Martyrs
Messe : Sancti tui
Oraison : « Dieu, pour l’amour duquel et pour le zèle à défendre la foi le bienheureux Guillaume et ses compagnons sont tombés sous le glaive des impies, accordez-nous par leurs suffrages de demeurer fermes dans la foi et de vous aimer de tout notre cœur. »
Au temps où le diocèse de Toulouse était infesté par l’hérésie des Albigeois, le Pape Grégoire IX, d’immortelle mémoire, pourvut au salut des fidèles en y envoyant comme inquisiteurs des hommes de choix, tant de l’Ordre des Prêcheurs que de l’Ordre des Mineurs. Parmi les premiers étaient Guillaume Arnauld et ses compagnons Bernard de Rochefort et Garcias d’Aux ; parmi les seconds, Étienne de Narbonne et Raymond de Carboneris. On leur adjoignit, pour le même office de charité, six autres inquisiteurs, à savoir : le prieur du monastère bénédictin du bourg d’Avignonet, désigné comme un moine de Cluny, Raymond archidiacre de Toulouse, Bernard clerc du même diocèse, Fortunat et Adhémar clercs également, qui remplissaient les fonctions de courriers, et enfin un laïc, un notaire appelé Pierre. A ces onze, unis par la même foi et le même office, Dieu réservait une gloire égale et un égal triomphe dans l’éternité.
En effet, comme les inquisiteurs envoyés par le Pontife s’acquittaient de leur tâche avec le zèle et l’habileté qu’elle requérait, la rage et la jalousie des Albigeois éclatèrent avec d’autant plus d’âpreté. Raymond d’Alfaro, homme chargé de crimes et imbu de la doctrine hérétique qui, au nom du comte de Toulouse, commandait la place d’Avignonet (qui, de fait, n’est pas très éloignée de Toulouse), convoqua les inquisiteurs et leurs compagnons dans la maison seigneuriale. Là s’ouvrait une grande salle préparée pour rendre la justice. Quand les inquisiteurs et leurs compagnons y furent entrés, des soldats armés, qu’on avait cachés, sortent brusquement et attaquent ces hommes, non seulement désarmés mais encore prêts à mourir sans résister et même avec joie. En effet, aucun gémissement, aucun cri ne fut entendu de la part des mourants, mais des cantiques joyeux s’échappaient de leurs lèvres ; ayant entonné le Te Deum, ils rendirent grâces tous ensemble au Dieu éternel.
Leur mort bienheureuse eut lieu en l’an du Seigneur 1 242, le 29 mai, dans la nuit de l’Ascension de notre Seigneur Jésus Christ. Ce crime abominable et la mort glorieuse des serviteurs de Dieu ne pouvaient rester longtemps inconnus. Malgré le silence des hommes, l’événement fut annoncé par des signes et des faits extraordinaires, dont un grand nombre sont rapportés par les historiens tant contemporains que postérieurs. Guillaume et ses compagnons furent considérés par tous comme de véritables martyrs du Christ, et un culte leur fut aussitôt rendu, tant dans la ville de Toulouse que dans le bourg d’Avignonet, où leur fête fut célébrée chaque année, depuis lors jusqu’à nos jours. Aussi le Souverain Pontife Pie IX, après avoir entendu la Sacrée Congrégation des Rites, approuva-t-il ce culte immémorial le 6 septembre 1866.
C’est un témoignage séculaire à la sainteté des bienheureux martyrs. Ceux-ci ont défendu la foi, notre foi, celle dont nous vivons, au prix de leur sang. A nous de l’estimer comme eux au-dessus de tous les biens de ce monde, au-dessus même de notre vie, car c’est le premier des biens. Qui possède tous les biens, sans la foi, ne possède que du vent ; qui possède la foi, sans autre bien, possède Dieu pour l’éternité.