La Messe
Introït : « Les puissants de la terre imploreront vos regards. Des vierges seront amenées au roi pour marcher à sa suite. Les plus proches de lui vous seront présentées dans la joie et l’allégresse. — Mon cœur a besoin de chanter : au roi je consacre mes chants ».
Oraison : « Dieu qui avez voulu que votre Mère s’appelât Marie, faites, nous vous en prions, que ceux qui implorent ce doux nom de Marie reçoivent le secours perpétuel de sa bénédiction ».
Marie ! C’est-à-dire la Souveraine. En effet, l’humble vierge Marie est souveraine. Après Dieu, le souverain absolu, aucune créature ne partage la haute et incommunicable dignité de Marie. Elle est la Mère de Dieu et nul ne peut aspirer à pareil titre. Souveraine de gloire, Souveraine de puissance, oui, mais avant tout, au- dessus de tout, Souveraine d’amour. On l’a appelée la Toute-Puissance suppliante. Et c’est bien là sa souveraineté ! Placée au plus près de la souveraineté absolue de Dieu, Marie, elle, inférieure comme créature, a précisément dans sa faiblesse même toute puissance sur Dieu. L’Amour est le grand vainqueur. Elle le sait et c’est par l’amour qu’elle obtient tout de Dieu. C’est l’amour pour Dieu, c’est l’amour pour nous, pauvres créatures, qui met en ses mains toute la puissance de Dieu. Et c’est pourquoi, tous, puissants de la terre ou chétifs serviteurs, nous implorons les regards de notre mère. Quand Marie abaisse son doux, son bon regard sur nous, nous sommes sauvés.
Lecture du Livre de la Sagesse, Eccl., 24. : « Comme la vigne je répands la suavité de mon parfum Mes fleurs produisent l’honneur et la pureté. Je suis la mère de l’amour pur, de la crainte, de la lumière et de la sainte espérance.
En moi se trouve toute grâce de vérité et toute grâce pour l’atteindre ; en moi, toute espérance de vie et de force.
Vous tous, qui me désirez, venez à moi, je vous remplirai de mes fruits. Mon esprit est plus doux que le miel, et ma possession au-dessus du miel et de ses rayons. La mémoire de mon nom durera pendant tous les siècles.
Ceux qui se nourrissent de moi ont encore faim, et ceux qui me boivent ont encore soif. Celui qui m’écoute n’a point à craindre de confusion ; celui qui travaille avec moi, ne péchera point. Ceux qui me font connaître, posséderont la vie éternelle. »
Ce texte s’applique d’abord à la divine sagesse, mais chaque mot a un sens propre à la Mère de Dieu. Elle est la vigne qui répand la suavité de son parfum. Elle est la mère de l’amour chaste qui conduit à Dieu, qui le fait
révérer, même en l’aimant, avec crainte, qui donne la grande espérance, l’espérance de la joie éternelle de Dieu lui-même. C’est la Mère de Dieu qui nous montre la route pour arriver à la vérité, qui nous donne la force pour briser les obstacles. Elle est plus douce que le miel, l’humble vierge Marie ; qui la prie sent en son cœur la suavité de cette douceur. Avec elle, on n’est jamais rassasié de connaître et d’aimer Dieu, car avec elle on comprend que ce que l’on connaît est peu de chose vis-à-vis de ce qui reste à connaître, peu de chose l’amour que l’on a, devant la profondeur infinie de l’amour de Dieu. Et sous sa maternelle direction, l’âme éclairée, illuminée, embrasée, marche pour avoir une lumière plus grande, un amour plus ardent.
Graduel : « Vous êtes bénie, vous êtes vénérable, Vierge Marie, vous qui, en gardant intacte votre virginité, êtes devenue la mère du Sauveur. — Vierge, Mère de Dieu, celui que le monde entier ne peut contenir, s’est enfermé, devenu homme, dans votre sein. »
Alléluia, Alléluia : « Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, vous êtes l’honneur de notre peuple ».
L’humble vierge Marie est la plus noble créature humaine. Elle est le chef-d’œuvre de l’humanité. C’est elle qui est la plus proche de Dieu. De sorte que, en elle, la création atteint sa suprême perfection. Dieu aurait pu réaliser dans les êtres supérieurs, dans les anges, cette perfection suprême, la réaliser par en haut. Il ne l’a pas fait II la réalise par en bas. Et tous les êtres créés, matériels, vivants, spirituels, comme concrétisés en l’humble vierge Marie, sont, en elle, la plus grande louange à la bonté divine. Au-dessus d’elle, qui n’est que simple créature, il n’y a que le Fils de Dieu. Son fils aussi à elle, fait homme, par qui elle-même, et en elle toutes les créatures font passer cette suprême louange. Car c’est lui le chef, le chef unique auquel Marie, et toutes les créatures sont rattachées comme ses membres. Ainsi l’unité de louange à Dieu dans tous les êtres est parfaite.
Évangile selon saint Luc, c. 1. : « En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge, fiancée à un homme, dont le nom était Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie. En entrant auprès d’elle, l’Ange dit : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes. En entendant ces paroles, elle fut troublée et elle se demandait ce que signifiait ce salut. Et l’Ange lui dit : Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un Fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé le Fils du Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Et il ‘ régnera dans la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin.
Marie dit alors à l’Ange : Comment cette chose pourra-t-elle se faire, puisque je ne connais point d’homme ? Et l’Ange lui répondit : L’Esprit-Saint descendra en vous et la puissance du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi ce qui naîtra saint de vous, sera appelé le Fils de Dieu. Voici, du reste, qu’Élisabeth, votre parente, a conçu elle-même un fils dans sa vieillesse. Elle est à son sixième mois, elle que l’on disait stérile ; car rien n’est impossible à Dieu. Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon Votre parole. »
Offertoire : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de votre sein est béni ».
Un Ange prononce, le premier, pour nous, le nom de Marie, comme le premier, il prononce le nom de Jésus. C’est que, si Jésus est notre Sauveur, il est aussi le Seigneur des anges et même, pour certains, leur Sauveur également, en ce sens que la grâce qui préserva Michel et ses anges de la chute, aurait été méritée, elle aussi, par la Croix de Jésus. Et Marie de son côté, par sa dignité de Mère de Dieu, est souveraine des Anges. Il convenait donc que les Esprits angéliques fussent les premiers à saluer Marie comme Jésus. Tous, au ciel, les anges et les hommes ont la même Souveraine.
Secrète : « Par votre miséricorde, et par l’intercession de la bienheureuse Marie, toujours vierge, faites que l’offrande de ce sacrifice produise en nous la prospérité et la paix, pour le présent et pour l’éternité ».
Communion : « Heureux le sein de la Vierge Marie, qui a porté le Fils du Père éternel ».
Postcommunion : « Seigneur, après avoir participé aux sacrements, sources de notre salut, nous vous demandons d’être protégés partout et toujours par le secours de la bienheureuse Vierge Marie, en l’honneur de laquelle nous avons offert ce sacrifice à votre majesté ».
Cette fête du saint Nom de Marie célébrée déjà en certains endroits, fut imposée à toute l’Église par le Pape Innocent XI, pour remercier la très sainte Vierge Marie de la victoire remportée par les armées chrétiennes sur les Turcs, sous les murs de Vienne, en 1683.
C’est donc une fête d’action de grâces à la bonté protectrice de la Mère de Dieu. Ne cessons pas de la remercier, pour qu’elle ne cesse pas de nous protéger.