Chargement Évènements

Assomption de la Sainte Vierge

Fêté le

15 août

Assomption de la Sainte Vierge 01

La Messe

Introït : « Réjouissons-nous dans le Seigneur, en célébrant ce jour de fête, à l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie, dont l’Assomption réjouit les Anges et leur fait louer tous ensemble le Fils de Dieu. — Mon cœur prononce une bonne parole : au roi je consacre toutes mes œuvres. »

Joie de la terre et joie du ciel, joie des hommes et joie des Anges, l’Assomption de la sainte Vierge, car tous, et les hommes et les Anges, l’ont pour souveraine. Elle est au-dessus de tous, et tous, dans le ciel, reçoivent d’elle plus de lumière, plus de joie, plus de béatitude. Marie est, par sa dignité de Mère de Dieu, supérieure à tous les Anges. Ce qui fait, devant Dieu, la réelle grandeur d’un être, ce n’est pas sa nature propre, mais bien la grâce de charité qui surélève cette nature. De soi, par nature, l’Ange, esprit dégagé de toute attache avec la matière, est au-dessus de l’homme dont l’âme est substantiellement unie à sa chair. Mais cette différence de nature s’efface devant la grâce qui surélève, selon la volonté de Dieu, ce qui est plus bas au-dessus de ce qui est plus haut. L’ordre de nature demeure, mais l’ordre de la charité — qui est l’ordre de la grâce — surpasse cet ordre de nature. Et c’est pourquoi, tout en demeurant fille d’Adam, fille de la race humaine, inférieure à la nature angélique, la Mère de Dieu monte au plus haut, par la grâce, au-dessus des Anges.

Oraison : « Seigneur, que la vénérable solennité de ce jour soit pour nous un secours salutaire. Car, en ce jour la sainte Mère de Dieu a subi la mort temporelle, mais elle n’a pu être liée par les chaînes de la mort celle qui a mis au monde votre Fils, Notre-Seigneur, incarné dans son sein ».

Cette oraison confirme la foi de l’Église en la résurrection de la sainte Vierge et en donne la raison essentielle qui est la dignité de Mère de Dieu. C’est une oraison dogmatique.

Épitre Livre de Judith 13, 22-25 ; 15, 10 : « Le Seigneur vous a bénie dans sa force, car par vous il a réduit à néant tous nos ennemis. Ma fille, vous êtes bénie par le Seigneur, le Dieu très haut, plus que toutes les femmes qui sont sur la terre. Béni soit le Seigneur, créateur du ciel et de la terre, qui a conduit votre main pour trancher la tête au plus grand de nos ennemis ; car il a rendu aujourd’hui votre nom si glorieux, que votre louange ne disparaîtra pas de la bouche des hommes, qui se souviendront éternellement de la puissance du Seigneur, car pour eux vous n’avez pas épargné votre vie, à cause des souffrances et de la détresse de votre race, mais vous nous avez sauvés de la ruine, en présence de notre Dieu. Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, l’honneur de notre peuple ».

Assomption de la Sainte Vierge 05

Graduel : « Régnez par la vérité, par la douceur et la justice, votre droite vous fera faire de merveilleux progrès. — Ma fille, écoute-moi, regarde, penche ton oreille : car le roi est épris de ta beauté ».

Alléluia, Alléluia : « Aujourd’hui la Vierge Marie monte au ciel, réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ pour l’éternité, Alléluia ».

Oui, réjouissons-nous du triomphe de la Vierge Marie. Car si elle règne dans le ciel, nous savons qu’elle y règne pour nous. Sa joie n’est pas égoïste. Souveraine du monde, Marie n’oublie pas qu’elle en est la mère. Et plus elle est élevée, plus elle est proche de Dieu, plus elle a de pouvoir, plus également elle est « notre bonne mère ». Nous pouvons du bas-fond de notre misère, élever nos regards vers cette mère et implorer son secours. Qui l’a invoquée sans être secouru ? Mère elle demeure dans sa gloire, et nous, ses petits enfants, nous pouvons nous blottir câlinement dans ses bras.

Évangile selon saint Luc, c. 10. : « En ce temps-là, Jésus entra dans un village et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Or elle avait une sœur, appelée Marie, qui, assise aux pieds de Jésus, l’écoutait parler. Marthe, elle, était distraite par les soins du service. Elle s’arrêta un instant et dit : Seigneur, vous n’êtes donc pas en peine que ma sœur me laisse seule m’occuper du service ? Dites-lui donc de m’aider. Et le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu te troubles pour beaucoup de choses, alors qu’il n’en faut qu’une seule. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point enlevée. »

Nous connaissons déjà ce gracieux épisode. Ici nous n’avons qu’à nous demander pourquoi cet évangile se lit le jour de l’Assomption. Évidemment ce n’est qu’une allusion très lointaine à la « bonne part » que Marie, non plus Marie, sœur de Marthe, a prise, mais bien Marie, mère de Jésus. C’est le sens accommodatif. « La bonne part » est à la Mère de Dieu, la meilleure de toutes les parts, et jamais cette part ne lui sera ôtée, car jamais elle ne cessera d’être la Mère de Dieu.

Offertoire : « Heureuse êtes-vous, sainte Vierge Marie, et très digne de toute louange, car de vous s’est levé le soleil de justice, le Christ notre Dieu ».

Assomption de la Sainte Vierge 02

Secrète : « Seigneur, que la prière de la Mère de Dieu vienne en aide à votre peuple. Quoique nous sachions que, soumise à la condition de la chair, elle nous a quittés, faites que nous sentions qu’elle intercède pour nous auprès de vous dans la gloire céleste ».

La mort ne brise pas les liens du cœur. Entre ceux qui partent les premiers et ceux qui demeurent sur la terre il y a, s’ils sont avec Dieu, des rapports certains, cette communion des saints, qui relie tous les amis de Dieu au ciel, au purgatoire, sur terre. Ceux qui nous ont aimés en ce monde, nous aiment plus encore au ciel, ils nous aiment mieux, avec plus de vérité et d’intensité, car eux ils savent ce que nous ne savons pas et leur prière monte incessante vers Dieu pour nous protéger et assurer notre salut. Toute notre vie d’âme, de cœur, passe et demeure au ciel pour l’éternité. Elle se perfectionne, elle se transforme, mais chacun, dans la béatitude divine, reste ce qu’il est personnellement. Il n’y a pas rupture entre le passé du temps et le présent éternel. Tout ce qui fut bon dans l’âme, demeure. Car chacun de nous est, pour l’éternité, une louange spéciale, individuelle, faite de toutes les grâces reçues sur terre, selon les décrets éternels de Dieu. Et c’est pourquoi dans le ciel, chacun garde sa personnalité bienheureuse et par conséquent garde les liens de cœur, purifiés, s’il en est besoin, qui, sur terre, firent une part de son bonheur.

S’il en est ainsi de tous les élus, à plus forte raison la Mère de Dieu a-t-elle, au ciel, ce souvenir de nos nécessités de chaque jour. Elle n’est pas une étrangère pour nous, elle demeure, à la lettre, notre mère.

Communion : « Heureux le sein de la Vierge Marie, qui a porté le Fils du Père éternel ».

Postcommunion : « Après avoir participé au banquet céleste, nous implorons votre clémence, Seigneur, notre Dieu, afin que, en célébrant l’Assomption de la Mère de Dieu, nous soyons délivrés par son intercession de tous les maux qui nous menacent ».

La procession

L’Antienne de Magnificat, aux premières Vêpres, annonce en ces termes magnifiques la grandeur et la joie de cette fête.

« Le Christ est monté au-dessus des cieux. Il a préparé à sa Mère très pure le lieu de son immortalité. Et aujourd’hui c’est la fête merveilleuse, la fête incomparable, au-dessus des fêtes de tous les saints, en laquelle, glorieuse, heureuse, sous les regards émerveillés de toutes les hiérarchies célestes, la Mère de Dieu monte à sa demeure éthérée où, toujours bonne, elle n’oubliera jamais ceux qui se souviendront d’elle ».

Fête des fêtes de la très sainte Vierge, sa glorieuse Assomption, car par elle, elle atteint le terme suprême de tout ce qu’elle est Son immaculée conception, sa maternité divine, sa douloureuse compassion au pied de la croix,

Assomption de la Sainte Vierge 04

toutes les grâces répandues en elle à profusion tendent à ce but final, éternel, immuable qui est sa gloire dans le ciel. C’est là sa place définitive, sa place prédestinée dans le plan de la Providence. Et quelle place ! Marie, l’humble vierge, prend la première au-dessous de l’Auguste Trinité. Entre elle et Dieu il n’y a pas d’intermédiaire. Créature, elle l’est, tout ce qu’elle a, elle l’a reçu de Dieu, mais personne n’a reçu ni ne recevra autant qu’elle. De sorte que l’Assomption de la sainte Vierge est la fête suprême de l’humanité, de la pure humanité. Il y a plus haut : Jésus. Mais Jésus est Dieu et homme. Marie est simplement créature et, à ce titre, en elle, l’humanité atteint sa suprême perfection et rend à Dieu, par elle, la suprême louange. Cette suprême perfection vient des mérites de Jésus crucifié et cette suprême louange passe par ses lèvres, mais il n’en est pas moins vrai, que Marie, simple créature, représente devant l’Auguste Trinité, toute créature et la représente dans la plénitude de perfection, de grâce, de beauté.

Au-dessous d’elle tous les Anges, au-dessous d’elle tous les élus, au-dessous d’elle tout ce qui est créé. Elle est la reine de la gloire, la reine de la joie, la reine de la béatitude. Et cette royauté souveraine, la Mère de Dieu la possède, dès ce jour de son Assomption en corps et en âme. Cela veut dire, que la Mère de Dieu est ressuscitée comme son Fils, non par sa propre puissance à elle, mais par la puissance de son Fils et que, ressuscitée, elle est montée triomphante dans le ciel.

L’ordre des Prêcheurs, l’ordre de Marie, solennise avec magnificence l’entrée triomphale de la Mère de Dieu dans la béatitude céleste. Il la suit, il l’escorte en cette procession, il l’entoure de ses hommages comme sa souveraine. Il n’oublie pas que, en ce jour de l’Assomption, 15 août 1217, dans la chapelle de Notre-Dame de Prouille, Dominique, son fondateur, approuvé par le Saint-Siège, réunit ses premiers compagnons, reçut leur profession et celle des religieuses puis les dispersa dans le monde pour y publier l’Ordre. Geste auguste du semeur qui ne craint point, malgré les timides observations de ses amis les plus dévoués, de répandre le grain, pour qu’il produise la moisson.

Cette fête de l’Assomption est donc à travers les âges, la fête familiale de l’ordre de Saint- Dominique, la fête de sa prise de possession du monde.

Les Prêcheurs, après sept siècles, se souviennent de la bénédiction maternelle qu’ils reçurent, en ce jour, de la Mère de Dieu et, voyant l’incomparable moisson de lumière, de sainteté qui fut le fruit de cette bénédiction, ils rendent à leur mère les hommages de leur amour filial et lui redisent leur tendre reconnaissance.

La procession joyeuse se déroule dans les cloîtres, selon le rite qui nous est connu.

On chante ce répons, en allant à la première station du cloître : « Heureuse êtes-vous, sainte Vierge Marie, et très digne de toute louange, car de vous s’est levé le soleil de justice, le Christ notre Dieu. — Priez pour le peuple, intercédez pour les clercs, suppliez pour le pieux sexe féminin. Que tous ceux qui célèbrent votre Assomption sentent l’aide de votre secours ».

La joie de l’humble Vierge Marie doit se répandre sur tous. Pas une souffrance, pas une indigence n’est oubliée. Elle est la mère universelle. A tous ses enfants, les plus malheureux surtout, elle montre sa bonté. Elle est, selon ce beau titre que je lus un jour en Avignon, à Notre-Dame des Doms, Notre-Dame de Tout- Pouvoir.

Et la procession se remet en marche en chantant ce deuxième répons :

« Je suis élevée comme le cèdre sur le Liban, comme le cyprès sur le Mont Sion. Je répands la suave odeur d’une myrrhe choisie. — Le parfum du Cinnamone et du baume ».

L’humble Vierge Marie sait ce qu’elle est, mais elle sait aussi que tout ce qu’elle est, elle l’est par la grâce de Dieu. Elle sait qu’elle a tout reçu et plus elle a conscience de sa grandeur, plus elle se fait petite devant la Majesté de Celui qui est. Et c’est pourquoi, élevée comme le cèdre du Liban, élevée comme le cyprès du Mont Sion, elle répand autour d’elle les parfums les plus exquis de son humilité. L’orgueil est fétide, car il est corruption ; l’humilité est suave, car elle est vérité.

Au troisième répons. C’est l’acclamation de l’humanité qui glorifie la Mère de Dieu : « Qui est donc celle qui monte comme le soleil, gracieuse comme Jérusalem ? Les filles de Sion la regardent et la proclament bienheureuse, les reines chantent ses louanges, — Comme aux jours du printemps les roses et les lis des vallées l’entourent de leurs fleurs ».

Assomption de la Sainte Vierge 03

Elle est si belle, l’humble Vierge Marie, si pure, si lumineuse que nous avons peine à reconnaître en cette radieuse beauté quelqu’un de notre race déchue. Quel contraste, grand Dieu ! Elle et nous, pauvres pécheurs. Les roses et les lis l’embaument de leurs parfums. Notre cœur, lui, est comme un vase brisé, dont toutes les fissures laissent passer les parfums du ciel. Il se vide et reste ouvert aux Odeurs mauvaises du péché. Si loin de vous, Reine du ciel, si bas dans les profondeurs du mal, souvenez-vous cependant que vous êtes notre mère, et que votre regard très pur, très doux s’abaisse jusqu’à notre misère.

A l’entrée de l’église, on chante ces choses délicieuses, que la Liturgie met sur les lèvres du Saint-Esprit : « Je vais pour moi à la montagne de la myrrhe, je vais aux collines du Liban et là je parlerai à mon Épouse, je lui dirai : Tu es toute belle, ma bien-aimée, aucune tâche n’est sur toi. Viens du Liban, mon épouse, viens du Liban. Tu viendras, tu passeras par le mont de Sanir et par l’Hermon ; par les repaires des lions et les monts où vivent les léopards. — Tes joues sont belles comme celles de la tourterelle, ton cou est beau, comme une parure de pierres précieuses ».

L’Esprit-Saint se mire dans la beauté de son épouse. Cette beauté vient de lui, il la regarde, il la contemple et sa joie est infinie d’avoir fait ce chef-d’œuvre de pureté. Il lui dit toute sa tendresse, tendresse divine dont nous pouvons à peine entendre la douceur. C’est que l’Esprit- Saint voit cette Épouse préférée, immaculée, sortir des monts, où habitent les lions et les léopards, sortir de cette race boueuse d’Adam et il la compare ! Viens vite, lui dit-il, viens du Liban, hâte-toi de traverser ces repaires mauvais, passe au milieu d’eux, aucune tâche ne te souillera, mais passe vite, viens dans la maison où tu seras souveraine de beauté, l’unique.

Et avec l’humble Vierge Marie, symbolisant cette entrée triomphale, la procession entre dans l’église, la maison de Dieu, sur terre.

Alors on chante, comme si on la voyait sur son trône : « Vous êtes élevée, sainte Mère de Dieu, au-dessus des chœurs des Anges, dans le royaume des cieux ».

Oraison : « Seigneur, que la vénérable solennité de ce jour soit pour nous un secours salutaire, car en ce jour la sainte Mère de Dieu a subi la mort temporelle, mais elle n’a pu être liée par les chaînes de la mort, celle qui a engendré votre Fils, Notre-Seigneur, incarné dans son sein ».