Vierge de l’Ordre dominicain
Messe : Gaudeamus
Oraison : « Seigneur, notre espérance, qui avez rempli de vous le cœur de la bienheureuse Catherine et qui l’avez orné de l’abondance des célestes dons, accordez-nous par l’intercession d’une si grande vierge, que soit fixé tout entier dans notre cœur, celui qui, pour nous, fut fixé tout entier sur la croix, notre Seigneur Jésus- Christ ».
Catherine de Mattei naquit à Racconigi, en Piémont. Elle était douée d’une âme grande, comme il convenait à sa naissance et à sa fortune. Elle n’avait que cinq ans lorsque le Saint-Esprit mit en son cœur un désir insatiable d’obtenir le salut des âmes et de souffrir pour le Christ. Son amour pour la pureté virginale la porta à se mettre sous la protection d’Étienne le premier martyr, à qui, elle le savait, les Apôtres avaient confié le soin de veiller sur les femmes.
Ayant contemplé l’image de saint Pierre Martyr, enflammée du désir du martyre, elle apprit, doublant les mérites de la chasteté, à faire de la tentation un gain, et à pratiquer sans cesse un martyre non sanglant par sa patience magnanime. Adonnée aux jeûnes et aux pénitences volontaires à un point étonnant, elle vivait dans la chair une vie non charnelle. Ayant reçu en partage les douleurs du Christ avec des épreuves de toutes sortes, elle demandait souvent que fût détourné sur elle le châtiment des
pécheurs ; et par le moyen de sa très ardente charité, de sa prière continuelle, de sa doctrine toute céleste, elle enfanta un grand nombre d’âmes au Christ.
Pieuse émule de son Père, l’apostolique Dominique, et disciple de la séraphique Catherine, elle reproduisit de façon si exacte les vertus de celle-ci, que certains ont pu écrire : la vierge de Racconigi ne diffère de la vierge de
Sienne que par la canonisation.
L’on rapporte qu’après avoir fait le vœu de virginité, elle reçut du Christ l’anneau des fiançailles, de précieux colliers, une robe, une croix, une couronne d’épines et enfin les sacrés stigmates. Son cœur fut alors purifié par
l’Époux, renouvelé, transpercé et orné de cette inscription rayonnante et dorée : Jésus mon espérance. La Mère de Dieu la persuada d’embrasser l’Ordre de la Pénitence de Saint-Dominique, et lui montra l’Enfant qui fait la joie du ciel. Fréquemment elle conversait avec les bienheureux, et les Anges la servaient.
D’après la tradition, elle fut revêtue par eux du cordon de la chasteté, elle prédit les événements à venir, et fut souvent transportée de façon miraculeuse de chez elle en des régions lointaines. Grâce à elle aussi, la lumière du jour se prolongea après le coucher du soleil, les démons furent chassés, le feu, la grêle et la peste éloignés. Elle se surpassa, en supportant sans trembler les colères furieuses des esprits mauvais et les calomnies des hommes ; de même, en demeurant toujours humble et égale à elle-même, bien qu’elle fût tenue par les princes en très grand honneur.
Enfin, voyant se raviver la guerre qui avait fait auparavant tant de victimes et de ruines, déplorant surtout la perte des âmes quand elle constatait la perversion des mœurs, elle s’offrit en victime expiatoire à la divinité offensée. Elle obtint de Dieu une trêve à ces maux, en la payant de sa propre vie.
Après une longue et cruelle maladie, elle s’endormit dans le Seigneur à Caramagno, le 4 septembre de l’an du Salut 1547 ; elle entrait dans sa soixante-deuxième année. Son corps, transféré cinq mois après à Garessio,
provoqua par de nombreux miracles la dévotion des fidèles. Dans la suite, le culte de cette vierge se répandit et grandit à tel point qu’enfin le Souverain Pontife Pie VII daigna permettre le 9 avril 1808 à l’Ordre des Frères Prêcheurs, ainsi qu’aux clergés de Turin, de Mondovi et de Saluces, de réciter l’office et de célébrer la messe en son honneur.
Comme cette grande âme avait bien compris l’esprit du Tiers-Ordre. Pour elle ce n’était point une confrérie pieuse à laquelle on s’agrège par dévotion. C’était et c’est toujours une milice de Jésus-Christ. Tous les membres, comme ceux du Grand Ordre, ont pour mission de ramener les âmes à la foi. Chacun a ses moyens, mais le but est le même.