La Messe
Introït : « Tous les Anges, bénissez le Seigneur ; vous qui êtes puissants, vous qui accomplissez sa volonté, vous qui entendez sa parole. — Mon âme, bénis le Seigneur, que tout mon être bénisse son saint Nom ».
Aux Anges de bénir le Seigneur, mais au premier des Anges, au prince de l’armée du ciel, à l’Archange Michel de donner à Dieu la suprême louange. La louange d’un être à Dieu vient de tout ce qu’il est comme être, puisque tout ce qu’il est comme être vient de Dieu. S’il en est ainsi le premier être devant Dieu doit lui rendre la première louange. Louange de tout ce qu’il est, car tout ce qu’il est, il l’a reçu de Dieu. Et c’est bien la louange magnifique de Michel. Voyant en lui-même que tout ce qui le faisait lui-même, toute sa sagesse, toute sa puissance, tout son bonheur venait de Dieu, il se tourna vers Dieu, de toute sa libre volonté, pour lui faire hommage de tout lui-même. Et avec lui, illuminés par lui, les autres Anges firent ce même hommage à leur Créateur. Il n’y eut pour le refuser que ceux qui suivirent dans son orgueil un autre prince des armées célestes, et qui, avec lui, déchus de leur gloire, privés de leur bonheur, furent jetés hors du ciel.
Aussi Michel, par son nom même, signifie tout ce qu’il est et tout l’hommage qu’il fit à Dieu de lui-même : Qui est comme Dieu ? C’est son nom de triomphe, son nom essentiel. Il est substantiellement devant Dieu cet acte
de volonté qui le porta librement à se mettre à sa place de créature. Et, de ce chef, Michel est le prince des humbles.
Oraison : « Dieu, qui distribuez, en un ordre admirable, les ministères des Anges et des hommes, accordez-nous avec bonté que notre vie soit protégée sur la terre par ceux qui vous servent et vous entourent continuellement dans le ciel ».
Lecture du Livre de l’Apocalypse de l’Apôtre saint Jean, c. 1. : « En ces jours-là, Dieu fit connaître les choses qui devaient arriver bientôt, en envoyant un Ange à son serviteur Jean, qui a annoncé la parole de Dieu et rendu témoignage de tout ce qu’il a vu de Jésus-Christ. Heureux celui qui lit et qui comprend les paroles de cette prophétie, celui qui observe ce qui s’y trouve écrit. Car le temps est proche.
Jean, aux sept Églises qui sont en Asie : la grâce et la paix vous soient données par celui qui est, qui était, qui doit venir, et par les sept Esprits qui sont devant son trône, et par Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le prince des rois de la terre, qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang. »
La Liturgie applique à saint Michel ce passage de saint Jean, comme si, dans l’idée de l’Église, l’ange qui apparaît à Jean, qui lui révéla les destinées futures du monde, jusqu’à la catastrophe finale, était précisément l’Arch- ange lui-même. Et pourquoi pas ?
Michel, le prince des armées célestes, est par là même le grand illuminateur des Anges qui lui sont inférieurs. De lui, la lumière qu’il reçoit de Dieu, selon l’admirable doctrine de saint Thomas, descend en ondes de clartés jusqu’au dernier ordre des Anges. Ce qu’il sait de Dieu, Michel le dit aux anges qui le suivent et la lumière se répand dans une paix joyeuse sur le ciel entier.
Quoi d’étonnant, alors, que Michel ait ce même rôle d’illuminateur vis-à-vis de l’Église ? Par lui, la science des choses futures est donnée à Jean et Jean la communique à tous les serviteurs de Dieu.
Si Dieu, est-il écrit, se révèle aux humbles, combien doit-il se révéler au Prince des humbles. Mais le Prince des humbles ne garde pas la lumière divine pour lui. Il devient lui-même source de lumière pour tout ce qui est au-dessous de lui. Et c’est ainsi que Michel serait l’Illuminateur de Jean et par Jean de l’Église de Dieu.
Graduel : « Tous les Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur, vous qui êtes puissants, vous qui accomplissez sa volonté. — Mon âme, bénis le Seigneur, que tout mon être le plus intime bénisse son saint Nom. »
Alléluia, Alléluia : « Seigneur mon Dieu, je chante vos louanges, en présence de vos Anges ».
Évangile selon saint Matthieu, c. 18. : « En ce temps-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : Qui, pensez-vous, sera le plus grand dans le royaume des cieux ? Et Jésus, appelant un enfant, le plaça au
milieu d’eux et dit : En vérité, je vous le dis, si vous ne vous transformez pas et si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui qui s’abaisse au niveau de ce petit, sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et celui qui recevra un de ces petits en mon nom, me recevra moi-même. Mais pour celui qui aura scandalisé un de ces petits, qui croient en moi, il vaudrait mieux qu’on lui suspendît au cou une meule de moulin et qu’on le jette au fond de la mer. Malheur au monde à cause des scandales. Il est nécessaire qu’il y ait des scandales. Mais malheur à celui par qui le scandale arrive. Si ta main ou ton pied te scandalise, arrache-les et jette-les : Il vaut mieux pour toi entrer dans la vie mutilé ou boiteux, que, en ayant deux mains et deux pieds, être envoyé au feu éternel. Et si ton œil te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi : il est meilleur pour toi d’entrer dans la vie avec un œil que d’être envoyé dans la géhenne du feu. Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits. Car, je vous le dis, leurs Anges dans le ciel voient toujours le visage de mon Père, qui est dans le ciel. »
Les Anges nous voient, et ils voient Dieu. Us sont les témoins de notre vie et si elle est mauvaise, si elle scandalise les petits, les innocents, si elle les porte au mal, ils seront devant Dieu nos accusateurs et les vengeurs de ces petits. Qu’on leur ressemble plutôt ! Que l’on devienne devant la majesté divine petit comme eux, humble comme eux. L’Archange Michel, dans toute sa splendeur, s’est abaissé, s’est fait tout petit, un rien devant cette majesté. Il a pris sa vraie place ; prenons la nôtre. Et certes, la dernière nous convient plus qu’à lui, vers de terre que nous sommes.
Offertoire : « L’ange se tint près de l’autel du temple ; il avait à la main un encensoir d’or. On lui donna beaucoup d’encens et la fumée des parfums monta devant la face de Dieu ».
Secrète : « Seigneur, nous vous offrons ces louanges, en vous priant de les agréer avec clémence, par le suffrage des Anges, et de les faire servir à notre salut ».
Communion : « Tous les Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur. Chantez un hymne en son honneur et glorifiez-le dans tous les siècles ».
Postcommunion : « Seigneur, soutenus par l’intercession du bienheureux Archange Michel, nous vous supplions de nous faire recevoir dans notre âme ce que nous demandons par notre bouche ».
Le tout n’est pas de prier Dieu avec nos lèvres, il faut que notre prière parte de notre cœur et y appelle la grâce de Dieu. C’est là la vérité de la prière.
L’Archange Michel s’est fait français. Il a d’abord consacré une montagne à son nom, cette cime qui domine la mer et où il préside de haut aux destinées de notre pays.
Il est descendu plus bas, il est venu auprès d’un enfant, qui s’appelait Jeanne, à Domrémy et il lui a dit des choses merveilleuses. C’était en France une grande calamité. Le royaume était perdu ; l’Anglais en devenait le maître. Non ! saint Michel s’y oppose. Il se dresse de toute sa hauteur contre l’Anglais et il dit à cette enfant : Va, fille de Dieu ! Va ! sauve la France. Ne crains rien, je serai avec toi. En Jeanne d’Arc il y avait la force de l’Archange. Qui pouvait lui résister ? L’Archange la conduisit où il voulait, à Orléans, à Reims. Puis, il la conduisit au bûcher. Être de feu lui-même, il fit de cette enfant un être de feu à la gloire de Dieu, à la gloire de Jeanne. Car le plus beau triomphe de Jeanne, ce n’est ni Orléans, ni Reims : son plus beau triomphe c’est son bûcher. C’est le plus beau triomphe en elle de l’Archange saint Michel.
Qu’il veille toujours sur la France !