Confesseur, patron secondaire du diocèse d’Angers
Messe : Sacerdotes
Saint Maurille naquit dans une bourgade du Milanais, de parents illustres non seulement par le sang, mais surtout par la vertu. Dès sa tendre enfance, il fut confié à la direction spirituelle de saint Martin, encore retiré dans un monastère à Milan. Il y reçut les premières semences des saintes lettres et de la piété chrétienne. Mais la fureur des Ariens contraignit bientôt saint Martin à l’exil, privant ainsi Maurille d’un maître céleste. Ce dernier, aspirant à une vie toute consacrée à Dieu, fut appelé par saint Ambroise, évêque de Milan, à exercer la fonction de lecteur dans l’église cathédrale.
Orphelin de père, il se détacha du monde, renonça à ses biens, quitta sa famille et rejoignit saint Martin, désormais archevêque de Tours. Il y mena pendant plusieurs années une vie de clerc assidu, voué aux divins offices. Ordonné prêtre malgré son humilité résistante, il embrassa une vie encore plus austère afin de se rendre digne des grâces de son ministère. L’Esprit-Saint, qui anime les véritables serviteurs de Dieu, le poussa ensuite à se
rendre à Angers pour travailler au salut des âmes et étendre le règne du Christ dans les contrées encore souillées par l’idolâtrie.
Dès son arrivée, il embrasa la ville et les campagnes d’un saint zèle. Il implora le ciel de détruire un antique temple païen : Dieu exauça sa prière, et le feu du ciel consuma l’édifice maudit. Sur ces ruines, il éleva un sanctuaire à la gloire de Jésus-Christ, qu’il administra douze ans avec ferveur. Il fixa sa demeure à Chalonne, où il fonda un monastère, devenant le cœur de son œuvre apostolique. Sa sainteté éclata par d’innombrables miracles : infirmes guéris, possédés délivrés, et même des morts rendus à la vie par la vertu du signe de la Croix.
Ce thaumaturge angélique fut élu évêque d’Angers à la suite d’une inspiration divine. Les fidèles et la noblesse, divisés dans leurs choix, furent unis par l’intervention de saint Martin, métropolitain, qui désigna Maurille comme l’élu de Dieu. Lors de son intronisation, une colombe d’une blancheur céleste descendit sur sa tête, témoignant de la présence du Saint-Esprit. Dès lors, Maurille exerça son épiscopat dans une ferveur apostolique rare, imitant les saints évêques de l’Église primitive, unissant douceur et fermeté, austérité et charité.
Mais Dieu permit une épreuve qui fut pour lui l’occasion d’une pénitence exemplaire. Un enfant, qu’il avait obtenu par ses prières pour une femme stérile, mourut sans avoir reçu le sacrement de Confirmation, faute d’avoir interrompu la messe. Déchiré par le remords, il abandonna secrètement son siège et se retira comme jardinier en Angleterre. Sept années durant, le diocèse d’Angers le chercha en vain. Ce n’est qu’un miracle – la découverte de ses clefs dans le ventre d’un poisson – qui permit aux émissaires de le retrouver, par les anges guidés.
Contraint par les signes manifestes de la divine Providence, il accepta de revenir à son troupeau. À son retour, un nouveau prodige scella son apostolat : il ressuscita l’enfant défunt, qu’il nomma René et éleva dans la sainteté jusqu’à l’ordonner prêtre puis évêque d’Angers. Ce fils spirituel fut le digne successeur de son bienfaiteur. Le peuple entier, ému de componction et de joie, célébra le retour de son pasteur avec des cantiques et des
larmes d’allégresse.
De retour à la tête de son Église, Maurille continua d’exercer un zèle pastoral inlassable. Il visita les moindres recoins de son diocèse, corrigeant les abus, extirpant les superstitions païennes, édifiant des églises, et encourageant la pratique fervente des sacrements. Il détruisit un autre lieu idolâtre nommé Commouicus, où les paysans se livraient encore aux orgies bacchanales. Par la prière, le jeûne et la bénédiction, il purifia le lieu et y fit bâtir une église dédiée à la Très Sainte Vierge.
Son austérité était admirable : il couchait sur la cendre, ne buvait que de l’eau, ne mangeait qu’un pain d’orge tous les trois jours en Carême. Il vivait dans le silence, la paix intérieure et la contemplation des mystères divins. Pourtant, rien sur son visage ne trahissait la rudesse de son ascèse : il rayonnait d’une joie spirituelle, et sa présence inspirait confiance et conversion. À la fois pontife, père et pénitent, il fut le modèle accompli de l’évêque selon le Cœur de Dieu.
Jusqu’à son dernier souffle, il fut le fidèle dispensateur des mystères du salut. Sentant approcher l’heure de son passage, il rassembla ses clercs, les exhorta à la charité mutuelle, à la pureté et à la vigilance contre les assauts du démon. Il rendit son âme à Dieu le 13 septembre 426, dans sa quatre-vingt-dixième année, et la trentième de son épiscopat. Ses funérailles furent célébrées avec une immense ferveur : le peuple, dans une sainte tristesse, pleura son père et intercesseur auprès de Dieu.
Depuis, saint Maurille est vénéré comme l’un des plus illustres patrons du diocèse d’Angers. Représenté avec la colombe de l’Esprit-Saint, les clefs dans le poisson, ou ressuscitant un enfant, il demeure un exemple éminent de fidélité, de sainteté et de paternité sacerdotale. L’Église d’Angers lui doit ses fondements, son zèle apostolique et sa première vraie splendeur. Que son intercession continue de protéger ce diocèse, et d’édifier les âmes dans l’amour de la vérité catholique et la ferveur des saints.