Vierge Tertiaire de l’Ordre dominicain
Messe : Gaudeamus
Oraison : « Exaucez-nous, Dieu, notre Sauveur afin que, en nous réjouissant de la fête de la bienheureuse Osanna, votre vierge, nous progressions par la ferveur d’une douce dévotion ».
Tertiaire modèle entre toutes, cette bienheureuse Osanna, dont les exemples peuvent être suivis à tous les degrés de la société.
Née à Mantoue de parents nobles, Osanna, mue par une grâce au-dessus de son âge, s’éprit dès son enfance d’un tel amour des vertus célestes et des réalités divines qu’à peine âgée de sept ans elle voua à Dieu sa virginité; virginité qu’elle s’employa ensuite, tout le reste de sa vie, à garder immaculée au moyen des jeûnes, du cilice, des flagellations et autres mortifications corporelles.
A l’âge de quatorze ans elle s’inscrivit au TiersOrdre de la famille dominicaine, dit de la Pénitence ; toutefois, ne s’estimant jamais assez prête, elle ajourna jusqu’à ses dernières années la profession accoutumée, aspirant pendant tout ce temps à une sainteté toujours plus haute et plus parfaite.
Assidue à l’oraison, elle prit la coutume d’y consacrer souvent jusqu’à ses nuits. Attentive surtout à contempler les douleurs du Christ, elle en était si fortement impressionnée, qu’elle semblait parfois les éprouver elle-même ; de là s’ensuivait pour elle un tel envahissement d’une merveilleuse douceur que, dans l’angoisse de toutes ses épreuves, elle accourait au cœur sacré du Seigneur crucifié comme à une source intarissable de consolation.
Elle brillait d’un amour si ardent pour !’Époux divin, que souvent, après avoir reçu l’Eucharistie ou lorsqu’on faisait mention de sa Passion, elle était ravie en extase. Comprenant également le prochain dans sa brûlante charité, elle ne se contentait pas de réconforter les pauvres, de consoler les affligés, de visiter les malades ; mais, désireuse de transférer les maux d’autrui sur sa propre personne, elle implorait Dieu par des prières d’une telle instance qu’à plusieurs reprises elle vit combler son désir.
Après la mort de ses parents, comme elle avait pris en charge l’administration de sa maison, ses serviteurs et ses proches, devant qui elle faisait briller l’exemple de toutes les vertus et de son intimité avec le ciel, furent par elle tout imprégnés d’habitudes religieuses et, selon ses saints avertissements, instruits dans la crainte de Dieu. En outre, comme, par suite de toute l’expansion que prit la renommée de ses vertus, les étrangers aussi bien que ses concitoyens affluaient vers elle, par sa douceur, sa bienveillance, ses amicales conversations, elle les excitait tous à la vertu chrétienne et spécialement à l’espérance en Dieu ; ce qui ne l’empêchait pas d’avoir d’elle-même une opinion assez basse pour se juger la plus criminelle des créatures.

On a toujours pensé qu’elle avait reçu de Dieu le don de prophétie, et qu’en faveur d’Isabelle, princesse de Mantoue, elle obtint de Dieu par ses prières l’enfant mâle longtemps souhaité, ce qu’en outre elle lui annonça. Un jour qu’elle naviguait sur le Pô, elle fit naufrage : les autres passagers et elle-même, emportés par les flots, couraient à une mort certaine ; elle implore le secours divin, tient à la main le Crucifix, et, dit la tradition, sort de l’eau saine et sauve ainsi que ses compagnons.
Finalement, vaincue par une dernière maladie, entourée des princes de Mantoue en larmes, elle rendit son âme à Dieu le 18 juin 1505. Son corps, enseveli avec honneur dans l’église de Saint-Dominique, fut retrouvé intact trois ans après et placé dans un sépulcre plus grand et plus beau ; il devint illustre par la gloire de ses miracles. Frappé par ces faits, Léon V accorda à la cité et au diocèse de Mantoue de célébrer tous les ans, par l’office et la messe du Commun des vierges, la mémoire de la bienheureuse Osanna, privilège qu’Innocent XII étendit à !’Ordre tout entier des Frères Prêcheurs le 27 novembre 1694.