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Bienheureux Martyrs Ignace et ses Compagnons († 1838)

Fêté le

11 juillet

Bienheureux Martyrs Ignace et ses Compagnons 01

Martyrs de l’Ordre dominicain

Messe : Intret

Oraison : « Dieu qui avez voulu que la terre des Annamites fût arrosée par le sang des bienheureux Pontifes Ignace et Dominique et leurs compagnons, faites, par l’intercession de si grands Martyrs, que la religion chrétienne y soit florissante ».

Ces Martyrs appartiennent à la Province des Philippines, cette Mère des Saints. Ils sont proches de nous, car leur supplice ne date que des premières années du XIXe siècle.

La religion chrétienne, dont la situation avait été assez prospère dans le Tonkin oriental au début du XIXesiècle, commença à subir les plus dures épreuves lorsque l’impie Minh-Manh monta sur le trône. Celui-ci, en effet, emporté par sa haine furieuse contre les fidèles du Christ, décida de détruire totalement leur religion. Cependant, persuadé qu’il arriverait plus vite à ses fins s’il parvenait à saisir en même temps tous ceux qui enseignaient l’Évangile, pour les proscrire ou les faire périr, Minh-Manh convoqua les évêques et les prêtres, prétendant faire appel à leur science pour traduire certains livres ou écrits des langues européennes en annamite. Mais l’intention perfide de celui qui les invitait n’échappa aucunement aux Serviteurs de Dieu ; et ils refusèrent de se rendre auprès du roi. Celui-ci, passant de la ruse à la violence ouverte, donna immédiatement l’ordre de massacrer les fidèles.

Ignace Delgado, évêque (titulaire) de Mylopotamos, gouvernait alors les églises des contrées situées à l’est du royaume ; Dominique Hénarez, évêque (titulaire) de Phessa, et Joseph Fernandez s’étaient joints à lui et partageaient ses labeurs. Tous trois, espagnols de naissance, étaient membres de l’Ordre des Prêcheurs dans la Province du Saint-Rosaire aux Iles Philippines ; ils répandaient dans tout le Tonkin la foi chrétienne, efficacement aidés par des prêtres indigènes. Parmi ceux-ci, les uns appartenaient à l’Ordre ; les autres, membres du clergé séculier, étaient amis des Frères ; avec eux, des laïcs enseignaient la doctrine chrétienne aux catéchumènes et aux néophytes. Extrêmement précieux pour les hérauts de l’Évangile furent aussi des hommes très pieux, profès du Tiers-Ordre de Saint-Dominique, qui brillaient aux yeux du peuple par la pureté de leur vie et leurs œuvres de miséricorde, spirituelles et corporelles. Bientôt, les agents royaux, obéissant au décret du tyran, envoyèrent des émissaires qui se saisirent des deux évêques ainsi que de Joseph Fernandez et de vingt-trois indigènes. On leur infligea toutes sortes de supplices pour les contraindre à renier le Christ et à fouler aux pieds son image. Mais ce fut en vain. Le roi, mis en fureur par une si grande constance, livra les saints Confesseurs au dernier supplice.

Bienheureux Martyrs Ignace et ses Compagnons 02

Le premier qui mérita de répandre son sang fut le catéchiste François : il eut la tête tranchée en l’an du Seigneur 1838, le 25 juin ; et tout de suite après lui, Dominique Hénarez, par le même genre de mort, échangea la misère de ce monde contre l’éternelle béatitude. Ignace Delgado, épuisé par la maladie et la fatigue, rendit l’âme dans la cage où on l’avait jeté. Sur l’ordre du juge, sa tête fut détachée de son corps vénérable et jetée dans l’eau ; elle y fut retrouvée trois mois après par un pêcheur chrétien, aussi intacte que si elle venait seulement d’être coupée. Parmi les autres soldats du Christ, onze furent décapités, six étranglés, deux furent coupés en deux, l’un succomba assommé avec une masse de fer, un autre mourut de faim, et deux rendirent l’âme en prison.

Dieu lui-même témoigna de la gloire de ses martyrs par des prodiges. Le Pape Léon XIII les mit au nombre des Bienheureux avec cinquante et un autres Confesseurs de la foi, dont le bienheureux Augustin Schoeffler, prêtre de la Société des Missions Étrangères de Paris et tertiaire de Saint-Dominique, qui mérita la couronne du martyre dans le Tonkin Occidental.

Grande fête pour le ciel, grande fête pour l’Église qui ne cesse pas de donner à Jésus des témoins généreux. Il est bon, dans notre siècle de pauvre foi, de faiblesse morale, de voir des âmes aimer Dieu au point de verser leur sang pour lui. Ces âmes saintes sont les plus beaux fruits de l’Église. Elles la consolent de tant de défaillances misérables. Et de plus, elles sont un témoignage vivant, irrécusable de sa perpétuelle fécondité ! L’Église meurt, dit-on. Tant qu’elle aura des martyrs, elle ne mourra point. Ils sont le signe de sa vie immortelle.