Martyrs de l’Ordre dominicain
Messe : Sancti tui Domine
Oraison : « Dieu, qui avez destiné les bienheureux martyrs Pierre, votre pontife, et ses compagnons, à prêcher la foi aux nations avec la même fermeté et le même amour, accordez-nous, par leur exemple et leur intercession, de demeurer fermes dans votre foi. »
Les athlètes de la foi, les Espagnols Pierre-Martyr Sanz, évêque de Mauricastro, François Serrano, évêque élu de Tipasita, Jean Alcober, Joachim Royo et François Diaz, prêtres, fils de l’illustre province des Frères Prêcheurs aux îles Philippines, rendirent, au XVIIIe siècle, un magnifique témoignage en versant leur sang pour la gloire du nom divin. En effet, ces athlètes de Jésus-Christ pleins de courage, enflammés du désir de promouvoir la religion, passèrent tous en Chine comme ils le souhaitaient, mais à des époques diverses.
Là, ne s’épargnant aucun souci, aucune peine, et cependant gardant strictement les lois de leur Ordre, ils mirent la plus grande ardeur à remplir leur mission d’apôtres. Ils lavèrent dans les eaux du baptême un grand nombre de personnes de la ville de Fo-gan qui avaient écouté la vraie doctrine, et, avec un zèle empressé, ils apportèrent les secours de la religion aux fidèles et principalement aux malades.
Avant tous, on doit citer le vénérable Serviteur de Dieu Pierre-Martyr, qui dirigeait toute la Mission que lui avait confiée par le Saint-Siège, se signalant par une éminente prudence et une grande sagesse. Mais le Christ appelait ces vaillants soldats à une plus haute destinée. En effet, en l’an 1746, une tempête très violente s’éleva contre les fidèles. Le bienheureux Jean Alcober tomba le premier entre les mains des gardes ; le dernier fut le bienheureux Joachim Royo. Celui-ci s’était caché longtemps ; mais, sur le conseil de l’évêque de Mauricastro qui était déjà dans les fers, il se présenta de lui-même aux bourreaux, de crainte que la fureur des infidèles ne s’exerçât plus cruellement encore sur les chrétiens.
Bientôt ils furent conduits dans la ville de Fo-cheu après un long trajet, chargés de chaînes et à demi morts de faim ; là ils furent plusieurs fois traduits devant le tribunal ; mis à la question à plusieurs reprises par de cruels supplices, ils renouvelèrent avec un invincible courage leur confession de foi. Par des paroles puissantes, ils exhortaient à la pratique de la religion leurs visiteurs, les autres captifs et les gardes eux-mêmes. Enfin, près d’une année s’étant écoulée, un jugement fut rendu selon lequel Pierre Sanz devait être exécuté sur-le-champ ; les autres, quoique voués à la mort, devaient attendre en prison leur sentence.
Le jugement ayant été confirmé par l’empereur, l’évêque Pierre, les bras liés derrière le dos, fut conduit hors de la prison au lieu du supplice, le 26 mai. Il termina les prières qu’il avait commencées, exhorta le bourreau à accomplir son office sans tarder, et de lui-même présenta le cou à la hache. Les quatre autres serviteurs de Dieu attendaient en prison un nouveau décret, l’âme courageuse et inflexible, priant Dieu sans cesse de ne pas les priver de la palme du martyre. Sur ces entrefaites, François Serrano fut nommé par lettres évêque de Tipasita et coadjuteur de Pierre-Martyr Sanz dans l’administration du Vicariat Apostolique de Fo-kien.
Cependant ces hommes magnanimes touchaient au terme de leur labeur pastoral. En effet, tandis que la rumeur se répandait dans le peuple d’une commutation par l’empereur de la peine de mort en peine d’exil, le vice-roi, enflammé de haine contre le nom chrétien, ayant pris l’avis des chefs de la cité et de la province, décida que les serviteurs de Dieu seraient massacrés en secret dans leur prison. Ainsi donc, pendant la nuit, soudain des gardes cruels font irruption dans les cellules des Bienheureux et étranglent François Serrano et Joachim Royo, qui avaient reçu les arrivants avec douceur ; François Diaz et Jean Alcober meurent étranglés.
Le ciel confirma par plusieurs miracles la gloire de ces martyrs. Le Pape Léon XIII, les ayant vérifiés, sur l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites, mit au nombre des Bienheureux les intrépides hérauts de l’Évangile le 18 avril 1893.
Grands exemples de foi, d’amour de Dieu au- dessus de tout. Qui donne sa vie ne peut rien donner de plus, mais pour la donner, il faut d’abord s’être détaché de toutes les choses humaines, il faut avoir en son cœur la préférence absolue pour Dieu. Comment mourir librement, si le cœur tient aux jouissances de ce monde ? Mourir, c’est estimer que rien de la terre ne vaut la vie avec Dieu et joyeusement aller à cette vie, sans regret, avec une confiance sans limite.