Docteur de l’Église
Messe : In medio
Oraison : « Dieu, qui avez daigné accorder à votre Église, pour ¡’explication des saintes Écritures, un Docteur éminent en la personne du bienheureux Jérôme, votre Confesseur, faites que, par le secours de ses mérites et l’aide de votre grâce, nous puissions mettre en pratique ce qu’il a enseigné par sa parole et ses actes ».
Jérôme est dalmate de naissance, mais, dès son adolescence, il se rendit à Rome où il fut baptisé. Il y reçut aussi les leçons des hommes les plus instruits. Jamais homme ne fut plus avide de science. Partout où il espère trouver des maîtres de doctrine ou religieuse, ou profane, il va. Et c’est ainsi qu’il parcourt la Gaule, passe en Thrace, en Bithynie, en Galatie, en Cappadoce et par la Cilicie descend en Syrie. Il se fait moine dans les immenses solitudes qui s’étendent des confins de la Syrie jusqu’au pays des Sarrasins. Puis, toujours anxieux de savoir, il rentre en Italie où saint Paulin de Noie le fait prêtre. On le retrouve ensuite à Constantinople disciple de saint Grégoire de Nazianze. Rome le voit de nouveau. Le Pape Damase l’accueille avec joie et le prend pour secrétaire.
C’est là que Jérôme entre dans la société romaine et exerce une influence chrétienne décisive sur les nobles femmes qui s’appellent Paula, Eustochium et d’autres. Il les instruit, il leur ouvre l’intelligence des choses
divines, mais en même temps il leur montre la vanité des choses de la terre. Ravies par sa parole, soutenues par ses exemples de robuste sainteté, ces nobles femmes quitteront leurs palais pour suivre Jérôme à Bethléem. Car c’est là, près du berceau du Sauveur, que ce grand voyageur va fixer sa vie. Paula lui bâtit un monastère où l’homme de Dieu continue ses études scientifiques, qu’il ne cessa jamais, et en même temps publie les admirables travaux sur les Écritures, qui demeurent la lumière de l’Église. Il était à Bethléem, dans sa solitude comme le flambeau de l’Église catholique. De toutes parts affluaient à sa cellule les questions les plus graves que sa profonde et lucide sagacité devait résoudre. Rude à lui- même, il était peu disposé à se contenter de vagues aspirations religieuses. Il lui faillait, à ce lion du désert, une pâture forte et vivifiante. II l’exigeait aussi pour les autres. Quelquefois, dans la discussion, même avec des hommes comme saint Augustin, il riposte avec véhémence. Quelle profondeur d’âme ! Quelle vie d’intelligence et de foi, d’amour aussi ! Car Jérôme aimait Dieu de tout son être. Il est resté, pour toujours, l’idéal des âmes vigoureuses, éprises de science et de sainteté évangélique.
A Rome, dans le musée du Vatican, se trouve un admirable tableau du Dominichino, reproduit en mosaïque dans la basilique de Saint-Pierre. Ce tableau représente la dernière communion de Jérôme. Le vieillard, demi-nu se soulève avec effort, devant l’Hostie que lui présente un prêtre revêtu des plus riches ornements. Et le contraste entre la nudité de ce vieillard et la richesse de ccs ornements produit un effet merveilleux. Un lion est couché devant lui, son symbole énergique. Mais ce qu’il y a de plus beau, c’est le regard ardent de désir, qui fixe l’Hostie-Sainte. Toute l’âme de Jérôme expirant est dans ce regard de foi et d’amour. Jamais il ne fut plus éloquent.
Que ce regard pénètre jusqu’au fond de notre âme pour y faire entrer l’esprit de Jérôme, esprit de vérité et de force.