêmes, par notre vanité, notre suffisance, nous ne faisons pas l’œuvre de Dieu. Notre semence germe un jour et s’étiole, faute de celui qui donne l’être.

Postcommunion : « Seigneur, nourris des célestes mystères, nous vous demandons d’imiter les exemples de ceux dont nous célébrons la fête. Faites que nous demeurions debout auprès de la croix de Jésus, fidèlement avec Marie, sa Mère, et que nous méritions de participer au fruit de sa Rédemption. »