Vierge de l’Ordre dominicain
Messe : Gaudeamus
Oraison : « Dieu, qui avez comblé des faveurs célestes la pureté admirable et l’ardente charité de la bienheureuse Jeanne, votre vierge, faites que nous soyons tellement désireux de posséder ses vertus, que nous vous plaisions toujours par la chasteté de la vie et la pureté de nos affections ».
Humble tertiaire, des temps primitifs de l’ordre, Jeanne se donna à Dieu de tout son cœur. Désireux de reproduire en son âme les traits de son bienheureux Père Dominique, elle fut comme lui pauvre des biens de la terre, austère dans ses pénitences, fervente dans sa prière. Comme la plupart des saintes de l’ordre, Jeanne célébra pendant toute sa vie la douloureuse Passion de Jésus. C’était sa dévotion intime. Et le Maître, qui aimait cette âme très pure, lui fit éprouver toutes les douleurs qu’il souffrit lui-même. De sorte que, dans la retraite où elle vivait, Jeanne, par ses souffrances et sa prière, contribua puissamment au salut des âmes.
Jeanne, originaire de Carnaiola, village du territoire d’Orvieto en Toscane, naquit dans une famille honorable. Privée de ses parents dès sa première enfance, elle avait l’habitude de montrer aux fillettes de son âge, dans les
peintures de l’église, l’Ange qu’elle s’était choisi comme protecteur pour les remplacer. Parvenue à l’adolescence, elle se montra insoucieuse, dédaigneuse même, de sa beauté qui était remarquable. Enflammée d’un ardent amour pour la virginité, elle prit la résolution de l’honorer et de la protéger toute sa vie. Avec le secours de Dieu, elle surmonta les pièges dangereux tendus à sa chasteté. Non seulement elle refusa les noces terrestres qui lui avaient été offertes et déjà se préparaient, mais encore elle s’enfuit de chez elle et courut se joindre aux vierges du Tiers-Ordre de Saint-Dominique. Reçue dans la fraternité d’Orvieto, elle commença à se signaler par ses dons éminents et ses vertus.
Elle se préparait à la contemplation des choses divines par les jeûnes, les veilles et d’autres afflictions corporelles. Assidue à l’oraison, elle conversait avec Dieu pendant plusieurs heures chaque jour, le corps immobile, presque toujours hors de ses sens. Elle brûlait du feu de l’amour divin à tel point que, tandis qu’elle priait, même pendant les rigueurs de l’hiver, son corps était tout ruisselant de sueur, et elle pouvait à peine supporter les plus légers vêtements. Quand, dans les entretiens ordinaires, il était question de l’amour du Christ ou de ses douleurs, elle fondait en larmes et était ravie hors d’elle-même. La pensée fixée sur la Passion du Christ, le corps configuré à sa croix, elle éprouvait parfois de longues extases dans une telle douleur, un tel brisement de ses os, que ses membres paraissaient se déchirer et se disjoindre. Par l’ardeur de son amour elle entraînait beaucoup d’âmes, parmi lesquelles plusieurs suivirent ses exhortations et son exemple, méprisaient les choses de la terre, et furent amenées à embrasser la vie religieuse.

Dans son amour pour l’humilité, elle s’efforçait de cacher soigneusement les dons que Dieu accumulait en elle. Comme elle se jugeait et se déclarait la plus criminelle de toutes les créatures, elle souhaitait aussi beaucoup que chacun la méprisât ; c’est pourquoi, harcelée d’injustices et de mépris, elle priait avec plus d’intensité pour ceux qui la faisaient le plus durement à souffrir. Elle supporta divers tourments et attaques du démon et de longues maladies, le visage toujours souriant, sans jamais laisser paraître la moindre manifestation de douleur.
Enfin, après avoir prédit la fin de sa vie, munie des sacrements de l’Église, elle passa à son Époux en l’an du salut 1306, à l’âge de quarante-deux ans. Le Pape Benoît XIV approuva officiellement son culte, et permit à tout l’Ordre des Frères Prêcheurs et au clergé d’Orvieto de célébrer l’office et la messe en son honneur.
Après sa mort, elle est enterrée dans l’église Saint Dominique d’Orvieto mais en 2000 on procède à la translation de ses reliques dans l’église des saints Sauveur et Sévère de son village natal, Carnailoa.
Notre grande force d’apostolat est plutôt dans nos souffrances que dans nos paroles. Et si chacun de nous utilisait cette force, la grâce de Dieu descendrait plus abondante sur les pauvres pécheurs. Mais pour comprendre ce principe et se l’assimiler, pour le faire produire, il faut d’abord comprendre ou essayer de comprendre la douloureuse Passion de Jésus. Elle est la lumière projetée par Dieu, sur toute souffrance humaine. Lumière bienfaisante pour la consolation de celui qui la reçoit, bienfaisante également pour les âmes dont le salut y est attaché.