Confesseur, de l’Ordre dominicain
Messe : Os justi
Oraison : « Dieu qui avez donné au bienheureux Ceslas une virginale pureté de mœurs avec un zèle ardent pour le salut des âmes ; qui l’avez rendu admirable au milieu des peuples par la sainteté de ses œuvres et la prédication de la foi, faites, nous vous en prions que, par son intercession, nous soyons toujours fermes dans la foi et que nous puissions, par le don de votre miséricorde, arriver jusqu’à vous, qui seul pouvez opérer et procurer le salut éternel ».
Le bienheureux Ceslas, frère de saint Hyacinthe, naquit de la très noble famille des Odrowaz dans la province de Silésie au diocèse de Breslau. Il donna dès son plus jeune âge beaucoup de signes de la sainteté à laquelle il devait parvenir, ainsi que des exemples de vertus chrétiennes. Sa rare noblesse, l’extrême pureté de ses mœurs et sa piété le rendaient, aux yeux de tous, non moins aimable qu’admirable. Dès son enfance, on lui fit sérieusement cultiver les humanités ; parvenu à l’adolescence, il fut envoyé en Italie par son oncle Yves, évêque de Cracovie, afin d’étudier la théologie et la jurisprudence. Après avoir terminé le cycle de ses études en Italie, de retour à Cracovie il fut nommé, par Yves, chanoine et recteur de l’église de Sainte-Marie de Sandomir. Et il n’eut rien plus à cœur que de mener pour Dieu une vie exempte non seulement de fautes, mais encore de toute apparence de faute, sur tous les points pure et sans tache, afin de former les autres par son exemple et de pratiquer lui-même toutes les vertus chrétiennes, dont il désirait extrêmement inculquer l’amour au cœur de tous.
Mais, tandis qu’il s’exerçait à remplir avec une application continuelle tous les devoirs de sa charge de chanoine, il arriva que l’évêque Yves, sur le point de partir pour Rome, se l’attacha comme compagnon de voyage. Arrivé
à Rome, après avoir entendu parler de la sainteté et des miracles de l’homme de Dieu Dominique, fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs, sans aucune hésitation, poussé par le Saint-Esprit, il rompit avec le monde et reçut du saint Patriarche l’habit d’un Ordre où, comme en un champ fertile, les hommes remarquables par la profondeur de leur doctrine et la sainteté de leur vie n’ont cessé de se multiplier et de s’engendrer les uns les autres. Une fois admis dans l’Ordre des Prêcheurs, il fit de tels progrès à l’école de saint Dominique qu’il était pour tous comme un modèle de possession de soi, de frugalité et d’obéissance. Il pratiquait si assidûment les veilles, les jeûnes, les pénitences corporelles, la prière et les autres points d’observance des lois de son Ordre, qu’il apparaissait comme le fils véritable, d’une perfection achevée, du bienheureux Père Dominique.
Lorsqu’il eut achevé son noviciat, brûlant de zèle pour le salut des âmes, il demanda instamment au saint Patriarche de l’envoyer dans les pays du Nord, que l’ignorance et l’erreur païenne retenaient dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Son vœu fut exaucé et il s’en alla d’abord à Prague, capitale de la Bohême. Là, il annonça la parole de Dieu, gagnant les âmes en grand nombre et remplissant d’admiration toute la ville. Ensuite, il parcourut à pied toute la Silésie pour prêcher, et y laissa partout le parfum très suave de ses vertus, enseignant la vérité à ceux qui étaient dans l’erreur, refrénant les passions charnelles, persuadant aux pécheurs de faire pénitence, enflammant de l’amour divin les hommes au cœur froid, apportant une abondante moisson aux greniers du Seigneur, dont la gloire était son continuel et unique désir. Tandis que les Tartares dévastaient la Pologne et la Silésie par la guerre et l’incendie, Ceslas, d’après une pieuse tradition, s’était réfugié avec les fidèles du Christ, pendant que sévissait le fléau ennemi, dans le camp retranché de Breslau, et il défendit cette ville par sa prière et par les larmes qu’il répandit devant Dieu.
Enfin, rempli de mérites, il mourut à Breslau au couvent de son Ordre, en 1242. Le peuple vint en foule à son sépulcre pour le vénérer et commença à célébrer son culte, que le Pape Clément XI, après examen de la sacrée Congrégation des Rites, approuva, concédant à l’Ordre entier des Prêcheurs la faculté de célébrer l’office du bienheureux Ceslas.
Tous nous devons « publier l’ordre », c’est-à- dire que tous nous devons le faire connaître, le faire aimer par notre parole et par nos œuvres. Le monde a besoin toujours, comme au temps de Ceslas, de la vérité de la foi. Mais cette vérité de la foi nous ne la ferons pénétrer dans les âmes que par les moyens employés par Dominique et ses premiers fils : la pénitence, la prière, l’étude et le désintéressement des biens de la terre. L’ordre ne change pas. Son but est le même, ses moyens sont les mêmes. A nous de répandre la foi, en suivant la route tracée par nos Pères. Elle est pour nous la route unique et nous n’avons à décliner ni à droite, ni à gauche. La route est droite.