Confesseur de l’Ordre dominicain
Messe : Os justi
Oraison : « Dieu, qui avez fait du bienheureux Raymond, votre Confesseur, un maître insigne de la perfection évangélique et un fidèle défenseur de l’autorité du Saint-Siège, accordez-nous par votre clémence de vivre sur terre en suivant ses exemples, afin d’être couronnés avec lui dans le ciel ».
Ce grand homme parut dans l’Église à une époque très difficile. Sa mission fut précisément d’établir, malgré tout, le règne de Dieu, au- dessus de ces difficultés.
Il naquit à Capoue de la noble famille de Vineis ou des Vignes, qui avait déjà donné à Frédéric II un ministre dont l’influence ne fut pas toujours favorable au Saint-Siège. Raymond est comme la revanche de Dieu contre Frédéric. Entré, dans l’ordre, il se montra immédiatement fidèle observant de la règle. Ce qui, à l’époque, demandait une certaine énergie de volonté. On lui confia, malgré sa jeunesse, mais précisément à cause de la gravité de ses mœurs religieuses, la direction des sœurs de Montepulciano, les filles de sainte Agnès dont il écrivit la vie très aimable.
Dieu le préparait ainsi à une autre direction, celle de Catherine de Sienne, qui l’attendait comme un envoyé de Dieu. Ce fut, pendant plusieurs années, la grande et féconde occupation de Raymond de Capoue. Certes ! il n’était pas facile de prendre la responsabilité d’une vie si extraordinaire que celle de Catherine de Sienne : Vie intérieure d’union mystique avec Dieu, et vie extérieure d’apostolat dans l’Église. Il fallait le tact surnaturel le plus éclairé, la prudence la plus avisée et en même temps, un élan personnel d’âme vers Dieu, permettant de comprendre son œuvre de sainteté dans Catherine et la portée de sa mission dans l’Église. Raymond fut à la hauteur de sa tâche. Mais il faut bien dire que le Directeur reçut beaucoup de sa dirigée et que, si Raymond rendit à Catherine des services inappréciables, Catherine lui communiqua de son côté des lumières qu’il ne pouvait recevoir sans elle.
Timide parfois, effrayé de ce qu’il entendait, de ce qu’il voyait, ce « petit méchant Père », comme l’appelait familièrement Catherine, aurait reculé, sans l’énergie de volonté de sa dirigée. Catherine avait de la volonté pour deux. Quand elle disait à Dieu comme aux hommes : io voglio! je veux, le bon Dieu, « qui fait la volonté de ceux qui le servent » marchait et les hommes aussi.
Raymond fut le guide, le compagnon, le défenseur, l’historien admirable de sainte Catherine de Sienne. Ils sont unis pour l’éternité. Leur mémoire se confond.
Avec Catherine de Sienne, quand le schisme d’occident se déchaîna, après l’élection du Pape Urbain VI, Raymond demeura fidèle à ce Pontife. Avec Catherine de Sienne, il défendit son autorité et pour ramener les peuples à son obédience, il n’hésita pas à s’exposer à tous les dangers. Même après la sainte mort de Catherine, il demeura le plus solide soutien du Pape de Rome, contre celui d’Avignon.
L’Ordre de Saint-Dominique, comme toute l’Église, fut divisé. Une partie se soumit au Pape d’Avignon, une autre au Pape de Rome. Il y eut ainsi deux Maîtres Généraux : Raymond, comme l’avait prédit Catherine de Sienne, fut maître-général dans l’obédience de Rome. Son premier soin fut de chercher à établir une réforme sérieuse dans les Provinces qui lui étaient soumises, en Italie, en Allemagne. Il inaugura dans ce but, le régime de certains couvents d’observance d’où les religieux, formés à la discipline, devaient être dispersés dans les autres maisons. D’après l’idée de Raymond de Capoue, ces observants seraient comme un ferment, qui vivifierait petit à petit tous les couvents. Idée généreuse, à la vérité, plusieurs fois reprise depuis, dont les résultats, douteux parfois, furent cependant très heureux pour l’ordre1. En tout cas, l’homme de Dieu se dévoua de toute son âme à cette œuvre ardue de la réforme de l’Ordre. Il mourut à la peine à Nuremberg, en 1399. Il fut béatifié par le pape Léon XIII le 15 mai 1899, jour du 500e anniversaire de sa mort.
La gloire de Catherine de Sienne rayonne sur Raymond de Capoue, et lui-même par son dévouement à l’Église, par la réforme de l’Ordre, rayonne et sur l’Église et sur l’Ordre. Son action vivifiante a survécu à bien des désastres. Et chaque fois que l’on veut restaurer dans l’Ordre une discipline plus grave, c’est sur Raymond de Capoue que le regard se fixe.
Âme très pure, très humble, pénétrée de l’esprit de saint Dominique, Raymond de Capoue reste pour l’Ordre comme l’image fidèle du Patriarche des Prêcheurs. Il faut lui demander, comme on demande à saint Dominique, l’amour ardent de l’Église.