Confesseur
Messe
Introït : « La charité de Dieu s’est répandue dans nos cœurs par son Esprit qui habite en nous, alléluia, alléluia. — Mon âme, bénis le Seigneur ! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom. »
Oraison : « Dieu, qui avez élevé à la gloire de vos saints le bienheureux Philippe, votre Confesseur, faites que nous profitions de l’exemple des vertus de celui dont la solennité nous réjouit. »
Philippe était florentin. Dès son adolescence, il laissa un copieux patrimoine de famille et se rendit à Rome où il étudia les sciences sacrées. Ordonné prêtre par obéissance, il fut le plus saint des prêtres. L’amour de Dieu, on peut le dire sans exagération, le dévorait. Amour agissant, qui le portait à secourir toutes les misères morales et physiques. Il lui fallait conquérir des âmes à Jésus-Christ. Et pour cette conquête, qui résume toute sa vie, rien ne l’arrêtait. Il prêchait, catéchisait, confessait sans relâche. Innombrables furent ses fils spirituels. Son cœur les suivait partout, sa prière les protégeait. Et ses fils spirituels lui étaient tellement attachés, qu’ils ne pouvaient se séparer de lui. On le voyait dans les rues de Rome, aux catacombes, entouré, suivi d’une foule insatiable de le voir et de l’entendre. C’était comme cette attirance qui attachait le peuple aux pas de Jésus. On s’en scandalisait presque.
Pour multiplier les bienfaits de la parole de Dieu et de la confession, Philippe, débordé par le nombre, institua une société de prêtres qui devaient suivre ses exemples. C’est l’Oratoire. Né à Florence, il avait un culte pour la mémoire de Savonarole, qu’il vénérait comme un martyr. Ce culte s’étendait à tout l’ordre de Saint-Dominique. Philippe allait souvent au couvent de la Minerve, il parlait aux novices, il les entraînait à sa suite et comme un frère affectueux, il leur distribuait des friandises. L’ordre ne l’a pas oublié. La mémoire de Philippe de Néri y demeure en vénération attendrie.
Épître : Optavi, Fête de S. Thomas
Graduel : « Alléluia, alléluia, Il m’envoya d’en haut du feu dans mes os et il m’a instruit.
Alléluia, mon cœur s’est embrasé en moi, et le feu me dévore dans mes méditations. Alléluia. »
Ce feu d’en-haut qui embrase le cœur et qui instruit en illuminant l’intelligence, c’est l’Esprit- Saint, le feu de Dieu. Quand il prend possession d’une âme, il y dévore tout ce qu’il y a d’humain et alors on a cette vision merveilleuse d’un cœur, comme celui de Philippe de Néri qui brûle, qui demeure comme incandescent, au service de Dieu. On voit, pour ainsi dire, en lui l’Esprit-Saint lui-même, l’amour absolu, infini. Vision qu’eurent les romains pendant la vie de saint Philippe et dont ils ne pouvaient se lasser. Aujourd’hui encore, Philippe est le saint populaire de Rome, patron secondaire de la ville éternelle. Son cœur y brûle toujours.
Évangile : Sint lumbi
Offertoire : « J’ai couru dans la voie de vos préceptes, quand vous avez eu dilaté mon cœur. »
A la lettre Dieu dilata, élargit le cœur de Philippe, à tel point que ne pouvant plus trouver assez de place dans sa poitrine, son cœur fit éclater et briser deux côtes. Symbole énergique de son amour violent.
Secrète : « Seigneur, regardez avec bonté les sacrifices présents et faites que l’Esprit-Saint nous embrase de ce feu qui pénétra merveilleusement dans le cœur du bienheureux Philippe. »
Communion : « Mon cœur et ma chair ont tressailli de joie en pensant au Dieu vivant. »
Postcommunion : « Rassasiés des célestes délices, nous vous prions, Seigneur, par les mérites et l’exemple du bienheureux Philippe, de désirer toujours ce qui nous donne la vraie vie. »
Philippe a vécu la vraie vie, celle qui est de Dieu et va à Dieu. L’autre vie ne sert de rien. Aussi, devant son tombeau, l’Église demande à cet homme qui n’a pas cessé de vivre la vraie vie, tout en étant mort, de la communiquer aux fidèles. Ce cœur dévoré par l’amour de Dieu ne peut abandonner les âmes qui le prient.
Philippe mourut en 1595 à l’âge de 80 ans. Il repose en un magnifique tombeau dans l’immense église dite la Chiesa nova, bâtie par lui, avec toute l’ampleur de sa charité. Il fait bon s’agenouiller devant ce tombeau, car il en sort comme un feu qui vivifie le cœur et lui donne un amour plus pur et plus généreux.