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Le mécanisme de la suzeraineté occulte

leon-xiiiLe pape Léon XIII décrit la franc-maçonnerie

Léon XIII écrivait dans son encyclique du 19 mars 1902 (« Parvenu à la 25e année ») :

Une secte ténébreuse que la société porte depuis longtemps dans ses flancs comme un germe mortel, y contamine le bien-être, la fécondité et la vie. Personnification permanente de la révolution, elle constitue une sorte de société retournée, dont le but est d’exercer une suzeraineté occulte sur la société reconnue et dont la raison d’être consiste entièrement dans la guerre à faire à Dieu et à son Église.

Il n’est pas besoin de la nommer, car à ses traits tout le monde a reconnu la Franc-Maçonnerie, dont nous avons parlé de façon expresse dans notre encyclique Humanum genus du 20 avril 1884 en dénonçant ses tendances délétères, ses doctrines erronées et son œuvre néfaste.

Embrassant dans ses immenses filets la presque totalité des nations et se reliant à d’autres sectes qu’elle fait mouvoir par des fils cachés, attirant d’abord et retenant ensuite ses affiliés par l’appât des avantages qu’elle leur procure, pliant les gouvernants à ses desseins, tantôt par ses promesses et tantôt par ses menaces, cette secte est parvenue à s’infiltrer dans toutes les classes de la société.

Elle forme comme un État invisible et irresponsable dans l’État légitime.

Pleine de l’esprit de Satan qui, au rapport de l’Apôtre, sait au besoin se transformer en ange de lumière, elle met en avant un but humanitaire, mais elle sacrifie tout à ses projets sectaires ;

Elle proteste qu’elle n’a aucune visée politique, mais elle exerce en réalité l’action la plus profonde dans la vie législative et administrative des États et tandis qu’elle professe en paroles le respect de l’autorité et de la religion elle-même, son but suprême, comme ses propres statuts en font foi, est l’extermination de la souveraineté et du sacerdoce en qui elle voit l’ennemie de la liberté.

On ne saurait mieux décrire le mal dont souffre notre société française actuelle : cette suzeraineté occulte, cet État invisible et irresponsable dans l’État légitime qui exerce l’action la plus profonde dans la vie législative et administrative de la nation. […]

francs-macons-du-paraguayLe plan maçonnique : la république universelle

Le dernier Convent du Grand Orient de France de 1933, par l’organe du F∴  Antonelli, son grand orateur, nous donne le plan de ce travail. Il dit, en effet :

Comme au cours du XVIIIe siècle, la F∴ M∴ a préparé la civilisation de démocratie individualiste qui a fait le XIXe siècle, elle doit aujourd’hui, par ses travaux spéculatifs, par son action de vigilance, préparer la démocratie sociale et internationale de demain.

Dans cette grande bataille pour la défense des principes démocratiques et la reconstruction d’une nouvelle cité humaine, elle doit être l’animatrice. »

Suzeraineté occulte de la Franc-Maçonnerie dans le domaine politique par la démocratie individualiste au XIXe et XXe siècles, nous n’en voyons que trop les pernicieux résultats.

Suzeraineté occulte dans le domaine social et économique et bientôt sur l’humanité tout entière par l’établissement de la République universelle, telles seront les trois parties de cette enquête objective.

Franc-maçonnerie : force manipulatrice

Il est impossible pour la Franc-Maçonnerie de dominer directement. Les esprits droits se cabreraient, les consciences libres se révolteraient et une réprobation unanime démolirait le Temple. La subtilité et l’habile audace de la secte a toujours consisté à agir par personne interposée. Nous l’étudierons en détail par la suite quand nous démonterons cette machine. Pour le moment, arrachons le voile et découvrons la manœuvre.

L’institution à travers laquelle la Franc-Maçonnerie agit, a nom : système démocratique. Nous verrons les francs-maçons eux-mêmes déclarer que par la Démocratie ils exercent un pouvoir qui n’a pas été défini par Montesquieu et il faudra bien aboutir à discerner ce qui se cache pour eux sous le terme démocratie qu’ils arborent comme un drapeau.

Au sens strict du mot, la démocratie est un régime politique particulièrement ordonné à l’exercice des libertés, régime qui peut prendre de multiples formes et dont la Suisse et la Belgique nous donnent des exemples relativement stables.

La Franc-Maçonnerie a subvertí cette notion simple en y introduisant un complexe d’idées confuses ou hypertrophiées, d’erreurs graves : liberté au sens maçonnique, souveraineté du peuple, volonté générale, égalité, primat de l’individu, notion abstraite du citoyen, etc.

Tout est ainsi déformé et utilisé pour confondre ou superposer le peuple, la nation, l’État, le gouvernement, en telle manière que l’origine du pouvoir politique est à la fois partout et nulle part, et par conséquent celui-ci peut émaner d’une source occulte avec impunité.

Le système démocratique ainsi offre des facilités qui servent considérablement la Franc-Maçonnerie : l’anonymat, une représentation facile à obtenir, un élément sentimental pour le peuple qui peut s’imaginer régir lui-même l’État par le bulletin de vote une fois tous les quatre ans, une possibilité d’action dans les assemblées où tout le monde paraît libre, alors que ce sont les manœuvres des comités, secrets ou non, qui triomphent, etc.

Ces qualités servent admirablement la Franc-Maçonnerie car, par elles, elle peut agir anonymement, occultement, et se mentir à elle-même en déclarant qu’elle travaille pour le bien du peuple.

Le mot peuple dont se sert la Franc-Maçonnerie a été magistralement analysé par Augustin Cochin. Il a repris les récits officiels des historiens révolutionnaires et vigoureusement décomposé ces « on », ce « peuple », cette « volonté générale », cet anonyme qui n’est qu’un mythe, mais un mythe nécessaire pour faire aboutir la manœuvre. Il en est résulté que cette « Nation » n’est que la volonté d’une minorité résolue, d’un cercle intérieur de meneurs ; des « enthousiasmes populaires » n’éclataient pas quand le courrier qui devait apporter les circulaires d’agitation manquait…

maconnerieLes grosses ficelles de la Révolution française

Cochin alla plus loin ; il constata que, de 1769 à 1789, des centaines de petites sociétés se mirent à proliférer dans toutes les villes du Royaume Français, semblables aux Loges dans l’état actuel. Ces sociétés, affiliées toutes au Grand Orient, agirent de concert, élevèrent les mêmes plaintes en même temps, firent l’opinion en un mot. Quand s’ouvrirent les États Généraux, les « sociétés de pensée » eurent leur plan de travail tout prêt et purent poursuivre méthodiquement leur agitation.

  • Au milieu de juillet, au moment de la « grande peur», toute la France, paraît-il, se croit menacée par des brigands et prend les armes ; à la fin de juillet, toute la France se rassure, il n’y a plus de brigands…
  • En novembre 1788, toute la France demande le doublement du Tiers aux États ; et en janvier le vote par tête.

Unanimité touchante ! Elle a fait illusion aux générations qui suivirent et qui y virent un ensemble parfait dans la volonté populaire.

Les ficelles étant démontées, nous n’y apercevons que le jeu assez odieux du Grand Orient de France.

Le F∴ Gaston Martin dans son ouvrage sur la Franc-Maçonnerie française et la préparation de la Révolution, a écrit des pages extrêmement suggestives, qu’il faudrait pouvoir citer en entier, sur cette action profonde exercée par la Maçonnerie sur les masses. En voici un extrait :

Dans ces sociétés patriotiques, il est toujours possible de discerner un double public : les meneurs et la masse ; les agitateurs et les exécutants, les chefs et la troupe […]

A ces auditoires naïfs, prompts à l’enthousiasme et à la colère, il faut des orateurs incisifs et directs, bien plus que des penseurs profonds. C’est pour eux que se créent spontanément […] les formules concentrées dont la Révolution abusera. La devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité », qui est aussi la devise maçonnique, mais dont celle-ci n’avait pas jusqu’ici arrêté la ligne prophétique, est une création de cette nature-là […]

Quel bon public en effet que celui-là ! Tout neuf, ardent, prêt à donner avec ferveur son sang à la cause, il ne demande qu’à être guidé. Il subit au maximum les impressions fugitives du moment et de l’ambiance. Il est tout entier à qui sait le prendre par la magie colorée de son Verbe. Si les Loges demeurent le sanctuaire où s’élabore le dogme, la société populaire en est le complément nécessaire : le temple où la parole du maçon-prêtre se répand en ferments d’action sur la masse mystique des fidèles.

C’est par ce canal que la Maçonnerie atteignit le gros Tiers.

[Gaston Martin, La F∴ -M∴  française et la préparation de la Révolution, p. 140-142.]

[…] Cette « volonté générale » qui nous asservit depuis plus d’un siècle, en l’examinant de près qu’est-ce sinon la volonté de la dictature maçonnique anonyme et sournoise « la République à couvert » comme elle s’appelle elle-même ?

C’est la Franc-Maçonnerie elle-même qui va nous répondre.

Laissons-la parler.

G. Michel, introduction de l’ouvrage
La France sous l’étreinte maçonnique
édité par la Fédération Nationale Catholique
(du général de Castelneau)