Vierge de l’Ordre dominicain
Messe : Gaudeamus
Oraison : « Dieu, qui avez illuminé de clartés célestes la bienheureuse Colombe, votre vierge, toute blanche de pureté et d’innocence, accordez-nous par son intercession de vous servir sur la terre avec des cœurs purs et de mériter ainsi de jouir dans le ciel de la splendeur de votre gloire. »
Colombe naquit en Ombrie, à Rieti, de parents honorables. Son nom lui vint de ce que, lors de son baptême, une colombe apparut au-dessus de sa tête. C’était la figure douce et tendre de l’Esprit- Saint, qui prenait cette âme pour lui et en fermait la porte à l’ennemi. Dès le berceau elle fit heureusement présager ce que serait sa vie entière. Entre autres signes annonçant dès lors sa future sainteté, chaque vendredi, elle ne prenait qu’une seule fois le lait maternel.
Dans la suite, tandis qu’elle grandissait en âge, ses vertus et ses bonnes œuvres grandirent, elles aussi. Adonnée à la piété et à l’oraison, elle n’avait que dix ans lorsqu’elle consacra sa virginité à l’Époux des vierges. Elle refusa courageusement le mariage que lui offraient ses parents, et supporta patiemment leurs avanies. Sans trembler, elle mit aussi en déroute les démons qui s’efforçaient, en suscitant dans son esprit des images impures, de la détourner de sa résolution. Enfin, après être sortie victorieuse de ces multiples combats, elle reçut, transportée de joie, l’habit du Tiers-Ordre de St-Dominique, qu’elle avait longtemps désiré.
Revêtue des saintes livrées de l’Ordre, toute pénétrée de la rosée céleste, Colombe tendit de toutes ses forces à vivre pour le Christ, son unique amour. Fortifiée par le secours particulier de Notre-Dame de la Quercia qu’elle alla implorer, elle quitta sa patrie, vint à Pérouse et y fonda sous le vocable de Sainte-Catherine de Sienne un monastère destiné à l’éducation des jeunes filles nobles. Là, désireuse de s’unir plus étroitement à son Bien-aimé, elle s’imposa le port d’un rude cilice, de bracelets et de chaînes de fer. Elle ne prenait qu’un court sommeil, sur la terre nue ou sur des planches, parfois sur des branches épineuses ; même lorsqu’elle était malade, trois fois par nuit, elle mettait en sang son pauvre corps avec ·une discipline de fer. C’est les pieds nus, même en hiver, que fréquemment elle visitait les églises. Adonnée jour et nuit à la prière, elle méditait assidûment la Passion du Seigneur. Elle avait d’abord accoutumé de jeûner au pain et à l’eau ; puis, laissant là le pain, elle se nourrit seulement, et encore avec parcimonie, de fruits verts et de raisins acides.
Toute prise par la douceur de la contemplation divine, et très souvent ravie en extase, Colombe était fortifiée par des visions célestes. Elle eut un jour à se présenter devant le Pape Alexandre VI, qui n’était pas un modèle de vertu. Simple, comme toujours, Colombe se mit à genoux devant lui pour solliciter pour elle et ses filles la bénédiction. C’était le Pape. Mais à peine à ses pieds qu’elle prit dans ses mains, elle tomba en extase, et l’extase fut longue. Que vit-elle devant Alexandre ? Quelle prière sortit de son cœur pour lui et la Sainte Église ? Colombe ne l’a pas dit. Mais impatienté, Alexandre essayait en vain de délivrer ses pieds. Colombe partit enfin avec son secret.
Chaque jour elle nourrissait son âme par la sainte Communion ; elle était alors ou inondée de larmes de joie ou languissante, à cause de l’ardeur trop grande de son amour. Dieu lui-même voulut manifester aux yeux du monde la pureté de cette vierge ; il l’indiquait tantôt par des étoiles brillant d’en-haut, tantôt par des flammes et des rayons lumineux qui ornaient sa tête. Mue par l’esprit de prophétie, Colombe prédit beaucoup d’événements à venir et connut, par une révélation du Seigneur, quel serait le jour de sa mort.
Enfin, remplie de vertus et de mérites, le 20 mai 1501, à Pérouse, elle passa au Seigneur ; elle entrait dans sa trente-quatrième année. On rapporte que pendant sa vie et après sa mort, Colombe s’illustra par de nombreux miracles. Le Pape Urbain VIII approuva son culte, et Benoît XIII, de l’Ordre des Prêcheurs, accorda que l’office et la messe en l’honneur de la bienheureuse Colombe pussent être célébrés dans l’Ordre entier des Prêcheurs, ainsi que par tout le clergé des villes de Pérouse et de Rieti.
Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ! Jamais nous n’approfondirons trop cette béatitude. Si en ce monde, nous voulons « voir Dieu », c’est-à-dire pénétrer plus avant dans les mystères de notre Rédemption, comprendre avec plus de vérité Notre-Seigneur Jésus-Christ et estimer à leur juste valeur les choses de Dieu et celles de la terre, purifions notre cœur. Délivrons-le de toute convoitise malsaine, de toute attache humaine. Et plus notre cœur se clarifiera, plus nous aurons le sens de Dieu. La fumée terrestre obscurcit notre âme et nous empêche de voir le visage ami de Jésus. Faisons la pleine lumière en nous, et nous le verrons tel qu’il est.