Confesseur, Patriarche des Frères Mineurs
La Messe
Introït : « Réjouissons-nous dans le Seigneur, en célébrant ce jour de fête à l’honneur du bienheureux François dont la solennité réjouit les anges et leur fait louer ensemble le Fils de Dieu. — Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, c’est aux cœurs droits qu’il appartient de le louer ».
Oraison : « Dieu, qui par les mérites de notre bienheureux Père François avez agrandi votre Église en lui faisant produire une nouvelle famille, accordez-nous, à son exemple, de mépriser les choses de la terre et de jouir éternellement de la possession des faveurs célestes ».
« Notre bienheureux Père François ! » En effet, nous le fêtons, le Pauvre d’Assise, comme notre Père, car il fut l’ami du bienheureux Dominique.
Leurs voies ne sont pas les mêmes. Elles se rencontrent cependant dans l’amour de Dieu et le désir violent de le faire aimer. François s’attache plus intimement à la pauvreté, au dénuement du Christ. Il en fait comme sa spécialité, si bien que cette pauvreté
devient pour lui sa méthode de prédication. Il regarde Jésus dans l’étable de Bethléem, il le regarde sur sa croix et le voyant si pauvre, si indigent, si dénué de tout ce qui est de la terre, son cœur se fond d’amour à ses pieds. Il n’a plus qu’un désir, l’imiter, réaliser en lui-même ce dénuement du Crucifié. Il se passionne pour Dame Pauvreté, sa Dame à lui, car en cette âme il y a de la passion chevaleresque. Né en Ombrie, au milieu de cette nature si riche de lumière, de verdure, de fleurs, François vit de toute cette beauté divine et la chante à son Créateur. Il se dépouille, nu, devant l’évêque d’Assise, au commencement de sa conversion, il se fait étendre nu sur la cendre, au moment de sa mort. Tout son amour est au-dedans : rien de la terre en son cœur qui ne soit une louange à la bonté de Dieu. C’est pourquoi, sur la cendre où il meurt, François chante la joie des créatures d’être ce qu’elles sont par leur très bon Créateur. C’est lui qu’il aime en elles, qu’il chante en elles. Dans le cœur de François, un amour seul, amour passionné chante l’amour de Dieu.
Épître de saint Paul aux Galates, c. 6. : « Frères, pour moi, puissé-je ne me glorifier en rien, si ce n’est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel le monde a été crucifié pour moi et moi pour le monde, car la circoncision n’est rien, ni non plus l’in- circoncision. Il n’y a plus qu’une nouvelle créature. Tous ceux qui s’attacheront à cette règle, paix sur eux et miséricorde, ainsi que sur l’Israël de Dieu. Dorénavant que personne ne me soit méchant, car je porte dans mon corps les marques de Jésus.
La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit, frères. Amen. »
L’union de François devint si profonde, si intime avec Jésus, pauvre, dénué de tout, que le Sauveur voulut imprimer extérieurement sur le corps de François ses « marques » à lui, ses divines blessures. De sorte que Jésus et François, même au-dehors, ne faisaient plus qu’un. En regardant François portant sur ses mains, sur ses pieds, sur son côté les blessures du Crucifié, on voyait Jésus lui-même.
Graduel : « Comme l’étoile du matin dans la brume légère, comme la lune en sa splendeur, il a brillé pendant sa vie. — Comme le soleil resplendissant de lumière, il a brillé dans le temple de Dieu. »
Alléluia, Alléluia : « O Patriarche des pauvres, François, augmente, par tes prières le nombre de tes enfants dans l’amour du Christ, ces enfants que, comme Jacob mourant, les bras croisés, les yeux éteints, tu as bénis. »
Évangile selon saint Matthieu, c. 11. : « En ce temps-là, Jésus répondit : Je vous bénis, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces mystères aux savants et aux sages, tandis que vous les avez révélés aux petits. Oui, mon Père, je vous bénis de ce que telle a été votre volonté. Tout a été mis en mes mains par mon Père. Et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui auquel le Fils voudra le faire connaître. Venez tous à moi, vous qui peinez à la tâche, qui êtes surchargés et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug ; apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et votre âme trouvera la paix. Car mon joug est suave, et mon fardeau léger. »
Profond enseignement pour les âmes intérieures. Il ne s’agit ni de courir, comme dit saint Paul, ni de vouloir pour connaître le Père, pour connaître le Fils, c’est-à-dire pour recevoir en son cœur l’illumination de la foi. Ni l’étude, ni la science, ni rien d’humain ne
peut élever l’âme à cette connaissance intime qui dépasse les moyens ordinaires de l’intelligence, il faut la lumière de l’Esprit-Saint. Seul, il est le révélateur de Dieu ; seul il fait connaître l’Auguste Trinité, d’une certaine manière, qu’il est même impossible d’exprimer. On voit au-dedans, on sent au-dedans, sans raisonnement, sans effort, par infusion, par pénétration subite, immédiate, suave. Et ce que l’on voit, ce que l’on sent, donne une certitude paisible absolue. C’est la lumière qui sanctifie, qui arrache la volonté aux attaches de la terre, qui trace devant les yeux la route, précise, nette, droite : La route que suivit François, quand il eut compris.
Alors, rien ne peut s’opposer à la marche. On laisse tout. Il n’y a plus qu’un seul être à connaître, à aimer : Dieu, et tout le reste pour Dieu. C’est l’unité parfaite dans une âme de la lumière et de l’amour. Dieu seul, de façon absolue, comme François le voyait et l’aimait. Nu, après la première vision intérieure, devant son évêque, nu sur la cendre où il expire, après avoir tout laissé pour Dieu. Et on le voit, avec une poignante émotion, cet homme en qui Jésus était seul, portant sur ses membres les marques de Jésus, croisant ses bras en forme de croix, et, devenu à peu près aveugle pour la terre, les étendant sur ses fils pour les bénir, comme autrefois dans le lointain des âges, le Patriarche Jacob.
C’est très grand, très beau, très divin. Inclinons-nous tous pour recevoir la bénédiction du Pauvre du Christ.
Offertoire : « Le Christ sera glorifié en moi, ou par ma vie, ou par ma mort. Car vivre pour moi c’est le Christ, et mourir un gain ».
Secrète : « Seigneur, sanctifiez ces offrandes que nous vous consacrons et, par l’intercession de notre bienheureux Père François, purifiez- nous de toute souillure de nos fautes ».
Communion : « Nos souffrances de la terre ne peuvent être comparées à la gloire future qui resplendira en nous ».
Nous souffrons, en ce monde, dans notre corps et dans notre âme, nous souffrons et nous sentons vivement la douleur qui nous étreint. Modicum passos, comme dit saint Pierre, souffrances de peu de temps, qui n’ont pas de comparaison, déclare saint Paul, avec la gloire éternelle du ciel. Nous en souviendrons-nous dans les siècles éternels ! Que sera, après un temps infini, et toujours le même infini, ce petit point très lointain de notre vie sur la terre ? Nous ne nous en souviendrons que pour bénir la bonté de Dieu. Nous pouvons souffrir un peu — Modicum passos ! — car nous avons l’éternité de joie pour nous dédommager.
Postcommunion : « Seigneur, que la grâce céleste glorifie votre Église illuminée, selon votre volonté, par les mérites et les exemples éclatants de notre bienheureux Père François, votre Confesseur ».
Lui, le Pauvre du Christ, il repose à Assise, sa ville natale, dans une magnifique basilique d’où son cœur rayonne sur le monde entier.