Vierges de l’Ordre dominicain
Messe : Gaudeamus
Oraison : « Dieu, qui avez illustré la bienheureuse Diane, votre Vierge, par une merveilleuse fermeté d’âme et qui lui avez donné pour compagnes dans la marche vers la perfection évangélique les bienheureuses Cécile et Aimée, accordez-nous avec bonté que, à leur exemple, nous soyons forts dans les choses difficiles et protégés par votre secours dans les adversités ».
Saluons avec une joie toute fraternelle les bienheureuses Sœurs Diane, Cécile et Aimée. Ce sont nos grandes Sœurs, les premières filles de Saint Dominique, sur lesquelles son regard paternel s’est reposé avec tendresse.
Diane, il la connut à Bologne, alors que le couvent de Saint-Nicolas se fondait. Elle était la fille très aimée d’un patricien de Bologne. Mais dès qu’elle eut compris l’idée de Saint Dominique, cette prédication universelle basée sur la pauvreté et la pénitence, elle voulut y coopérer de toute son âme, selon les vues du saint Patriarche, en établissant à Bologne même un monastère dont les Sœurs auraient pour but de prier pour le succès apostolique des Frères.
L’ordre est un. Les Frères et les Sœurs suivent la même règle, vivent du même esprit, participent aux mêmes grâces. Mais tandis que les Frères sont, par leur caractère sacerdotal, consacrés à l’apostolat par la parole, les Sœurs concourent à ce même apostolat par leur vie de prière, de pénitence, de pauvreté. Les deux forces se rencontrent auprès de Dieu pour obtenir le salut des âmes.
Aussi, Diane, émerveillée de cette idée, brisa toutes les résistances pour atteindre son but. Dominique, son Père bien aimé, la légua à Jourdain de Saxe qui eut pour elle tous les dévouements et lui témoigna jusqu’au dernier jour la plus sainte affection.
Pour l’instruire dans la règle dominicaine, Jourdain de Saxe demanda au Pape Honorius III de lui envoyer de Rome quelques religieuses, celles formées par Saint Dominique lui-même.
Quatre partirent, ayant à leur tête la fille aînée de Saint Dominique, celle qui, la première, reçut, de ses mains, à Saint-Sixte, l’habit de l’ordre, la bienheureuse Cécile. Chose providentielle qui réunissait sous le même toit, à Bologne Diane et Cécile, ces filles très chères de Dominique et de Jourdain.
Cécile avait vu plus longuement Saint Dominique. Elle avait entendu ses instructions, quand le bienheureux Père descendant de Sainte-Sabine, par le sentier qui dévale le long de l’Aventin, se rendait à Saint-Sixte, réunissait au chapitre les Frères et les Sœurs et leur expliquait ses grandes pensées sur l’apostolat universel. Cécile le regardait en l’écoutant et elle nous a laissé par écrit le plus beau et le plus authentique portrait de notre Père. Elle a entendu sa voix sonore, bien timbrée ; elle a remarqué que ce gentilhomme avait les mains fines, le teint coloré, les cheveux et la barbe tirant sur le roux. Mais surtout elle a admiré et goûté suavement sa bonté. Elle a compris la portée immense de la fondation de son ordre. Et c’est pourquoi, plus que toute autre, Cécile pouvait aller à Bologne pour donner à Diane ¿’Andalo l’explication la plus sûre de la règle de cet ordre. Elle y portait tout l’esprit et tout le cœur de son Père.
Avec elle partit une autre compagne, la bienheureuse Aimée. Nous ne savons d’elle que peu de chose, si ce n’est qu’elle fut au monastère de Sainte-Agnès de Bologne, une sainte religieuse, jugée digne d’être associée aux honneurs rendus par l’Église à Diane et à Cécile.
Le cœur se repose avec joie dans le souvenir de ces premières filles de Saint Dominique, celles qui l’ont vu et entendu, celles qui l’ont aimé et vénéré. Après sept siècles, elles ont encore cette fraîcheur des jours printaniers qui ravit l’âme et lui donne l’élan pour la vie à venir. On se sent meilleur, en pensant à elles ; on éprouve en soi-même le désir de participer plus à fond à l’idée de Dominique, idée ancienne, et idée toujours nouvelle, puisqu’aujourd’hui comme au XIIIe siècle, comme dans les siècles futurs, l’apostolat par la parole a toujours pour principes ceux que Dominique a posés : la pauvreté du désintéressement, la prière publique de la liturgie, l’austérité de la vie et la gravité de l’étude.