Évêque et Martyr
La Messe
Introït : « La loi de la vérité fut sur ses lèvres, l’iniquité n’y eut jamais place. Il se conduisit avec moi dans la paix et la justice et il détourna un grand nombre d’âmes du péché ! — Mon peuple, soyez attentif à ma loi, penchez votre oreille pour entendre les paroles de ma bouche ».
Oraison : « Dieu, qui avez accordé au bienheureux Irénée, votre Martyr et Pontife, de combattre les hérésies par la vérité de la doctrine et d’affermir heureusement la paix de l’Église, donnez à votre peuple la fermeté dans la sainte religion, et votre paix aux jours où nous vivons ».
L’Introït et l’oraison ont les deux mêmes idées qui caractérisent l’œuvre en ce monde de saint Irénée : La défense de la foi contre l’hérésie, la pacification de l’Église.
Irénée est des environs de Smyrne. Il appartient à cette première génération de chrétiens fervents qui succédèrent aux Apôtres. A Smyrne, il se fit dès son adolescence, le disciple de Polycarpe, ce saint martyr qui avait entendu les enseignements de l’Apôtre Saint Jean. Irénée, Polycarpe, Jean, le Christ Sauveur. La ligne généalogique chrétienne est nette, brève qui rattache Irénée au Seigneur Jésus. En écoutant Polycarpe, il entendait Jean, celui qui reposa sa tête sur la poitrine du Maître. Mais, désireux de connaître tout ce qu’il pourrait des traditions apostoliques, Irénée voyagea beaucoup et recueillit dans diverses Églises les enseignements laissés par les Apôtres ou leurs disciples immédiats. C’est ainsi, que, riche de doctrine, Irénée représente l’Église d’Asie au IIe siècle, avec ses croyances, ses coutumes, son esprit.
Mais ce qu’il reçut avec plus d’abondance peut-être, ce fut la charité fraternelle, dont la paix est le fruit. Il avait entendu par les lèvres de Polycarpe la suprême prédication de l’Apôtre Jean : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Et cette parole était entrée au plus intime de son âme. Ardent lutteur contre les hérétiques qui voulaient bouleverser les croyances fondamentales de l’Église, Irénée était plein de condescendance pour accepter la diversité de certains usages locaux. La paix au-dessus de tout, sauf la vérité.
Irénée se rendit ainsi à Lyon, dans les Gaules, où il trouva le bienheureux évêque, Pothin, qui lui conféra le sacerdoce. Les chrétiens de Lyon, qui furent bientôt des martyrs, heureux de posséder dans leur Église, un homme aussi instruit des choses de Dieu, déléguèrent Irénée auprès du Pape Éleuthère pour lui demander d’intervenir avec autorité dans la répression des hérétiques d’Asie. C’est le premier contact d’Irénée avec l’évêque de Rome, mais pour lui l’évêque de Rome, successeur de Pierre, est le chef unique de l’Église universelle. C’est à ce titre qu’il est délégué vers lui et qu’il remplit sa mission. Au retour, il trouva l’Église de Lyon ravagée par la persécution. Pothin était mort. Irénée fut choisi pour lui succéder. Il savait que c’était se vouer au martyre.
Une seconde fois, Irénée s’adresse au Pape. C’était Victor, le successeur d’Éleuthère. Il se montrait trop sévère, semblait-il, contre les chrétientés d’Asie qui célébraient la fête de Pâques à une époque différente de celle de Rome. Irénée lui expliqua respectueusement que, la foi n’étant pas en cause, il était préférable de ne pas troubler la paix de l’Église pour un simple rite, établi, disaient les Asiatiques, par leurs Apôtres.
De sorte que par ses écrits comme par ses actes, Irénée est un témoin authentique de la suprématie du Pontife romain sur l’Église universelle. Il le considère comme le chef de cette Église, à qui toutes les autres Églises locales doivent respect et obéissance. C’est à Rome, c’est auprès de l’évêque de Rome qu’Irénée trouve l’autorité divine du Christ.
Épitre de saint Paul à Timothée II, c. 3 et 4. : « Très cher, garde fidèlement les enseignements que tu as reçus et qui t’ont été confiés. Rappelle-toi ce que dès ton enfance tu as étudié, les Saintes Lettres, qui peuvent te diriger vers le salut par la foi au Christ Jésus. Toute Écriture inspirée de Dieu est utile aussi pour convaincre, corriger, former à la justice, en vue de rendre l’homme de Dieu parfait et prêt pour toute bonne œuvre. Je t’adjure devant Dieu et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, par son avènement et son royaume. Prêche la parole. Interviens à temps et à contre-temps. Reprends, condamne, exhorte en toute longanimité et doctrine. Un temps viendra où l’on ne supportera plus la saine doctrine. Au gré des passions, l’on se donnera des maîtres en grand nombre, dans la démangeaison d’apprendre. On détournera l’oreille de la vérité pour se tourner vers des fables. Mais toi, veille, travaille, sur toutes choses, fais œuvre de prédicateur de l’évangile, remplis jusqu’au bout ton ministère. »
Graduel : « Pour mes frères, pour mon prochain j’ai parlé de la paix. Garde l’innocence, cherche la justice, car l’homme pacifique conserve une part de ses biens. »
Alléluia, Alléluia : « demeure au milieu des prêtres sages et unis-toi à leur sagesse de tout ton cœur, afin que tu puisses apprendre toutes les choses de Dieu. Alléluia ».
Évangile selon saint Matthieu, c. 10. : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, ils ne peuvent tuer l’âme. Craignez plutôt celui qui peut condamner l’âme et le corps à la géhenne. Deux passereaux ne valent qu’une obole et cependant un d’entre eux ne tombe pas sur terre sans la volonté de votre Père.
Vos cheveux ont tous été comptés. N’ayez donc pas peur. Vous valez plus que tous les passereaux. Donc, quiconque me rendra témoignage devant les hommes, je lui rendrai moi aussi témoignage devant mon Père qui est dans les cieux. Mais celui qui m’aura renié devant les hommes, je le reniera moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux. »
Consolation suprême pour nous, chétives créatures ! Dieu, notre Père, veille sur de simples passereaux, à plus forte raison sur nous. Il a compté tous nos cheveux. Il pense à nous, il nous dirige, il nous protège, car il nous aime. Mais soyons fidèles à son amour ! Rendons-lui gloire par notre vie, par notre sang, s’il l’exige. Lui il nous rendra gloire dans le ciel. Ne le renions ni dans nos pensées, ni dans notre cœur, ni dans nos paroles, ni dans nos actes, il nous voit, il nous entend, il nous pèse. Si nous le renions gravement, lui aussi, un jour, il nous reniera : Va ! Je ne te connais point.

Offertoire : « Je répands ma doctrine sur tous comme la lumière du matin et je la ferai parvenir au loin ».
Secrète : « Dieu, qui ne laissez pas troubler les peuples qui croient en vous par aucune terreur, daignez accepter les prières et les offrandes que vous présente votre peuple, afin que la paix accordée par votre bonté fasse la sécurité des chrétiens contre tous leurs ennemis ».
Communion : « Voyez que je n’ai pas travaillé pour moi seul, mais bien pour tous ceux qui cherchent la vérité ».
Postcommunion : « Dieu, qui êtes l’auteur de la paix et qui l’aimez, dont la connaissance donne la vie et dont le service est régner, protégez ceux qui vous implorent contre toutes les attaques, afin que nous qui avons confiance dans votre protection, nous ne craignions, par l’intercession du bienheureux Irénée votre martyr et Pontife, aucune hostilité armée de nos adversaires ».
La lumière de la doctrine, la sécurité de la paix, voilà ce que nous demandons à Dieu par la prière et le sang du bienheureux martyr Irénée. Car lui aussi, en 202, il eut à rendre au Christ le témoignage du sang.