Confesseur de l’Ordre dominicain
Messe : Os justi
Oraison : « Dieu, qui avez orné de prodiges et de vertus votre humble serviteur Dalmace et qui l’avez merveilleusement embrasé de votre amour, en lui donnant le mépris de toutes les choses de la terre, faites que, dégagés par son intercession de toutes les attaches humaines, délivrés de toute adversité, nous désirions uniquement les choses du ciel ».
Damace Moner était espagnol. Il naquit en Catalogne à Ville de Sainte-Colombe de Farnèse, au diocèse de Girone, de parents honorables et pieux. Dès son premier âge, par la candeur et la pureté de sa vie, il donna des marques de ce que serait un jour sa sainteté. Dans sa jeunesse, après avoir été formé aux lettres, à Girone, comme il aspirait à de plus hautes victoires dans l’ordre du savoir et de la vertu, il se rendit à Montpellier, où il cultiva son âme avec soin dans les études et la pratique des bonnes mœurs ; fuyant soigneusement toutes les séductions du mal, il garda jalousement son corps et son âme à l’abri de toute souillure.
Après avoir fait de grands progrès dans la science et la vertu, il revint dans sa patrie. Puis, sur l’appel de Dieu, répudiant un monde auquel son cœur ne s’était jamais attaché, il reçut à Girone l’habit des Frères Prêcheurs. Dès le début de sa vie religieuse, il conforma très exactement sa conduite aux prescriptions de la Règle, et il observa avec persévérance jusqu’à la fin la règle de vie qu’il s’était fixée dès le début.
Méprisant toutes les choses de la terre et ne désirant que celles du ciel, afin de se donner plus librement au service de Dieu, il se démit humblement de l’enseignement qu’il avait très brillamment exercé pendant plusieurs
années. Il était d’une austérité rigoureuse et d’une étonnante sobriété : il se nourrissait le plus souvent de légumes à peine cuits ; il ne mangeait jamais de viande, hors le cas de maladie. Il ne prenait pas de vin, ou du moins très rarement ; très souvent même il s’abstint complètement de toute boisson durant vingt jours de suite, et cela pendant l’été. Assidu jour et nuit à la prière et à la méditation, épuisé par les veilles et les jeûnes, il ne prenait qu’un court repos à même la terre ; il mortifiait encore son corps virginal par un rude cilice et le flagellait fréquemment jusqu’au sang.
Doué de l’esprit prophétique, il a maintes fois prédit l’avenir. Il pénétra plusieurs fois les secrets des cœurs, et on le vit assez souvent élevé de terre pendant son oraison. En raison des rapports familiers qu’il entretenait avec son Ange gardien, on l’appelait le Frère qui converse avec son Ange. Ceux qui étaient accablés par quelque adversité accouraient vers lui, parfois sur un avertissement céleste, comme à l’universel consolateur.
Au cours de ses voyages, il n’emportait aucune provision pour sa subsistance ; il refusait même modestement ce qu’on lui offrait, plaçant toute son espérance en Dieu seul qui lui envoya plusieurs fois, par le ministère des Anges, ce que réclamait son indigence. Voulant imiter dans une certaine mesure la pénitence de sainte Marie-Madeleine qu’il vénérait particulièrement, il se tailla à même le roc, dans l’enclos du monastère, une demeure retirée et austère, où il vécut caché pendant les quatre ans qui précédèrent sa mort. Dans ce cachot, réduisant son corps en servitude par les œuvres d’une pénitence très rigoureuse, il garda une telle pureté qu’il n’éprouva jamais aucune souillure ni de la chair ni de l’âme.
Enfin, plein de vertus et de mérites, le 24 septembre de l’an de grâce 1341, dans la cinquantième année de son âge, il s’endormit dans le Seigneur, à Girone. La tradition rapporte que, de son vivant et après sa mort, il fut glorifié par de nombreux miracles. Plus tard son culte fut approuvé par le Pape Innocent XIII le 13 août 1721 et Benoît XIII accorda, tant à l’Ordre entier des Prêcheurs qu’au clergé du diocèse et de la ville de Girone (laquelle jouit de sa spéciale protection et voit de jour en jour s’accumuler les bienfaits obtenus de Dieu par son patronage), la faculté de célébrer sa fête par l’office et la messe.
De ce saint religieux émane un parfum d’humilité profonde. Il avait compris le néant des vanités humaines et devant ce néant son âme se reporta vers Dieu, Celui qui est et ne passe pas. L’étudiant de Montpellier, le professeur de Gérona, cette ardeur juvénile à l’étude et ces belles envolées du docteur, tout s’évanouit à ses yeux, Quand il voit ce qu’est Dieu et ce qu’il est. Dalmace n’a plus qu’un désir : disparaître, s’anéantir devant la majesté de Dieu. Leçon fortifiante, parce qu’elle est vraie. Dalmace nous montre la route royale qui mène à Dieu. Tâchons de la suivre nous-mêmes. Chose très difficile, quoiqu’elle paraisse très simple, parce que nous avons peine à nous convaincre que nous ne sommes rien.