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Notre-Dame des Sept Douleurs

Fêté le

15 septembre

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Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est douleur pareille à ma douleur ! Est-ce donc le premier cri de la douce enfant dont la venue a causé joie si pure à la terre ; et fallait-il arborer si tôt le drapeau de la souffrance sur le berceau où repose tant d’innocence et d’amour ? Le cœur de l’Église pourtant ne l’a pas trompée ; cette fête, à cette date, est toujours la réponse à la question de l’humanité dans l’attente : Que sera cette enfant ?

Raison d’être de Marie, le Sauveur à venir doit en être en tout l’exemplaire. C’est à titre de Mère que fut annoncée, qu’est apparue la Vierge bénie, et dès lors à titre de Mère de douleurs, parce que le Dieu dont la naissance prochaine est le motif de sa propre naissance sera en ce monde l’homme des douleurs et de l’infirmité. À qui vous comparer ? chante le prophète des lamentations : ô Vierge, votre affliction est comme l’océan. Sur la montagne du Sacrifice, comme mère elle donna son fils, comme épouse elle s’offrit avec lui ; par ses souffrances d’épouse et de mère, elle fut la corédemptrice du genre humain. Une première fête des Douleurs de Marie, préludant aux récits de la grande Semaine, a gravé dans nos âmes cet enseignement et ces souvenirs.

Le Christ ne meurt plus ; pour Notre- Dame, de même, a cessé la souffrance. Néanmoins la passion du Christ se poursuit dans ses élus, dans son Église contre laquelle, à son défaut, se rue l’enfer À cette passion du corps mystique dont elle est aussi mère, la compassion mystérieuse de Marie reste acquise ; que de fois ne l’ont pas attesté les larmes coulant des yeux de ses images les plus vénérées ! Là encore, là surtout est aujourd’hui l’explication de cette reprise inaccoutumée par la Liturgie sainte d’une fête célébrée déjà dans une autre saison sous un titre identique.

La prophétie du vieillard Siméon, la fuite en Égypte, la perte de l’Enfant divin dans Jérusalem, le portement de Croix, le crucifiement, la descente de Croix, la sépulture de Jésus septuple mystère, autour duquel Notre-Dame

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aime à voir grouper les aspects quasi infinis des souffrances qui firent d’elle la Reine des Martyrs, la première rose et la plus belle du champ de Dieu.

Introït : « Étaient debout auprès de la croix de Jésus, sa mère, la sœur de sa mère, Marie de Cléophas, Salomé et Marie-Madeleine. — Femme, voilà votre Fils, dit Jésus, et au disciple : Voilà votre mère ».

Sous les magnificences de la sainte Liturgie le Sacrifice quotidien n’est autre substantiellement que celui du Calvaire Comme assistance au pied de la Croix dans la journée de la grande oblation, le chant d’entrée nous montre quelques femmes, un seul homme, faisant cortège en larmes à la Mère des douleurs.

Oraison : « Dieu, dont la Passion, selon la prophétie de Siméon, a transpercé d’un glaive de douleur l’âme très douce de la glorieuse Marie, Vierge et Mère, accordez-nous avec bonté qu’en célébrant par vénération ses douleurs, nous obtenions l’heureux effet de votre Passion ».

Le culte des Douleurs de Marie n’est point une distraction fâcheuse, détournant nos pensées de la victime unique du salut. Comme l’exprime la Collecte au contraire, son résultat direct est de faire fructifier en nous la passion du Sauveur.

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Lecture du Livre de Judith, c. 13. : « Le Seigneur vous a bénie par sa puissance, car par vous il a réduit à néant nos ennemis. Vous êtes bénie, Fille d’Israël, par le Seigneur très haut au-dessus de toutes les femmes de la terre. Béni soit le Seigneur qui a créé le ciel et la terre, car il a glorifié aujourd’hui votre nom de telle sorte que jamais votre louange ne cessera dans la bouche de ceux qui se souviendront de l’œuvre puissante accomplie par le Seigneur. Pour eux, vous n’avez pas épargné votre vie ; prise de pitié pour les angoisses et les souffrances de votre peuple, vous avez empêché sa ruine devant la face de notre Dieu. »

Ô grandeur de notre Judith entre les créatures ! « Dieu, dit le pieux et profond Père Faber, Dieu semble choisir en lui les choses qui sont le plus incommunicables pour les communiquer à Marie d’une manière mystérieuse. Voyez comme il l’a déjà mêlée aux desseins éternels de l’univers dont il la rend presque cause et type partiel. La coopération de la sainte Vierge au salut du monde nous présente un ‘nouvel aspect de sa magnificence. Ni l’Immaculée Conception, ni l’Assomption ne nous donnent une plus haute idée de Marie que le titre de corédemptrice. Ses douleurs n’étaient pas nécessaires à la rédemption, mais dans les conseils de Dieu elles en étaient inséparables. Elles appartiennent à l’intégrité du plan divin. Les mystères de Jésus ne sont-ils pas ceux de Marie, et les mystères de Marie ne sont-ils pas ceux de Jésus ? La vérité paraît être que tous les mystères de Jésus et ceux de Marie n’étaient pour Dieu qu’un seul mystère. Jésus lui-même est la douleur de Marie sept fois répétée, sept fois agrandie. Durant les heures de la Passion, l’offrande de Jésus et celle de Marie étaient réunies en une seule. Quoique de dignité, de valeur évidemment différentes, elles étaient offertes avec des dispositions semblables, allant du

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même pas, embaumées des mêmes parfums, consumées par le même feu ; oblation simultanée faite au Père par deux cœurs sans tache pour les péchés d’un monde coupable, dont ils avaient librement assumé les démérites. »

Aux tourments de la grande Victime, aux pleurs de Marie, sachons unir nos larmes. C’est dans la mesure où nous l’aurons fait en cette vie, que nous pourrons nous réjouir au ciel avec le Fils et la Mère ; si Notre-Dame, comme chante le Verset, est elle-même aujourd’hui reine du ciel et souveraine du monde, il n’est personne parmi les élus dont les souvenirs de souffrance puissent être comparés aux siens.

Graduel : « Vierge Marie, vous êtes pleine de douleur et de larmes, debout, auprès de la croix du Seigneur Jésus, votre Fils notre Rédempteur. — Vierge, Mère de Dieu, celui que le monde entier ne peut contenir, l’auteur de la vie, fait homme, subit ce supplice de la croix ».

Alléluia, Alléluia : « Sainte Marie, la Reine du ciel et la Souveraine du monde, se tenait debout auprès de la croix de Notre-Seigneur Jésus- Christ, l’âme pleine de douleur ».

A la suite du Graduel, la touchante complainte attribuée au bienheureux franciscain Jacopone de Todi, le Stabat Mater, nous donnera une belle formule de prière et d’hommage à la Mère des Douleurs.

SÉQUENCE

« La Mère douloureuse se tenait
en pleurant près de la croix,
où son Fils était suspendu.

Son âme gémissante
attristée et souffrante
fut transpercée par le glaive.

Oh ! combien triste et affligée
fut cette benoîte
Mère du Fils unique.

Elle souffrait, elle se désolait,
cette douce Mère, en voyant
les souffrances de son Fils admirable.

Quel est l’homme qui ne pleurerait
s’il voyait la Mère du Christ
en un tel supplice ?

Qui pourrait ne pas être affligé
à la vue de la Mère du Christ,
souffrant avec son Fils ?

Pour les péchés de son peuple
elle vit Jésus dans les tourments,
elle le vit livré aux coups de fouets.

Elle vit son doux Enfant,
angoissé en mourant,
quand il rendit l’esprit.

Douce Mère, source d’amour,
faites-moi sentir la violence de votre douleur,
afin que je pleure avec vous.

Faites que mon cœur soit ardent
pour aimer le Christ Dieu,
afin que je lui plaise.

Sainte Mère, faites-moi cette grâce :
imprimez les plaies du Crucifié,
profondément dans mon cœur.

De votre Fils, couvert de plaies,
qui a daigné tant souffrir pour moi,
partagez avec moi les souffrances.

Faites-moi pleurer avec vous,
faites-moi compatir au Crucifié,
pendant que je vivrai.

Rester avec vous, près de la croix,
m’associer à vous, pour pleurer,
je le désire.

Vierge, la plus illustre des Vierges,
ne me soyez pas cruelle,
faites-moi gémir avec vous.

Faites que je porte en moi la mort du Christ !
Faites-moi partager sa Passion
et me souvenir de ses plaies.

Faites que je sois blessé des mêmes blessures,
faites que je sois enivré de la croix,
enivré du sang de votre Fils,

Pour que je ne brûle pas dans les flammes,
Vierge, défendez-moi vous-même
au jour du jugement.

Christ, quand l’heure viendra de sortir de ce monde,
faites-moi arriver par votre Mère
à la palme de la victoire.

Quand ce corps mourra,
faites que soit donnée à mon âme
la gloire du Paradis. Amen ».

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Évangile de saint Jean, c. 19. : « En ce temps-là, étaient debout auprès de la croix de Jésus, sa Mère et la sœur de sa mère, Marie de Cléophas, et Marie-Madeleine. Jésus voyant sa Mère et, debout près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : Femme, voilà votre fils. Ensuite il dit au disciple : Voilà votre Mère. Et depuis ce moment le disciple la reçut chez lui. »

Femme, voilà votre fils. — Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? Paroles de Jésus sur la Croix. N’a-t-il donc plus ni Père au ciel, ni Mère ici-bas ! Mystère de justice, et encore plus d’amour : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné pour lui son Fils, jusqu’à le substituer aux hommes pécheurs dans la malédiction due au péché ; et Notre-Dame, dans son union sublime au Père, n’a pas épargné davantage, mais livré comme lui pour nous tous ce même Fils ; sa virginité. Si de ce chef nous appartenons, au Père souverain, nous sommes bien aussi Marie désormais ; nous avons été, des deux parts, achetés d’un grand prix : le Fils unique échangé pour les fils d’adoption.

Offertoire : « Souvenez-vous, Vierge Mère, vous qui êtes auprès de Dieu, de demander pour nous ce qui est bon et de détourner de nous sa colère ».

C’est au pied de la Croix que Notre-Dame est devenue véritablement la Reine de la miséricorde. Au pied de l’autel où le renouvellement du grand Sacrifice se prépare, recommandons-nous de sa toute-puissance sur le divin Cœur.

Secrète : « Nous vous offrons, Seigneur Jésus- Christ, ces prières et ces sacrifices, et nous vous demandons humblement que, faisant mémoire dans nos prières, de la transfixion du cœur très doux de la bienheureuse Marie, votre Mère, et confiants dans sa très pieuse intercession et celle des Saints qui étaient avec elle, au pied de votre croix, nous obtenions par le mérite de votre, mort, la bienheureuse récompense ».

Combien de saintes âmes ne sont pas venues, dans la suite des âges, tenir compagnie fidèle à la Mère des Douleurs ! Leur intercession, jointe à celle de Marie, est la force de l’Église : c’est par elle que nous espérons obtenir

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l’effet des mérites de la mort du Sauveur.

Communion : « Heureux les sens de la bienheureuse Vierge Marie qui, sans la mort, ont mérité sous la croix du Seigneur la palme du martyre ».

Si grande, a-t-on pu dire, fut la douleur de Marie au Calvaire, que, divisée entre toutes les créatures capables de souffrir, elle les ferait toutes subitement mourir. C’est l’admirable paix de Notre-Dame, maintenue quand même dans l’acquiescement parfait, dans l’abandon total de son être au Seigneur, qui put seule alors soutenir en elle une vie que l’Esprit-Saint gardait pour l’Église. Puisse la communion des Mystères sacrés nous donner cette paix de Dieu qui surpasse tout sentiment, qui garde les intelligences et les cœurs.

Postcommunion : « Que les sacrifices auxquels nous avons participé, Seigneur Jésus-Christ, en célébrant dévotement la transfixion de votre Mère toujours Vierge, obtiennent de votre clémence le don de tout bien salutaire ».

Comme l’indique la Postcommunion, la mémoire pieuse des Douleurs de la divine Mère nous est d’un grand secours pour trouver tous les biens dans le Sacrifice de l’autel.