Confesseur de l’Ordre dominicain
Messe : Os justi
Oraison : « Dieu, nous implorons en suppliant, votre miséricorde, afin que, de même que par sa prévenance, vous avez fait rentrer le bienheureux Gilles dans la voie de la justice et de la sainteté, ainsi vous nous fassiez passer de la servitude et de la mort du péché à la liberté parfaite et à la vie. »
Gilles naquit d’une famille illustre à Vaozela, petite ville du diocèse de Viseu en Portugal. Après avoir reçu dès son enfance une instruction élémentaire, il se donna tout entier à l’étude de la philosophie et de la médecine, et il s’acquit dans ces sciences une grande réputation.
Désireux d’approfondir encore ses connaissances, il partit pour l’Université de Paris ; mais là, entraîné par une licence effrénée, il se laissa aller à tous les vices, à toutes les voluptés. Or, tandis qu’oublieux de son salut, il se précipitait aveuglément dans la damnation éternelle, il fut soudain éclairé par une telle lumière de la grâce divine qu’il en fut comme transformé en un autre homme.
Il dépouilla aussitôt le vieil homme dans sa conduite, distribua ses biens à ses amis et aux pauvres, puis entra dans l’Ordre des Prêcheurs. Il était tellement pris par le goût de la contemplation et le désir des biens éternels qu’il ne désirait rien avec plus d’ardeur que de s’anéantir et d’être avec le Christ. Il lui arrivait dans l’oraison de merveilleuses et longues extases, au cours desquelles parfois il s’élevait au-dessus de terre ; ou bien, au seul nom de Jésus, il défaillait, rempli d’une ineffable suavité.
Ses visions, ses prophéties, ses nombreux miracles répandirent au loin sa renommée, et, de son vivant, il jouit d’une réputation de grande sainteté. Le jour de sa mort lui ayant été révélé, il l’attendit avec allégresse ; atteint d’une légère maladie, il reçut avec une extrême dévotion les sacrements de l’Église et voulut être étendu sur un cilice. Voyant ses frères attristés, il les consola par de douces paroles et mourut paisiblement, plus qu’octogénaire, l’an du salut 1265.
Son corps, qui dégageait un parfum exquis, produisit aussitôt de nombreux miracles, et fut en Portugal l’objet d’un culte ininterrompu. Benoît XIV approuva ce culte le 9 mai 1748 et autorisa les diocèses de Lisbonne et de Viseu, ainsi que !’Ordre des Prêcheurs, à célébrer l’office et la messe du bienheureux Gilles.
Livrons-nous sans réserve à l’action de Dieu. Ce qui retarde notre marche vers lui, c’est notre hésitation pratique à lui abandonner tout nous- mêmes. Nous lui donnons une part de nous- mêmes ; c’est tout qu’il veut, c’est l’abandon total. Qui se donne ainsi court dans la voie de la perfection ; qui fait des réserves se traîne et n’arrive que péniblement. Dieu nous porte heureusement, mais la charge lui pèse. Aux cœurs vaillants sacrifiés, la joie de Dieu. Eût-on offensé longtemps, gravement sa bonté, que l’on se donne et tout est oublié. Ce n’est plus l’ascension de la montagne de Dieu, c’est le vol de l’aigle qui d’un coup d’aile arrive au sommet. Mais où sont les aigles ?