Confesseur de l’Ordre dominicain
Messe : Os justi
Oraison : « Dieu qui avez rendu illustre le bienheureux Laurent, votre Confesseur, par son zèle de la discipline régulière et l’ardeur de la charité, accordez-nous, par son intercession, de rechercher toujours ce qui est plus parfait et d’arriver ainsi aux joies éternelles ».
Toujours les « joies éternelles ». C’est le refrain de la sainte Église. Au-delà de ce monde, au-delà de ces années qui passent, au-delà de nos petites joies humaines, l’Église inlassablement nous montre l’éternité. Elle nous crie, même avec une insistance qui à quelques-uns paraît désagréable : ne vous attachez pas à ce monde ! Passez vite, les yeux fixés au-delà dans le monde invisible. Et ce refrain revient toujours. Laurent l’a bien compris ce refrain de l’Église. Simple, le cœur droit et pur, il se donna à Dieu dès sa jeunesse. Et son don fut sans retour.
Laurent, né à Ripafratta en Toscane, dès son enfance forma son esprit à la piété. Simple, droit et craignant Dieu, se tenant éloigné du mal, il s’enrôla dans la milice ecclésiastique. Puis, enflammé d’amour pour une perfection supérieure, alors qu’il était déjà diacre, il entra dans l’Ordre des Frères Prêcheurs à Pise.
Appliqué aux vertus religieuses, il s’y montra un fils d’obéissance et un miroir de pureté. Nul ne fut pauvre plus que lui, nul ne méprisa autant le monde. Rempli de zèle et de dévotion pour l’Office divin de jour et de nuit,
doux dans ses actes et ses paroles, aimé du Seigneur et des hommes, alors que les autres le tenaient dans la plus grande estime, il s’abaissait toujours plus à ses propres yeux. Indulgent pour tous et sévère pour lui-même, crucifiant sa chair par les jeûnes et les veilles, constant dans les épreuves, il supporta avec patience pendant de nombreuses années les souffrances que lui causait un ulcère à la jambe.
Comme ses Supérieurs avaient discerné en Laurent un mainteneur des lois de l’Ordre, ils l’employèrent à restaurer l’observance régulière en Toscane et le chargèrent de la formation des novices au couvent de Cortone ; il compta parmi ses disciples saint Antonin, qui devint plus tard archevêque de Florence. Appliqué sans relâche à la méditation de la loi de Dieu, il pénétra les mystères des Écritures et, par ses prédications, détourna une foule d’âme de la voie de l’iniquité. A Pistoie, à Fabriano et dans les localités voisines ravagées par la peste, Laurent, qui se dépensait infatigablement, n’hésita pas à exposer sa vie pour ses frères.
Pendant les soixante années de sa vie religieuse, il travailla courageusement, à la sueur de son front, dans la vigne du Seigneur, et parvint, plus qu’octogénaire, au terme de son existence alors qu’il résidait au couvent de Pistoie. Après avoir reçu les sacrements de l’Église et exhorté les frères qui l’entouraient à grandement honorer Dieu et les Constitutions de leurs Pères, il s’endormit très pieusement dans le Seigneur l’an 1457.
La sainte vie du bienheureux Laurent, manifeste et connue de tous, amena le clergé et le peuple à l’ensevelir avec la plus grande vénération dans un sépulcre honorable, édifié dans l’église conventuelle, et les habitants de Pistoie le choisirent pour leur avocat auprès de Dieu. Le culte déjà rendu à ses restes sacrés s’en trouva augmenté et alla se développant jusqu’à nos jours. Après l’examen régulier des documents par la Sacré Congrégation des Rites, le Souverain Pontife Pie IX ratifia et confirma le culte rendu au bienheureux Laurent le 5 avril 1851 ; il daigna accorder à l’Ordre entier des Prêcheurs la faculté de fêter chaque année sa mémoire par la récitation de l’office et la célébration de la messe.
Ce ne fut ni un grand prédicateur, ni un grand docteur. Laurent nous présente plutôt le côté pénitentiel de l’ordre. Et c’est ainsi qu’il faut le regarder. Sa vie austère, cachée, mais remplie de Dieu peut servir d’exemple à tous ceux qui cherchent avant tout la conformité à Jésus crucifié. Chacun a sa couronne de gloire devant Dieu. Le tout est de recevoir celle qui nous est destinée.