Oct 3

Huitième lettre circulaire des membres de la Société de Jésus couronné d’épines

Mesdames, mesdemoiselles,

Voici quelques nouvelles de la Société de Jésus couronné d’épines.

Réunion du 17 (et du 20) juin 2017.

C’était notre dernière réunion avant les vacances scolaires. Grâce au livre Le Problème moral et pédagogique de la mode, qui est un précieux recueil de citations de Pie XII, commentées par Élisabeth van HECKE, nous avons déjà appris, pendant les trois dernières réunions, sur quels fondements repose la mode (dignité du corps humain, morale chrétienne), nous connaissons aussi le pourquoi du vêtement, sa triple finalité (hygiène, pudeur, bonne présentation). Maintenant nous voyons, comment se pose le problème de la mode (en quatre chapitres).

Mais avant tout, qu’est-ce c’est exactement que la mode (chapitre I) ?

La mode est un langage, un moyen d’expression, fidèle interprète de sentiments et de coutumes ; notre vêtement, qu’il soit approprié ou non, parle déjà pour nous, avant nous, et donne une idée de ce que nous sommes intérieurement (comme on dit « le plumage fait l’oiseau »). Le vêtement peut exprimer le meilleur comme le pire de l’homme : suffisance, vanité, égoïsme, désir de dominer…, ou bien simplicité, humilité, délicatesse et discrétion.

Et le pape Pie XII, qu’est-ce que la mode serait pour lui ?

Rehausser la beauté physique, telle est la fonction expresse de la mode […] [La mode] n’est pas une bizarrerie de formes, mais un point de rencontre de différents facteurs psychologiques et moraux, tels que le goût du beau, la soif de nouveauté, l’affirmation de la personnalité, le rejet de la monotonie, non moins le luxe, l’ambition, la vanité. [1]

Retenons seulement que la mode est un grand moyen de rehausser la beauté physique, ce qui, en soi, est bon. Mais alors, où est le problème ? Peut-on parler du problème moral de la mode (chapitre II) ? Au pape, Pie XII, de nous répondre :

Nous ne voulons pas ici déplorer longuement l’insistance de nombreux contemporains dans leur effort pour soustraire au domaine moral les activités extérieurs de l’homme, comme si elles appartenaient à un autre univers, et comme si l’homme lui-même n’en était le sujet, le terme et, par conséquent, le responsable devant le Souverain Ordonnateur de toutes choses.

Il est bien vrai que la mode, tout comme l’art, la science, la politique et des activités semblables, dites profanes, ont leurs règles propres pour atteindre les finalités immédiates auxquelles elles sont destinées ; toutefois, leur sujet est invariablement l’homme, qui ne peut, lui, faire abstraction de son obligation de diriger ces activités vers sa fin dernière et suprême, à laquelle il est lui-même essentiellement et totalement ordonné. Il existe donc un problème moral de la mode, non seulement en tant qu’activité génériquement humaine, mais d’une manière plus particulière, en tant qu’elle se développe dans un domaine commun à d’évidentes valeurs morales ou au moins très proches d’elles, et, plus encore, en tant que les buts de la mode, honnêtes en soi, sont plus exposés à être confondus par les inclinations mauvaises de la nature humaine déchue par la faute originelle, et transformés en occasions de péché et de scandale. [2]

Très belle, mais très longue citation. Expliquons-la en quelques mots.

Il y a un problème moral de la mode, et ceci pour trois raisons :

1. La mode est une activité humaine. Toute activité humaine, a pour sujet l’homme, c’est-à-dire est accomplie par une personne responsable de ses actes devant Dieu (tel Monsieur Dupont, couturier ; telle Madame Dubois, modéliste). Mais aussi toute action a pour objet l’homme (tels les frères prêcheurs vêtus par leur frère couturier). Et il faut bien savoir qu’il n’y a pas d’acte insignifiant ; toujours Pie XII :

Il vous appartient de compléter […] l’œuvre du Créateur, en fournissant à vos semblables le vêtement dont ils ont besoin […]. Dans le plus humble de vos semblables resplendit l’image du Fils de Dieu. Comme les mains maternelles de la Vierge se sont employées à confectionner les habits du Christ, c’est Dieu que vous continuez à vêtir dans les hommes d’aujourd’hui […]. [3]

2. La mode engage les valeurs morales. La mode devrait être pour toute la population qu’elle atteint (à partir du créateur de mode jusqu’aux usagers) un moyen pratique et une occasion d’aimer et servir Dieu et le prochain, un moyen d’orienter la société toute entière vers des mœurs qui expriment le style de vie d’enfants de Dieu.

3. Les buts de la mode sont exposés aux tendances mauvaises qui résident dans l’homme. Le péché originel, même après le baptême, laisse dans notre âme le triple désir désordonné de dominer, de posséder et de jouir. Souvent, la mode en profite pour nous entraîner vers le mal ; raison pour laquelle l’Eglise la jugeait sévèrement, en ayant en vue le bien des âmes.

En quoi donc, exactement, consiste le problème de la mode, et comment le résoudre (chapitre III) ? Pie XII répond brièvement :

Concilier dans un harmonieux équilibre l’ornement extérieur avec « la parure incorruptible d’un esprit doux et paisible » (I Pierre, 3, 4), constitue le problème de la mode.[4]

Le problème de la mode est donc un problème d’expression au dehors, jusque dans l’ornement extérieur, de ce que le chrétien est dans son être profond ; toujours Pie XII :

La robe blanche d’une enfant au matin de sa première communion, celle de la jeune femme au jour de son mariage, ne symbolisent-elles pas l’éclat tout immatériel d’une âme qui offre le meilleur d’elle-même ? [5]

Belle citation. Mais comment maintenir cet harmonieux équilibre ?

Il suppose d’abord la liberté, mais pas n’importe quelle : la liberté des enfants de Dieu. Liberté qu’on n’obtient jamais sans lutte.  La lampe de la vigilance doit donc rester allumée. Car la mode ne peut jamais être une occasion de péché. Nous formons une société d’êtres raisonnables qui exercent les uns sur les autres une influence pour le bien … ou pour le mal. La modestie a un côté social. Tout péché contre la modestie est non seulement injure à la loi de Dieu, mais aussi au respect que nous devons nous témoigner mutuellement.

Et le dernier point traité à notre dernière réunion : quels sont les ennemis de la mode honnête (chapitre IV). Il y en a trois : le goût du gain, le désir de séduction et la soif du luxe.

Si vous voulez avoir l’intégralité de la dernière conférence, vous pouvez la télécharger à l’adresse suivante : http://www.dominicainsavrille.fr/conferences-de-la-societe-jesus-couronne-depines/

Pour la suite, c’est-à-dire Principes et directives pratiques, veuillez patienter jusqu’à la prochaine réunion :

  • Elle aura lieu le Mardi 19 septembre 2017 à 8 h 35.
  • La même conférence aura lieu, le samedi le 23 septembre 2017, après l’action de grâces qui suit la Messe de 10 heures (donc à 11 heures environ).
  • Toutes les deux à la salle Saint Gabriel.

 N’hésitez pas à y inviter vos connaissances qui seraient intéressées au sujet de la modestie (ou qui devraient l’être). Soyez bien fidèles à votre petit engagement quotidien : l’invocation Notre‑Dame de la Sainte Espérance convertissez-nous + Ave Maria + Notre‑Dame de la Sainte Espérance convertissez-nous. N’oubliez pas non plus de donner, partout et toujours, un bon exemple de la modestie chrétienne dans la tenue extérieure.

Au pied de l’autel et de l’Immaculée : Frère Hyacinthe-Marie OP

[1] Pie XII, Allocution aux membres du premier Congrès international de la Haute Couture, 8 novembre 1957.
[2] Pie XII, Allocution aux membres du premier Congrès international de la Haute Couture, 8 novembre 1957.
[3] Pie XII, Allocution au Congrès international des Maîtres Tailleurs, 10 septembre 1954.
[4] Pie XII, Allocution aux membres du premier Congrès international de la Haute Couture, 8 novembre 1957.
[5] Pie XII, Allocution aux membres du premier Congrès international de la Haute Couture, 8 novembre 1957.