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Commémoraison de tous les fidèles défunts

Fêté le

2 novembre

Commémoration des fidèles défunts 01

La Messe

Introït : « Seigneur, donnez-leur le repos éternel, et que la lumière éternelle les illumine. – Dieu, c’est dans Sion qu’il convient de chanter vos louanges, dans Jérusalem d’accomplir ses vœux, exaucez ma prière, car toute chair doit paraître devant vous ».

Oraison : « Dieu, créateur et rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leurs péchés, afin qu’ils acquièrent par nos pieuses supplications la clémence qu’ils ont toujours désirée ».

Pourquoi prier pour les âmes du purgatoire ?

Nous prions pour elles, parce que — chacun de nous peut s’en convaincre aisément — nous ne sommes pas en état de voir Dieu face à face, dès le premier instant de notre mort. Nous avons une foule de défauts, une foule de fautes, quelquefois mortelles, pardonnées sans doute, mais insuffisamment expiées. Il nous faut donc, avant d’entrer dans la joie de Dieu, faire notre toilette, nous rendre complètement propres. Le Purgatoire est cet état de transition temporaire entre notre vie de la terre et notre vie du ciel. En cet état, nous expions nos fautes, nous nous purifions par la souffrance, souffrance de feu, que nous ne pouvons comprendre, qui consiste surtout à sentir violemment la privation de Dieu. Souffrance si douloureuse qu’elle dépasse toutes les souffrances de la terre. De sorte que l’âme est purifiée, transformée dans ses moindres replis. Il faut qu’elle soit sans tache, sans ombre, pour voir Dieu et vivre avec Dieu, cela se conçoit facilement. Ce feu qui la dévore, fait son œuvre sans merci, à fond. Et il ne s’arrête que quand l’âme est pure, limpide, digne de Dieu. Mais, la bonté de Dieu permet à ceux qui sont encore sur la terre d’intervenir efficacement dans le Purgatoire, dans cette transformation des âmes. Pouvoir inouï, si l’on y pense, puisque nous pouvons par nos prières, par nos bonnes œuvres, par nos souffrances, surtout par l’offrande du saint sacrifice, agir tellement dans le Purgatoire, que les âmes sont purifiées plus rapidement, que leurs souffrances sont adoucies, supprimées même et que, grâce à cette intervention de la terre, elles entrent plus vite dans la béatitude éternelle. Merveilleuse bonté de Dieu !

Épître de saint Paul aux Corinthiens, I, c. 15. : « Frères, je vais vous dire un mystère. Nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas transformés tous. En un moment, en un clin d’œil, quand sonnera la

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trompette dernière. Car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transformés. Il faut, en effet, que ce corps corruptible se revête d’incorruptibilité, que ce corps mortel se revête d’immortalité. Et lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors se trouvera accomplie la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché et la force du péché, c’est la loi. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

Tous nous serons présents à « ce moment, à ce clin d’œil » ; tous nous entendrons un jour le son terrifiant de la trompette et après des centaines et des milliers d’années passées dans le tombeau, tous, à la voix du Créateur, nous reprendrons notre corps. Les saints glorifieront leur corps immédiatement ; les autres l’entraîneront avec eux dans les ténèbres de l’enfer. C’est le jugement suprême. Le Fils de Dieu, Jésus, Sauveur du monde, viendra avec son signe, son étendard, la croix. Qui aura été pardonné par le sang du Sauveur, sera éternellement avec Dieu, corps et âme ; qui aura refusé ce pardon, sera éternellement loin de Dieu, corps et âme. A nous d’y penser.

Graduel : « Seigneur, donnez-leur le repos éternel et que la lumière éternelle les illumine. — La mémoire des justes sera éternelle ; elle n’aura rien à craindre des langues mauvaises ».

Trait : « Seigneur, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des chaînes de leurs péchés. — Et que par le secours de votre grâce, ils méritent d’échapper au jugement de votre vengeance et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle ».

Repos et lumière ! Voilà ce que nous demandons à Dieu pour les âmes du Purgatoire. Repos et lumière, c’est-à-dire stabilité définitive de l’intelligence par la lumière, du cœur par l’amour. Stabilité qui provient de l’immuabilité de Dieu lui-même. Dans le ciel, les saints participent à cette immuabilité de Dieu. Leur intelligence a le repos dans la vision de Dieu, le cœur dans son amour. Intelligence et cœur sont fixés pour toujours en Dieu, sans changement, c’est le repos éternel. Mais repos qui agit éternellement dans la vision de Dieu et dans l’amour de Dieu. Car éternellement les Saints ne seront jamais rassasiés ni de voir ni d’aimer Dieu.

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Évangile selon saint Jean, c. 5. : « En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : je vous le dis en vérité, l’heure vient, elle est arrivée, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l’entendront, vivront. Comme le Père a la vie en lui- même, ainsi il donne au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne vous étonnez pas que l’heure vient où tous ceux qui sont dans le tombeau entendront la voix du Fils de Dieu. Ceux qui auront fait le bien, ressusciteront pour la vie (éternelle) ; ceux qui auront fait le mal, ressusciteront pour leur condamnation. »

Éternellement, le Père a la vie en lui-même, il est vie ; éternellement, se disant à lui-même tout ce qu’il est, il engendre son Fils, qui est tout ce qu’il est lui-même, et par conséquent a la vie, est vie éternellement comme le Père. Cette vie, il la communique à son humanité, car le Fils vit comme homme, de la vie qu’il est comme Fils du Père. Mais de plus, en se faisant homme, en mourant sur la croix pour sauver les hommes et, par son sang, leur assurer la vie éternelle avec Dieu, le Fils de Dieu, devenu le Premier de la race humaine, en est le juge. Sa croix juge le monde. Celui qui croit et agit selon sa foi, ressuscitera pour la vie éternelle avec Dieu. Celui qui ne croit pas et n’agit pas selon la volonté de Dieu, ressuscitera pour être condamné.

Le sang du Christ, dit saint Augustin, est salut pour celui qui veut, il est supplice pour celui qui ne veut pas. A nous de vouloir.

Offertoire : « Seigneur Jésus-Christ, roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts de la puissance de l’enfer et du fond de l’abîme. Délivrez-les de la gueule du lion pour que le Tartare ne les engloutisse pas, pour qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres. Mais que saint Michel, votre Porte-drapeau, vous les présente dans la sainte lumière que vous avez promise à Abraham et à sa postérité. — Seigneur, nous vous présentons nos offrandes et nos prières, daignez les accepter pour ces âmes dont nous rappelons la mémoire. Seigneur, faites-les passer de la mort à la vie, que vous avez promise autrefois à Abraham et à sa postérité ».

Il y a dans cette prière très touchante trois réminiscences : celle du tartare, nom païen de l’enfer qui vient, comme la Sibylle dans la prose, de la culture des lettres latines. Puis celle de saint Michel que l’on qualifie

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magnifiquement de signifer, le Porte-drapeau. Allusion évidente au combat de l’Archange bienheureux, le Prince des humbles, contre l’Archange révolté. Michel est le Porte-drapeau de Dieu, car c’est lui qui a lancé ce cri vaillant de ralliement : qui est comme Dieu ? Il présente à la majesté divine toutes les âmes qui se rangent sous ce drapeau.

Et puis, vient le souvenir d’Abraham, ce saint Patriarche, qui figure pour tous les élus la possession de la vie éternelle. Ils sont, Notre- Seigneur lui-même l’a dit en parlant du pauvre Lazare, dans le sein d’Abraham, dans ses bras. C’est lui le Patriarche universel, comme le Père de l’immense famille de Dieu.

Secrète : « Seigneur, regardez avec clémence ces offrandes que nous vous présentons pour les âmes de vos serviteurs et de vos servantes, afin que vous donniez la récompense à ceux auxquels vous avez accordé le mérite de la foi chrétienne ».

Communion : « Seigneur, que la lumière éternelle les illumine pour l’éternité, avec les saints, parce que vous êtes bon ».

Postcommunion : « Seigneur, que nos prières suppliantes soient profitables aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, afin que vous les déchargiez de tout péché et que vous les fassiez participer à votre rédemption ».

C’est à la bonté de Dieu que nous nous adressons — Quia pius es. Il y a un écart si infini entre lui et nous ! Lui seul, par sa bonté, peut franchir cet infini et nous unir à sa béatitude éternelle. Quelle espérance ! Et comme notre pauvre petite vie de la terre est déjà, par cette espérance, illuminée de la lumière éternelle.

La Procession

En ce jour, après la messe, on fait dans tous les couvents une procession solennelle qui se rend au cimetière des Frères ou des Sœurs, s’il y en a un dans l’enclos. Sinon elle se fait dans le cloître.

Les stations sont nombreuses, selon la distance. Pour que l’on puisse chanter à chacune d’elles un répons et un évangile, la liturgie en contient neuf. Mais, on ne chante que ce qui est nécessaire, pour chaque couvent, sauf que le répons et l’évangile de la deuxième station sont toujours réservés, quel que soit le nombre des stations, pour celle qui se fait dans le cimetière même.

La procession se déroule selon le rite ordinaire. En tête, marche un Frère portant l’eau bénite dont il asperge les lieux où l’on passe, les acolytes et la croix, puis les Frères par ordre de dignité, les convers et les plus jeunes les premiers. Le Prieur en chape de soie noire avec ses diacre et sous-diacre ferme la marche. Un frère porte un pupitre léger qu’il place en temps voulu pour recevoir le livre des évangiles que le diacre chante à chaque station.

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En allant à la première station, soit dans le cloître, soit dans le jardin, on chante ce répons :
« Je crois que mon Rédempteur est vivant, je crois qu’au dernier jour je me lèverai de la terre, et que dans ma chair je verrai Dieu, mon Sauveur — je le verrai moi-même, et non un autre, et mes yeux contempleront mon Sauveur ».

La terre est un cimetière immense, et sur ce cimetière immense éclate ce cri de triomphe : je me lèverai de la poussière ! Je reprendrai ma chair et dans ma chair ressuscitée, glorieuse, béatifiée, je contemplerai mon Sauveur.

Grande, unique espérance pour nos cœurs endoloris. Mais espérance qui vient de la bonté, uniquement de la bonté de Dieu.

Au lieu de la station, les Frères étant rangés sur deux lignes, au milieu, le diacre chante cet évangile selon saint Jean, c. 6 :
« En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : Je vous le dis en vérité : Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle. Et je le ressusciterai au dernier jour. »

La pensée du Maître est très claire : pour avoir en soi, dans son âme et dans son corps, un principe de vie éternelle, il faut manger sa chair et boire son sang. A ceux qui font la sainte Communion, l’Eucharistie est source de vie. Elle met en notre propre chair un principe vital de résurrection, car elle nous unit vitalement à la chair même du Christ ressuscité. Le principe divin de l’Humanité ressuscitée de Jésus passe par l’Eucharistie dans notre chair à nous.

Le prêtre officiant chante l’Oraison : « Dieu, dispensateur de tout pardon et auteur du salut des hommes, nous demandons à votre clémence, d’accorder aux Frères, Soeurs, familiers et bienfaiteurs de notre Congrégation, qui sont sortis de ce monde, par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge et de tous les saints, la grâce de participer à l’éternelle béatitude ».

On se remet en marche pour la deuxième station, souvent la dernière, celle du cimetière, en chantant ce répons : « Vous qui avez ressuscité du tombeau Lazare déjà corrompu, Seigneur, donnez-leur le repos et le lieu du pardon. — Vous qui devez venir juger les vivants et les morts, le monde entier, par le feu, donnez-leur, Seigneur, le repos et le lieu du pardon ».

On rappelle le souvenir de Lazare, ressuscité par Jésus. Il sent déjà mauvais ! lui disait Marthe. Qu’importe au Créateur ! A sa voix Lazare sort du tombeau. Sur l’immense cimetière de la terre plane l’immense odeur de corruption. Jam foetet ! Ce n’est plus seulement Lazare qui sent mauvais, c’est l’humanité entière, corrompue, en cendre. Qu’importe au Créateur ! Il a créé l’homme de rien, il le ressuscite de rien. A sa voix, rien ne résistera. Pas un mort ne restera dans le tombeau, où qu’il soit et quoi qu’il soit devenu. Tous se lèveront et diront : me voici !

Si l’on est dans le cimetière, on chante l’évangile selon saint Jean, c. 11 :
« En ce temps-là, Marthe dit à Jésus : Maître, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais je le sais maintenant, tout ce que vous demandez à Dieu. Dieu vous le donne. Jésus lui dit : ton frère ressuscitera. Marthe lui dit : Je le sais, il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. Jésus lui dit : c’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il est mort, vivra. Quiconque vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours. Le crois-tu ? Elle répondit : Oui, Maître, je crois que vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde. »

Dialogue émouvant sur la tombe des Frères entre Jésus et Marthe. Jésus affirme sa puissance. Ton frère, lui dit-il, ressuscitera. Ces Frères ensevelis dans ces tombeaux ressusciteront. Je suis moi-même principe

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de cette résurrection, car je suis la vie, la vie absolue, source de toute vie. Sur nos Frères défunts, on chante cette divine affirmation qui fut toute leur espérance. Ils l’ont cru, ils ont vécu de cette parole, ils ont confessé que Jésus est le Fils du Dieu vivant, alors, qu’ils attendent en paix, dans la divine certitude, l’heure de la résurrection.

Et le prêtre chante cette belle oraison, qui fait appel à l’intercession de tous les saints de l’Ordre, de toute la famille dominicaine du ciel, en faveur de la famille dominicaine du Purgatoire :
« Seigneur, notre Dieu, agréez comme expiation, pour les âmes de vos serviteurs et de vos servantes, nos Frères et nos Sœurs, la prière de la sainte Mère de Dieu, Marie, toujours Vierge, et du bienheureux Dominique, votre Confesseur, notre Père, et des bienheureux Pierre, Jean, Pie, Antonin, Thomas, Vincent, Hyacinthe, Raymond, Louis, Catherine, Rose, Agnès, Catherine et de tous vos saints, avec la supplication humble et pieuse de votre famille ici présente, afin qu’ils obtiennent, comme nous le demandons, le pardon de tous leurs péchés. Ne permettez pas que soient tourmentés par les flammes de l’enfer ceux qui ont été rachetés par le sang précieux de votre Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ ».

Le ciel est ouvert au-dessus de ces tombes familiales. Les Frères, les grands Frères qui sont dans la joie de Dieu se penchent vers ceux qui se purifient dans le Purgatoire. Ils se penchent non pas seulement pour les voir, pour les encourager, mais bien pour soulager leurs souffrances. De la terre monte vers les Frères du ciel une supplication pour les Frères du Purgatoire. L’union de la famille dominicaine est parfaite sous le manteau de leur Reine, la Vierge Marie. Elle sourit à tous ses enfants.

Quand la Procession rentre à l’église on donne une dernière absoute.