16 mai

Petit florilège du père Calmel

Père Roger-Thomas CalmelTélécharger : Père Calmel – Petit florilège

sur quelques sujets brûlants… ou moins brûlants

Le père Roger-Thomas Calmel O.P. est décédé le 3 mai 1975 (premier samedi du mois de Marie). Pour le vingtième anniversaire de son rappel à Dieu, nous avions, il y a vingt ans, publié à sa mémoire un numéro spécial du Sel de la terre (le numéro 12 bis, dont il reste quelques exemplaires).

Pour ce quarantième anniversaire, voici juste un petit florilège.

16 mai

Sel de la terre ou sucre de la terre ?

Mgr de SégurNous vivons dans un temps où l’on n’assaisonne plus sa cuisine qu’au sucre ; il en résulte une fade piété de contrebande, qui n’est pas du tout selon le cœur de Jésus-Christ, ni selon l’esprit de l’Église.

On ne parle que d’amour sous couleur de christianisme et surtout de perfection ; la religion du Christ est toute d’amour. L’amour est sur les lèvres et dans les termes : il n’est ni au fond des cœurs ni au fond des choses.

Ou plutôt, cet amour auquel on donne une teinte de religion, est l’amour naturel, une sorte de mysticité naturelle, une enseigne ou un article d’exploitation. Et ces âmes qui ne chantent qu’amour pur, perfection éthérée vivent souvent dans l’affection au péché, ont horreur du moindre sacrifice, sont avides de toutes les satisfactions des sens et de tous les raffinements de la délicatesse.

C’est que l’amour chrétien, surnaturel, divin est le dernier épanouissement de la véritable crainte. Quand la racine manque, que peut être la fleur ?

Mgr Louis-Gaston de Ségur (1820-1881)

12 mai

Même les saints peuvent diverger

Saint Jean Chrysostome

Saint Épiphane (315-403) et saint Jean Chrysostome (347-407) agitaient un jour la question des Origénistes [1].

Le premier dit qu’il ne souffrira jamais les hérétiques.
Le second proteste qu’il ne confondra jamais l’innocent avec le coupable.

Je vois bien, reprit saint Épiphane, que vous penchez du côté d’Origène.
Et moi, répliqua saint Jean Chrysostome, je crains fort que vous ne soyez du côté des ennemis de la vérité.
Eh bien ! ajouta saint Épiphane, je m’en vais et je vous dis, de la part de Dieu, que vous ne mourrez pas à Constantinople, mais en exil.
Et moi, reprit saint Jean Chrysostome, je vous annonce que vous n’arriverez même pas chez vous, et qu’aussi bien que moi vous mourrez en route et sur mer.

D’après les Annales de Baronius

Saint ÉpiphaneTous deux étaient des saints, tous deux prophétisèrent, tous deux avaient raison, et tous deux semblaient avoir un peu tort.

Saint Épiphane est mort le 12 mai 403, en mer, avant de parvenir à sa ville épiscopale de Salamine. Il est fêté le 12 mai.
Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, fut exilé en 407 sur ordre impérial. Affaibli par la maladie, il meurt au cours du voyage près de Comana dans le Pont.

[1] — Certains disciples d’Origène (185-253), appelé Origénistes, enseignaient des erreurs graves, qu’ils attribuaient, à tort ou à raison, à Origène. Le débat ici ne porte pas sur une question de doctrine mais de personnes. On voit que ce genre de débat peut opposer même des saints.

11 mai

L’Eglise conciliaire existe-t-elle ?

EMgr Tissier de MalleraisXISTE-T-IL UNE ÉGLISE CONCILIAIRE, société constituée et distincte de l’Église catholique, différant d’elle sinon par ses membres du moins par ses buts ? Et si c’est le cas, quels sont ses rapports avec l’Église catholique ?

Pertinentes questions posées par Mgr Tissier de Mallerais, auxquelles il répond avec sa précision coutumière.
Ces réponses sont utiles à connaître à l’heure où, après quarante ans de tranquille unanimité parmi les représentants de la Tradition, s’est élevé subitement une nouvelle opinion qui devient de plus en plus obligatoire. Conférences, articles, sessions, se multiplient tandis que le Sel de la terre et la Lettre des dominicains d’Avrillé, fidèles à l’ancienne opinion, sont interdits de vente et de distribution.

Lisez donc l’article « interdit » de Mgr Tissier de MalleraisY a-t-il une Eglise conciliaire par Mgr Tissier

11 mai

Latin : l’aveu cynique de Jean Jaurès

Jean JaurèsEn 1896, une loi sur l’enseignement secondaire diminuait (déjà) la place du latin.

Le député socialiste Jean Jaurès, lui-même doté d’une solide culture classique (il avait même rédigé sa Thèse d’État en latin) expliqua avec cynisme pourquoi il votait cette loi :

« Je voterai pour l’enseignement moderne, parce que la suppression de la culture classique à laquelle, personnellement, je suis de tout mon cœur attaché, vous portera le coup le plus funeste. Lorsque, il y a cinquante ou soixante ans, sous Louis-Philippe, la bourgeoisie est arrivée au pouvoir, au gouvernement, aux affaires, elle avait compris alors que le prestige de la seule richesse ne lui suffisait pas, et elle essayait, en appelant à sa tête des hommes imprégnés de la culture antique, en la défendant partout, d’ajouter pour elle au prestige grossier de l’argent le prestige d’une noble culture. Vous faites de singuliers progrès dans la décadence, messieurs. Et vous paraissez croire aujourd’hui que, n’ayant plus que le prestige grossier de la richesse, vous pourrez vous défendre. Non, messieurs, vous vous désarmez, vous vous dépouillez, vous vous découronnez vous-mêmes, et voilà pourquoi nous votons avec vous. »

8 mai

Sur les révélations privées

Père Alexandre-Vincent Jandel

« Je vous vois, à regret, vous préoccuper toujours trop, des voies extraordinaires.

Ce n’est pas dans des imaginations de femmes que le Saint-Père met sa confiance ; faites de même. Ayez confiance en Dieu, et vivez de la foi, sans vous passionner pour des révélations. Ce qui vaut beaucoup mieux que toutes les prophéties, c’est la certitude que nous donne la foi, que nous sommes entre les mains de Dieu, et qu’il ne tombera pas un cheveu de notre tête sans sa permission. Avec cette pensée toujours présente, on repose en paix, au milieu de toutes les agitations des hommes.

Ne vous préoccupez pas tant de N… Cela vous entraîne à de l’exagération. Cette pauvre fille n’est ni une folle ni un monstre ; c’est une personne illusionnée, et il n’y a pas merveille. Je ne vois pas pourquoi il faudrait cesser toute relation avec elle, parce qu’on ne la croit pas une inspirée et une sainte à révélations ; elle n’est pour cela ni pestiférée ni excommuniée. Aussi, n’ai-je jamais songé à lui défendre de recevoir des visites ; ce serait une sévérité excessive. Je me suis borné à lui interdire de communiquer ses révélations à d’autre qu’à son confesseur. Tenez-vous en paix à son égard, et occupez-vous-en le moins possible.

2 mai

Note sur la signification exacte de la vertu de Charité

Louis Jugnet

Par Louis Jugnet

Télécharger : Note sur la Charité

La Charité est la plus grande des vertus. Dans la vie future, la foi et l’espérance cesseront, parce qu’on verra Dieu, qu’on l’aura atteint, mais la charité demeurera éternellement [1].

Mais, comme les métaux précieux, ou le diamant, elle prête aux contrefaçons et aux imitations : la principale d’entre elles est l’Humanitarisme, à la manière de Rousseau, de Michelet, de Victor Hugo, et des « Rouges chrétiens », qui vont de Lamennais aux « progressistes » de nos jours. Il s’agit d’une fermentation excessive de l’émotivité et du sentiment, qui va jusqu’à bannir toute correction du pécheur, tout emploi, même limité et modéré, de la force armée, etc. A propos de ces gens, saint Pie X parlait de l’« aveugle bonté de leur cœur ». Il leur reprochait de méconnaître que « le Christ a été aussi fort que doux… il a grondé, menacé, châtié » (« Lettre sur le Sillon », 1910) [2].

1 mai

Première lettre circulaire des membres de la Société de Jésus couronné d’épines

Notre-Seigneur crucifié (grossissement)Mesdames, mesdemoiselles,

Réunion du 11 avril

Nous voulons profiter de cette lettre pour vous tenir au courant de notre modeste travail pour promouvoir la modestie chrétienne autour de nous.

À la dernière réunion de la Société de Jésus couronné d’épines nous avons continué le résumé du livre de Dom Maréchaux La modestie chrétienne. Nous en sommes arrivés au chapitre VIII : La pensée de saint Thomas d’Aquin. Arrivé à ce point nous n’avons pas beaucoup avancé, car ce chapitre, ou plutôt son contenu, est d’une importance fondamentale.

Mais pourquoi saint Thomas ?

Pour repousser tout soupçon de partialité, laissons la parole au pape Léon XIII, instituant le Docteur Angélique Patron des Écoles Catholiques :

« Sa doctrine possède ce grand avantage que, munie de principes d’une grande largeur d’application, elle répond aux nécessités, non pas d’une époque, mais de tous les temps, et qu’elle est très propre à vaincre les erreurs sans cesse renaissantes. »

29 avril

Mgr Freppel : sur l’abandon des principes

Mgr Charles-Emile Freppel« Le plus grand des malheurs pour un siècle ou pour un pays, c’est l’abandon ou l’amoindrissement de la vérité. On peut se relever de tout le reste ; on ne se relève jamais du sacrifice des principes.

Les caractères peuvent fléchir à des moments donnés, et les mœurs publiques recevoir quelque atteinte du vice ou du mauvais exemple ; mais rien n’est perdu tant que les vraies doctrines restent debout dans leur intégrité. Avec elle tout se refait tôt ou tard, les hommes et les institutions, parce qu’on est toujours capable de revenir au bien lorsqu’on n’a pas quitté le vrai. Ce qui enlèverait jusqu’à l’espoir même du salut, ce serait la désertion des principes, en dehors desquels il ne se peut rien édifier de solide et de durable.

Aussi le plus grand service qu’un homme puisse rendre à ses semblables, aux époques de défaillances ou d’obscurcissement, c’est d’affirmer la vérité sans crainte, alors même qu’on ne l’écouterait pas ; car c’est un sillon de lumière qu’il ouvre à travers les intelligences ; et si sa voix ne parvient pas à dominer les bruits du moment, du moins sera-t-elle recueillie dans l’avenir comme la messagère du salut. »

Mgr Charles-Émile Freppel (1827-1891), Panégyrique de saint Hilaire (prononcé dans la cathédrale de Poitiers, le 19 janvier 1873).

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