Messe : Gaudeamus
Oraison : « O Dieu, dont le Fils unique nous a obtenu le prix du salut éternel par sa vie, sa mort et sa résurrection ; faites, nous vous en prions, qu’honorant ces mystères au moyen du très saint Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie, nous imitions ce qu’ils contiennent, et obtenions ce qu’ils promettent. »
Au temps où l’hérésie des Albigeois, particulièrement hostile à la dignité de l’auguste Mère de Dieu, ravageait avec une fureur impie la région de Toulouse, le bienheureux Père Dominique jeta les fondements de l’Ordre des Frères Prêcheurs. Il se consacra tout entier à la lutte contre cette hérésie et, pour cela, appela par des prières continuelles le secours de la bienheureuse Vierge. Elle-même l’engagea à prêcher avec toute la ferveur de son âme le Rosaire, moyen sans pareil pour renverser les hérésies et détruire les vices. Dès lors donc, par les soins du bienheureux Dominique, le Rosaire, cette manière de prier si salutaire, commença à être enseignée avec une fécondité incroyable pour le bien des âmes. Que saint Dominique soit l’auteur de cette institution, c’est ce que déclarent en des documents apostoliques Léon X, Pie V, Grégoire XIII et Sixte Quint.
Le Rosaire ou Psautier marial consiste en une forme consacrée de prières adressées à Dieu en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie : pendant quinze dizaines de Salutations Angéliques séparées l’une de l’autre par !’Oraison Dominicale, on parcourt
successivement les quinze principaux mystères de la Rédemption du genre humain, en méditant sur chacun d’eux. Parmi les nombreux fruits du Rosaire on mentionne notamment, avec raison, la victoire navale que, en l’an du Seigneur 1571, le sept octobre, un dimanche, les princes chrétiens remportèrent à Lépante dans le golfe de Corinthe, sur la flotte turque, bien supérieure en force. En effet, comme ce jour-là les Confrères du Rosaire avaient leurs prières et leurs processions accoutumées, on croit avec piété que celles-ci ont été d’un puissant secours pour la flotte chrétienne.
C’est ce qu’a reconnu ouvertement encore Grégoire XIII dans une lettre apostolique. Aussi, Clément VIII, confirmant la fête du Rosaire instituée par Grégoire XIII pour la raison précitée, ordonna d’inscrire dans le calendrier officiel de l’Église ce qui suit : Le septième jour d’Octobre, Commémoraison de sainte Marie de la Victoire, que le Souverain Pontife Pie V a fixée chaque année à cette date, en mémoire de l’insigne victoire remportée ce jour-là par les Chrétiens dans un combat naval contre les Turcs grâce au secours de la Mère de Dieu. Et Grégoire XIII a décrété la célébration annuelle de la solennité du Rosaire de la bienheureuse Vierge le premier dimanche de ce mois. Léon XIII enfin, dans nos temps si troublés pour l’Église et en présence de l’affreux déchaînement de maux qui nous accablent depuis si longtemps, a souvent et vivement engagé, par des lettres apostoliques réitérées, tous les fidèles du monde à la dévotion du Rosaire de Marie, les engageant à le réciter surtout pendant le mois d’Octobre. Il a, de plus, élevé cette fête à un degré supérieur, et ajouté aux Litanies de Lorette l’invocation de « Reine du très saint Rosaire », et enfin concédé à l’Église universelle un office propre pour cette solennité. Vénérons donc toujours la très sainte Mère de Dieu, au moyen de cette dévotion qui lui est très agréable : afin que celle qui, invoquée par les chrétiens confiants dans les supplications du Rosaire, nous a tant de fois obtenu d’abaisser et d’anéantir nos ennemis de la terre, nous accorde pareillement de triompher de ceux de l’enfer.
Quel que soit le mystère que je repasse dans mon esprit, c’est à Dieu que je pense ; et à travers tous ces mystères ce Dieu est mon Dieu. Méditer ces choses, selon moi c’est sagesse et, à mon jugement, c’est prudence que d’en ramener le souvenir : souvenir dont la douceur est comme l’amande du fruit, produit en abondance par la verge d’Aaron, et que Marie est allée cueillir dans les hauteurs des cieux pour le répandre sur nous à profusion. Oui, c’est bien au plus haut des cieux qu’elle est allée le prendre, et au-delà des anges, elle qui a reçu le Verbe du sein même du Père.
Emplissez ma bouche de la grâce de votre douceur, ô Marie. Illuminez mon esprit, ô pleine de grâces … Donnez à ma langue et à mes lèvres le mouvement pour vous chanter ardemment des louanges et, par-dessus tout, cette douce mélodie angélique, la plus célèbre, celle que l’Ange Gabriel, se présentant comme un serviteur, vous chanta, à vous la Vierge et la Mère inviolée de mon Dieu ; cette salutation, dis-je, merveilleusement opportune, très apte à sauver le monde, remède et protection pour toutes les âmes. Rendez-moi digne, moi votre humble serviteur, de vous louer, de vous dire la douce parole : Salut, Marie, pleine de grâce.