Fév 5

5 février – Sainte Agathe

Vierge et Martyre

MESSE

Introït : « Réjouissons-nous dans le Seigneur, en célébrant ce jour de fête en l’honneur de la bienheureuse Agathe, vierge et martyre. Les Anges se réjouissent de son martyre et en louent le Fils de Dieu. — Mon cœur a quelque chose de beau à dire, je révèle au roi toutes mes actions. »

Oraison : « Dieu, qui parmi les miracles de votre puissance, avez donné la victoire du martyre même au sexe le plus faible, accordez-nous avec bonté que, célébrant la naissance au ciel de la bienheureuse Agathe, vierge et martyre, nous arrivions à vous en suivant ses exemples. »

Épître de saint Paul aux Corinthiens, I, c. 1 : « Frères, voyez votre vocation. Les sages selon la chair ne sont pas nombreux parmi vous, ni les puissants, ni les nobles. Mais Dieu prend ce qu’il y a de fou dans le monde pour confondre les sages, et ce qu’il y a de faible pour confondre les forts. Dieu choisit les petites gens de ce monde, ceux que l’on méprise, ceux qui ne sont rien, pour détruire ce qui est quelque chose, afin que nulle créature ne puisse se glorifier devant lui. C’est à lui que vous devez d’appartenir au Christ Jésus qui est devenu, de par Dieu, notre sagesse, notre justice, notre sanctification, notre rédemption. Afin que, selon le mot de l’Écriture : celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. »

Manière toute-puissante de Dieu. Nous, pour faire une grande chose, nous prenons de grands moyens, et plus la chose est grande, plus les moyens sont grands. Aveu misérable de notre faiblesse. Dieu fait le contraire. Plus une chose est grande, plus le moyen qu’il prend pour la réaliser est petit. Et c’est là le signe de sa puissance. Pour transformer le monde, sauver les âmes, vaincre le démon et ouvrir le ciel, il se fait homme, le dernier des hommes, pauvre, ouvrier, sans richesse, sans prestige, comme un pauvre sans pain et il achève son œuvre de puissance infinie en mourant sur un gibet. Et les hommes viendront à ses pieds et l’adoreront sur ce gibet. Pour étendre son œuvre, il continue le même procédé. Pas de savants, pas de riches, pas de nobles, pas de puissants parmi ses premiers disciples. Rien d’humain ! L’œuvre divine se fera divinement à la manière de Jésus, par la pauvreté, la faiblesse, la souffrance et la mort. Et c’est de cette façon que sainte Agathe, humble vierge, faible femme fera l’œuvre de Dieu : elle mourra. Et c’est toujours de cette même façon que l’œuvre de Dieu, la vraie, se fera jusqu’à la fin des temps. On ne sauve les âmes qu’à la manière de Jésus. Les autres manières n’ont pas la même efficacité, souvent elles n’en ont même pas du tout. Elles font illusion, rien de plus. Et l’illusion passe avec l’œuvre accomplie.

Graduel : « Dieu l’a aidée de sa présence, il est resté en elle, il ne l’a pas quittée. — Un fleuve tranquille réjouit la cité de Dieu, le Très- Haut a sanctifié son tabernacle. »

Alléluia, alléluia : « La grâce est répandue sur tes lèvres, Dieu te bénit pour l’éternité. »

Au Temps de la Septuagésime, Trait : « Ceux qui sèment dans les larmes, récoltent dans la joie. Ils s’en allaient en pleurant et jetaient leur semence. — Ils reviendront avec joie, en portant leurs gerbes. »

Dieu n’abandonne pas ses martyrs, martyrs de sang ou martyrs de charité. II demeure avec eux, en eux. Sa présence leur donne la sérénité dans la souffrance, comme le cours paisible d’un fleuve qui porte la joie autour de ses bords. C’est que le Très-Haut, le Puissant, celui qui est le Maître du bonheur est lui-même dans les âmes qui combattent pour lui. Il répand la grâce, l’amabilité, la douceur sur leurs lèvres. Les Saints de Dieu sont bons, ils sont indulgents, ils sont généreux. Comme celui qu’ils aiment, ils donnent ce qu’ils ont et ce qu’ils sont. S’ils souffrent, s’ils pleurent, ils jettent quand même leur semence d’amour et de vérité. Leurs larmes, leur sang fécondent la semence, et la moisson se lève, riche d’espérance. Soit dans la joie, soit dans la souffrance, semons sans cesse la bonté de Dieu. Soyons comme Dieu d’éternels semeurs de bonté.

Évangile, selon saint Mathieu, c. 19 : « En ce temps-là, des Pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le tenter et lui dirent : Est-il permis de renvoyer sa femme pour n’importe quelle raison ? Il leur répondit : N’avez-vous pas lu que celui qui, au commencement a créé l’homme, a créé l’homme et la femme ? Et il a dit : Pour cette raison l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à son épouse, et ils seront deux dans une même chair. Ils ne sont donc plus deux mais une seule chair. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.
Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il permis que l’on donne à sa femme un billet de séparation ? Il répondit : Moïse vous a permis de renvoyer vos épouses, à cause de la dureté de votre cœur, mais au commencement il n’en était pas ainsi.
Je vous déclare donc ceci : Quiconque renvoie sa femme, sauf pour le cas d’adultère, et en épouse une autre, est adultère, et celui qui l’épouse est adultère. Ses disciples lui dirent alors : s’il en est ainsi entre l’homme et sa femme, il vaut mieux ne pas se marier. Il leur répondit : Tous ne comprennent pas ce langage, mais seulement ceux à qui il est donné de le comprendre, car il y a des eunuques qui naissent ainsi du sein de leur mère, et il y a des eunuques qui le deviennent par la main des hommes. Mais il y a aussi des eunuques qui le sont volontairement pour arriver au royaume des cieux. Que celui qui est capable de comprendre, comprenne. »

Jésus donne plus de lumière que les pharisiens en ont demandé.

Il pose, en le rappelant, le principe absolu de l’indissolubilité du mariage, telle que Dieu lui- même l’a établie en créant l’homme et la femme. Et si le Maître admet la dispense accordée par la loi de Moïse, il en donne la raison : la dureté du cœur humain. Mais il proteste que sauf le cas d’adultère, le mariage, même sous la loi de Moïse est indissoluble.

Cette rigueur choque ses disciples. Ils lui disent bonnement : alors il vaut mieux ne pas se marier. Et de cette parole naïve le Maître tire le grand enseignement, celui qui regarde la vierge Agathe.

Sans doute, dit-il, il vaut mieux ne pas se marier et en disant ces mots, Jésus voyait défiler devant lui ces phalanges de Vierges qui bientôt, pour l’aimer uniquement, pour s’attacher uniquement à lui, allaient joyeusement déposer à ses pieds leurs couronnes. Il les voyait et son cœur exultait, et son regard souriait. Oui, mais les cœurs chastes, les cœurs purs, les cœurs vierges que Jésus veut, sont ceux qui librement, sans contrainte, se donneront à lui, sacrifieront toutes les joies humaines pour lui, et lui diront : Jésus, vous seul !

Comprenne la joyeuse parole, la parole des Anges, qui peut la comprendre !

Offertoire : « Les filles des rois vous font honneur. La reine siège à votre droite, revêtue d’ornements précieux. »

Secrète : « Recevez, Seigneur, ces offrandes que nous vous présentons en cette solennité de la bienheureuse Agathe, votre vierge et martyre, dont nous espérons la protection pour nous délivrer du mal. »

Communion : « J’invoque le Dieu vivant qui a daigné guérir toutes mes blessures et rendu à ma poitrine mon sein que l’on avait arraché. »

Postcommunion : « Seigneur, que les sacrements auxquels nous avons participé, soient notre secours et que, à l’intercession de la bienheureuse Agathe, votre vierge et martyre, ils nous assurent votre protection. »

Tu n’as pas honte, disait la vierge Agathe à son juge, tu n’as pas honte de faire enlever à une femme ce sein dont toi-même as sucé le lait. Ce cri d’indignation rappelle la barbarie des bourreaux contre les chrétiens. Affreusement mutilée, mais guérie miraculeusement par l’apôtre saint Pierre, Agathe insulte son bourreau. Je porte en mon âme, lui dit-elle, un sein vierge, immaculé que tu ne peux atteindre.

On aime à entendre dans la bouche de ces pauvres femmes insultées et torturées, ces protestations humaines et divines. Elles devaient un jour porter leur fruit et assurer à la femme chrétienne le respect le plus chevaleresque. Gardons intacte la pureté de nos cœurs, chacun selon sa condition providentielle. Mais gardons-la fidèlement, j’allais dire fièrement. C’est le plus beau fleuron du diadème chrétien.