Confesseur, Abbé
Messe : Os justi
Oraison : « Seigneur, que l’intercession du bienheureux abbé Jean nous recommande auprès de vous, afin que, ce que nous ne pouvons pas obtenir par nos mérites, nous le possédions par sa protection ».
Évangile selon saint Matthieu, c. 5. : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous savez qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu auras la haine de ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient, afin que vous soyez les enfants de votre Père, qui est dans les cieux, lui, qui fait lever son soleil sur les bons et les mauvais et tomber de la pluie sur les justes et les injustes. Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense mériterez-vous ? Les Publicains ne le font-ils pas ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites- vous de plus ? Les païens ne le font-ils pas ? Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »
Le cœur de Dieu, notre Père, est notre modèle. Il faut que notre cœur à nous, chrétiens, soit grand comme le sien.
Ainsi le comprit Jean Gualbert. Nous sommes avec lui, à Florence, en l’an mille. Jean était un jeune seigneur, portant l’épée. Son frère très cher, Hugues, fut tué, un jour, par un parent. Jean en ressentit une douleur
profonde et dans son cœur une haine farouche, avide de vengeance, contre le meurtrier. Un Vendredi Saint, il le rencontra dans un endroit où il était impossible de s’échapper. Se voyant perdu, le meurtrier se mit les bras en croix. A cette vue, Jean pensa au sauveur Jésus, crucifié à pareil jour et étendant ses bras sur la croix en pardonnant à ses bourreaux. Cette pensée le toucha si profondément qu’il abaissa son épée, embrassa son ennemi et le traita avec bonté. Peu après, Jean entra dans l’église de San Miniato, se prosterna devant le crucifix, et la tête du Christ s’inclina affectueusement vers lui. C’était lui dire : Jean, je suis content de toi. Il abandonna le monde, se coupa lui-même sa belle chevelure et embrassa la vie monastique dans l’abbaye même de San Miniato. Plus tard, il fonda une congrégation bénédictine qui du lieu où elle s’établit prit le nom de Vallombreuse, la vallée d’ombre. Ses religieux étaient à la fois moines et apôtres. Et lui-même, le premier, il s’employa pendant toute sa vie, à défendre la foi. La charité du Christ dévorait ce cœur qui s’était ouvert devant elle à deux battants.
Jean Gualbert mourut en l’an mil soixante-treize.
Il fait bon de rencontrer en cette période si rude, en pleins siècles de fer, des âmes aussi nobles, aussi pénétrées du sens de l’évangile. Jésus parle toujours, et le fracas de ses ennemis n’empêche pas sa parole d’être entendue par les âmes de choix. Aujourd’hui, cette parole est la même, elle est éternelle : Aimez-vous les uns les autres.