Confesseur, Pontife, de l’Ordre dominicain
MESSE : Statuit
Oraison : « Seigneur, daignez exaucer les prières que nous vous présentons en cette solennité du bienheureux Albert, votre Confesseur et Pontife, afin que nous soyons absous de nos fautes par les mérites de celui qui vous a dignement servi ».
Albert est de Souabe. C’est un grand seigneur par ses origines, mais le surnom de grand lui vient de sa science merveilleuse. Il est le Philosophe. On l’appelait ainsi. Entré jeune dans l’Ordre, sous maître Jourdain de Saxe, Albert fit ses études à Cologne. Il y apprit aussi à vivre dans le parfait amour de Dieu, celui qui méprise les choses de la terre pour se donner de tout ce qu’il est à Celui qui est.
Devenu professeur, Albert étonna le monde par l’acuité de son génie. A Cologne, à Paris, il était le premier des maitres. Si bien que la salle du couvent de Saint-Jacques où il enseignait à Paris étant trop petite, il fut obligé pour satisfaire son immense auditoire, de faire ses leçons sur la place publique. Elle prit son nom, qu’elle porte encore aujourd’hui : la place Maubert ou de Maître Albert.
Le premier, Albert fit pénétrer dans l’enseignement universitaire la philosophie d’Aristote. Timidement d’abord, car Aristote était suspect à beaucoup et même retranché de l’enseignement par une sorte d’excommunication papale. Mais Albert avait formé à Cologne et amené avec lui à Paris un Frère étudiant qui allait briser toutes les barrières, baptiser Aristote et bâtir avec ses principes adaptés à la foi chrétienne le monument merveilleux qui s’appelle la Somme Théologique. Cet étudiant était Frère Thomas d’Aquin.
Albert eut l’intuition du génie de ce disciple dont la doctrine allait surpassé la sienne ; mais dans son âme de saint, il n’y eut que la joie toute pure de former pour l’Ordre et pour l’Église un pareil docteur.
Urbain IV enleva Albert à sa chaire de Maître pour l’élever à l’épiscopat. Il fut nommé évêque de Ratisbonne : mais cet honneur ne lui fut pas très agréable. Albert était avant tout un homme d’étude. Aussi donna-t-il sa démission et il revint à Cologne, au milieu des étudiants. A quatre-vingt-trois ans, il enseignait encore. Il mourut à quatre-vingt-sept ans, en 1280. Son disciple très aimé, Thomas d’Aquin, l’avait précédé dans la tombe. Albert était même venu à Paris, malgré son grand âge, pour y défendre sa doctrine.
Ces deux grandes âmes, riches de lumière, riches d’amour de Dieu, paraissent en ces premiers temps de !’Ordre des Prêcheurs, comme des soleils éclatants. Albert et Thomas incarnent le sens précis, authentique de la pensée dominicaine qui est de propager, d’éclairer et de défendre la foi. Saluons-les de loin avec la plus profonde, la plus affectueuse, la plus reconnaissante vénération. Ils sont nos Pères dans la foi, nos maîtres et notre plus grande gloire.