Confesseur de l’Ordre dominicain
La Messe
François de Possadas naquit à Cordoue, dans le royaume d’Andalousie, de parents honorables et pieux, et, prévenu de douces bénédictions, parut donner dès sa première enfance des signes de sainteté. A certains jours, en effet, comme un second Nicolas de Myre, il s’abstenait de prendre le lait maternel et, dès ses premiers balbutiements, il s’habitua à prononcer le très doux nom de Marie qu’il semblait porter gravé dans son cœur. Enfant, il dédaigna toujours le jeu, et il brilla de toutes les vertus qui font la parure de cet âge. Et dès ce moment il montra un si grand amour pour les pauvres du Christ qu’il leur distribuait spontanément jusqu’au pain nécessaire à sa nourriture. Plus tard, il engageait ses compagnons, par des raisonnements d’une portée au-dessus de son âge, à pratiquer la piété envers Dieu et le respect envers leurs parents.
Devenu un jeune homme, préparant son cœur aux saintes ascensions, après diverses contradictions dont il triompha heureusement, il entra dans l’Ordre des Frères Prêcheurs au couvent de Scala-Coeli. Là il réduisit son corps en servitude par ses jeûnes, ses flagellations et l’usage d’un dur cilice, et il s’appliqua généreusement à cultiver toutes les vertus intérieures. Après avoir parcouru le cycle des études et avoir été élevé au sacerdoce, il se montra infatigable à prêcher la parole de Dieu et à entendre les confessions, si bien qu’il éteignit le feu de haines sanglantes, ramena les âmes égarées à la pénitence et conduisit les âmes repentantes à la perfection chrétienne.
Introït : « La charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par son Esprit qui habite en nous. — Mon âme, bénis le Seigneur, que tout mon être bénisse son saint Nom ».
Oraison : c Dieu, qui avez imprégné le bienheureux François, votre Confesseur, de la douceur de la céleste charité et qui en avez fait un prédicateur magnifique de votre parole, accordez-nous, par son intercession, d’être
embrasés du feu de votre amour et de vivre continuellement dans cet amour ».
Ainsi, devenu le bon soldat du Christ, il s’enflamma d’un amour si brûlant pour Dieu et d’un si grand zèle pour les âmes que saint Vincent Ferrier, qu’il s’était proposé comme modèle sur ce point, semblait revivre en lui. Tandis qu’il accomplissait ses missions apostoliques, il brilla par des dons divins qui attiraient l’admiration des auditeurs et remplissaient les cœurs de componction. Il enseignait aux ignorants et aux simples, souvent du matin jusqu’au soir, les mystères de la foi catholique. Il était souverainement compatissant aux pauvres, aux malades et aux prisonniers, si bien qu’il avait coutume de leur donner de grand cœur ses vêtements, ses chaussures, ses remèdes, et tout ce qui était destiné à son usage personnel. Par la force de son éloquence et la vertu d’un enseignement céleste, il obtint de ses concitoyens la suppression définitive des représentations théâtrales qui se donnaient à Cordoue au grand détriment des âmes, ce que les chefs de la cité acceptèrent de bonne grâce.
Lecture du Livre de la Sagesse, c. 7. : « J’ai désiré l’intelligence et elle me fut donnée. J’ai invoqué le Seigneur et l’Esprit de sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux royaumes et aux trônes ; j’ai jugé que la richesse n’était rien auprès d’elle Je ne l’ai pas comparée aux pierres précieuses parce que tout l’or, au prix d’elle, n’est qu’un peu de sable et que, en sa présence, l’argent est regardé comme de la boue. Je l’ai aimée plus que la santé, plus que la beauté ; j’ai résolu de la prendre pour lumière, parce que sa clarté ne peut s’éteindre. Tous les biens me sont venus avec elle et j’ai reçu de ses mains des richesses innombrables. Je me suis réjoui en tout, parce que cette sagesse marchait devant moi et j’ignorais qu’elle est la mère de tous les biens. Je l’ai étudiée sans déguisement ; je la communique sans envie et je ne cache point ses avantages. Elle est un trésor infini pour les hommes, et ceux qui en font usage deviennent les amis de Dieu. »
Il s’illustra tellement par son amour de l’oraison, sa mansuétude, son amour envers Dieu et envers le prochain, et par son humilité, que non seulement il était prêt à s’acquitter des tâches les plus humbles, mais que, ayant horreur des louanges humaines, il trouvait sa seule joie dans les opprobres, les moqueries et les calomnies dont il était l’objet. Harcelé par des attaques extraordinaires de la part du démon, il en sortit toujours triomphant, surtout quand il s’agissait des embûches dressées à sa chasteté. Il fut enrichi du don de prophétie, de celui du discernement des esprits et d’autres privilèges divins. Il rejeta humblement et de toutes ses forces les dignités de l’Ordre, et refusa les Évêchés d’Alghero et de Cadix qui lui furent offerts.
Graduel : « Enfants, venez, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. — Venez à moi, et vous serez éclairés, jamais la confusion ne fera rougir votre visage. »
Alléluia, Alléluia. : « Il a envoyé d’en haut un feu dans mes os, et il m’a instruit. »
C’est le feu de l’Esprit-Saint, le Docteur intérieur, celui qui donne la vraie lumière, et pousse en avant la volonté. Celui qui reçoit ce feu marche sous la divine motion sans arrêt, jusqu’au bout, coûte que coûte. Il ne s’appartient plus, il est l’instrument de l’Esprit qui, par lui, fait son œuvre.
Évangile : Sint lumbi
Offertoire : « J’ai couru dans la voie de vos commandements, quand vous eûtes dilaté mon cœur ».
Secrète : « Accordez-nous, Seigneur, que le bienheureux François qui en s’offrant à vous en sacrifice perpétuel, s’est nourri pour l’éternité, nous obtienne l’abondance de vos grâces ».
Communion : « Mon cœur et ma chair tressaillent pour le Dieu vivant ».
Postcommunion : « Restaurés par ces aliments sacrés, nous vous demandons. Dieu tout-puissant, par l’intercession du bienheureux François que, après l’oblation du sacrifice, vous avez fait passer, par une mort précieuse au port du salut, de nous fortifier au sortir de la vie par cette céleste nourriture et de nous faire participer à sa gloire ».
Enfin, après s’être fait tout à tous et avoir accompli pendant près de quarante ans les fonctions de confesseur et de prédicateur, il fut atteint d’une maladie grave à l’âge de soixante-dix ans. François mourut en effet subitement après avoir terminé la messe le 20 septembre 1713. C’est pourquoi on dit l’évangile qui rappelle que le Seigneur viendra comme un voleur, au moment où nous y penserons le moins. Mais François était prêt. La visite du Maître, subite et non imprévue, fut pour lui la visite d’un ami. Dieu veuille qu’il en soit ainsi pour nous !
Après que la droite du Très-Haut eut confirmé par le témoignage des miracles l’héroïcité de toutes les vertus de François, le Souverain Pontife Pie VII, ayant achevé l’examen régulier de ses miracles, inscrivit le vénérable François au catalogue des Bienheureux.