Confesseur, Pontife de l’Ordre dominicain
La Messe : Statuit, sauf ce qui suit :
Oraison : « Seigneur, faites que nous soyons secourus par les mérites de saint Antonin, votre Confesseur et Pontife, afin que, en vous proclamant admirable en lui, nous puissions nous glorifier de votre miséricorde en nous. »
On voit le parallèle : En saint Antonin nous proclamons et admirons la grandeur et la sainteté de Dieu ; en nous, nous glorifions sa miséricorde.
C’était un tout petit homme, frêle d’aspect, plutôt souffreteux d’apparence. Il était né à Florence. Mais sous cet extérieur chétif, il y avait un caractère supérieur,

décidé, généreux. Tout jeune, il se présente à Jean Dominici, Prieur de Santa Maria Novella, le grand couvent des Dominicains à Florence, et lui demande l’habit de l’ordre. Cet homme austère, qui voulait introduire la réforme de l’observance, regarde cet adolescent maigrelet et, ne voulant pas lui faire de peine par un refus absolu, lui demande ce qu’il fait. — J’étudie le droit, dit l’enfant. — Eh bien ! quand vous saurez le Digeste, de mémoire, vous reviendrez. C’était lui dire : Allez ! je ne puis pas vous accepter. Il me faut des hommes plus robustes que vous pour pratiquer l’observance.
Mais le petit homme avait de la tête, lui aussi.
Un an après, il revenait son Digeste dans sa mémoire, et ce n’est pas peu dire ! Émerveillé, Jean Dominici l’accepta. Il avait compris que dans ce corps frêle, il y avait une volonté. Il y avait plus : la sainteté, ce don complet de soi à Dieu.
Antonin apprit à lui seul, sans aucun maître, les sciences humaines et divines. Au milieu des bouleversements suscités par le schisme d’Occident, ballotté avec son tendre ami Fra Angelico, d’un couvent à l’autre, jamais il ne perd de temps. 11 a le goût de la science, qu’il estime nécessaire à un Frère Prêcheur. Sans relâche, il lit, il étudie, il écrit. Son esprit est large, mais son austérité religieuse demeure rigoureuse. Il bâtit à Florence pour les observants le fameux couvent de Saint-Marc, aux cellules étroites, aux fenêtres petites, mais toutes illuminées par les fresques joyeuses de Fra Angelico. Antonin bâtit, Angelico décore. Mais si l’austérité enserre les religieux dans une observance rigide, Antonin veut que leur esprit se développe à l’aise. Il accepte que dans son couvent il y ait une magnifique bibliothèque au service des Frères. Il veut même — et c’est probablement la première fois — que cette bibliothèque soit ouverte au public.
Nous avons ainsi la physionomie authentique de saint Antonin : observant rigide, travailleur acharné, joignons-y la bonté.
Quand, bien malgré lui, il est nommé archevêque de Florence, cette bonté de cœur se manifeste immédiatement par la fondation d’une société, sorte de société de Saint-Vincent de Paul, dont les membres avaient pour mission de découvrir et de secourir les pauvres honteux, ceux qui souffrent et par pudeur sociale, ne le disent pas.
Mais, très bon pour les petites gens, Antonin savait, à l’occasion, montrer aux Autorités de la République la limite de leurs droits. Inaccessible à toute flatterie, dédaigneux de toute menace, il en imposait à tous par sa droiture.
Et cependant, même dans le palais des archevêques de Florence, Antonin restait l’humble et pauvre Frère de Saint-Marc. Obligé d’aller à Rome pour complimenter le Pape Pie II de son élection, au nom de la République de Florence, Antonin laisse partir son fastueux cortège et, seul avec un compagnon de son Ordre, monté sur un âne, il fait son entrée dans la ville éternelle. Ce qui ne l’empêcha point de dire à Pie II de fortes vérités, comme il savait les dire, avec une bonté très habile.
Plus tard, quand Pie II passa à Florence pour se rendre au concile de Mantoue, Antonin était à l’agonie. Le Pape voulut le voir et lui donna une suprême bénédiction.
Il mourut le 2 mai 1459.
Noble et douce figure de saint religieux et de saint Pontife dont la vie parle toute seule, sans que l’on ait besoin de la commenter. Idéal du Frère Prêcheur dans la pauvreté, dans l’étude, dans 4’observance, dans la fermeté d’âme. Inclinons-nous avec respect devant ses restes vénérables qui reposent en son cher couvent de Saint-Marc. On dirait que Fra Angelico, le bienheureux peintre, fit de ce couvent une châsse pour honorer la mémoire de son ami.
Alléluia, Alléluia, Antonin, Pontife choisi de Dieu, Vierge et Docteur, doit être glorifié, alléluia.

Évangile : Vigilate
Offertoire : « Je médite sans cesse vos commandements que j’aime avec ardeur et je mets les mains pour les observer, car je les aime. »
C’est le vrai prêtre ! Celui qui, uni à l’unique Prêtre, le Seigneur Jésus, s’offre avec lui à la gloire de Dieu. Et non pas seulement en formule, mais dans la réalité de tout son être. Ne vivre que pour Dieu, comme Jésus, fut la règle sacerdotale de saint Antonin.
Communion : « Il fut le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur établit sur sa famille pour distribuer à chacun, en temps opportun, la mesure de froment. »
Postcommunion : « Restaurés par cette nourriture vivifiante, nous vous remercions, Seigneur, et nous vous demandons que ce que nous avons absorbé à la gloire de votre saint évêque Antonin devienne, par son intercession, un secours contre les attaques de l’ennemi. »
Antonin fut canonisé solennellement par le Pape Adrien VI, le 31 mai 1523 en la fête de la Sainte Trinité. Il y a donc, ce jour où sont écrites ces lignes, 400 ans. Il repose depuis lors, revêtu de ses ornements pontificaux, sous un autel de son église de Saint-Marc. Florence ne l’a pas oublié. Sa statue est sur la façade du Dôme et de magnifiques portraits sur toile ou en terre cuite perpétuent le souvenir de cette physionomie si frêle et si sainte.