Abbé, Docteur de l’Église
Messe : In medio
Oraison : « Dieu, qui avez donné à votre peuple le bienheureux Bernard comme ministre du salut, faites que celui que nous avons sur terre, comme Docteur de vie, nous méritions de l’avoir dans le ciel pour intercesseur ».
Docteur de vie, ministre du salut, c’est bien Bernard.
Dès son enfance, au château de Fontaines, près de Dijon, Bernard cherche Dieu. Dieu répond à la simplicité de son cœur. Et un jour, Bernard sort de ce château, malgré les larmes de ses parents, mais il ne sort pas seul. Ses frères, ses amis qui veulent le retenir, il les entraîne avec lui. Tous ensemble, ils se rendent à l’abbaye bénédictine de Cîteaux. L’arrivée de cette troupe de postulants met en émoi la communauté. Mais la ferveur de Bernard et de ses compagnons ne se contente pas de cet émoi joyeux. Il veut une vie religieuse intégrale. Il veut rétablir la vie bénédictine parfaite dans son austérité, dans son travail manuel, dans l’office liturgique. Moine, il veut l’être jusqu’au cou et il le devient. Son exemple est vivifiant. Autour de lui la sève monastique monte, envahit toute la communauté et son action devient si forte, si éclatante que l’Abbaye de Cîteaux prend la grande allure de
la sainteté primitive. Bernard la quitte pour établir à Clairvaux un autre centre de vie bénédictine, dont les essaims se multiplient.
Bernard se présente donc comme le type parfait du moine bénédictin. Aux observances les plus austères, aux travaux des champs il allie l’étude assidue des Saintes Lettres. Elles lui étaient si familières, que ses sermons, ses écrits sont parsemés de citations scripturaires qui viennent d’elles-mêmes sur ses lèvres. Sa dévotion à la Mère de Dieu était tendre. Il suffit de lire ses sermons, pour en goûter toute la suavité. Pareil homme ne pouvait demeurer inconnu. L’Église, à l’époque du XIIe siècle, traversait une période très difficile. Des hérétiques, des troubles civils agitaient le monde chrétien. Les Papes eux- mêmes se trouvaient menacés dans leur autorité spirituelle et temporelle. Tous ont recours à Bernard. Il lui faut quitter sa chère solitude, aller à Rome, intervenir auprès des princes, écrire sans cesse. Ce moine devient l’arbitre de la chrétienté. Il en gémit dans son cœur et quand il peut reprendre sa vie de cellule, il reprend en même temps le bonheur de son âme.
Il mourut à soixante-trois ans, usé par ses austérités, usé par ses labeurs et ses voyages incessants. Mais en mourant il pouvait se rendre cette justice qu’il avait sauvé l’Église de Dieu.
Bernard, se disait-il souvent, quand l’austérité ou le labeur l’accablait, Bernard, pourquoi es-tu venu ? Pour jouir ou pour souffrir ? Pour te reposer ou pour travailler ? Ah ! le bon serviteur qu’il fut. A tous il laisse, en ses écrits et plus encore en ses exemples une doctrine de vie, la vraie vie, celle qui se donne à Dieu sans réserve. Mais pour mener cette vie, il faut comprendre que Dieu seul est et que nous, ses créatures, nous ne sommes que pour l’aimer et le servir. Disons- nous souvent à nous-mêmes, comme Bernard : Pourquoi suis-je venu ? Pourquoi suis-je au monde ? Pour Dieu, pour Dieu seul, et marchons vers lui.