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Saint Philippe et saint Jacques

Fêté le

1 mai

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La Messe

Introït : « Ils ont crié vers vous, Seigneur, au temps de leur affliction et du haut du ciel vous les avez exaucés, Alléluia, alléluia. — Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, la louange convient à ceux qui ont le cœur droit. »

Oraison : « Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle de vos Apôtres Philippe et Jacques, accordez-nous, nous vous en supplions, d’être instruits par les exemples de ceux dont les mérites nous mettent en joie. »

Philippe et Jacques, Apôtres du Seigneur, de ceux que le Seigneur Jésus choisit pour compagnons de sa vie mortelle, pour propagateurs de son œuvre. Rien que ce choix du Maître nous les rend aimables et vénérables.

Philippe était de Betsaïde, sur les bords du lac de Tibériade. Avec plusieurs de ses compatriotes, il s’était rendu auprès de Jean-Baptiste et il l’avait entendu qui disait en montrant Jésus de Nazareth au milieu de la foule : Voici l’Agneau de Dieu. Déjà André et un autre s’étaient présentés à Jésus. Ils le suivaient sans rien dire, intimidés. Jésus se retourna vers eux et leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui demandèrent : Où habitez-vous ? — Venez avec moi, et vous le verrez. Ils passèrent ce jour avec Jésus. Vers les dix heures, André rencontra son frère Simon et lui dit : Nous avons trouvé le Messie ; et il l’amena à Jésus. Jésus le regarda : Tu t’appelles Simon, fils de Jean, lui dit-il, désormais tu t’appelleras Cephas, c’est-à-dire, Pierre. Jésus n’en dit pas davantage. Mais quelle joie dans son cœur en regardant Pierre ! Si celui-ci avait pu savoir…

Le lendemain, le Maître se disposait à se rendre en Galilée, quand il rencontra Philippe. Jésus lui dit : Suis-moi ! C’est simple. Il ne demande pas à Philippe s’il veut le suivre,

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s’il peut le suivre. Maître des volontés, lisant à livre ouvert au fond des âmes, Jésus dit avec autorité et cette bonté de sa voix et de son regard : Suis-moi ! Philippe ne recule pas. Il était de Betsaïde, lui aussi. Pas d’objections, pas d’étonnement, il accepte et, tout de suite, il se fait apôtre. Rencontrant un ami, Nathanaël, pêcheur comme lui, il lui dit : Nous connaissons le Messie, le Promis, celui qu’annoncent Moïse et les prophètes, Jésus, fils de Joseph, de Nazareth. Nathanaël riposte, incrédule et moqueur : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe ne se froisse pas : C’est bien simple, viens avec moi et regarde-le.

Or, Jésus vit Nathanaël qui venait à lui, et il dit de lui : Voilà un bon Israélite, dont l’âme ne connaît pas la ruse. Surpris, Nathanaël réplique : Où m’avez-vous connu ? Et Jésus de répondre : Avant que Philippe ne t’appelle, je t’ai vu, quand tu étais sous le figuier. Nathanaël répondit : Alors, vous êtes vraiment Maître, le Fils de Dieu, le Roi d’Israël… Que se passa-t-il sous ce figuier ? nous n’en savons rien. Mais il faut croire que le fait était grave, inconnu de tous, pour que Nathanaël tirât cette conclusion. Dieu seul avait pu lire à ce moment dans sa conscience. Et voilà Philippe, apôtre de Jésus. A plusieurs reprises, on le voit aux côtés de Jésus. Il ne le quitte plus.

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Jacques était un parent du Seigneur, son cousin germain, son frère, comme on disait. Sa vocation est familiale. C’était un Juif rigide, fidèle à la loi, dur à lui-même. A la suite du Maître il garde ce caractère. Il a peine à laisser les observances judaïques, et l’entrée des païens dans l’Église du Christ ne se fait pas sans qu’il pose quelques conditions. Évêque de Jérusalem, le premier, il prêche la divinité de Jésus avec une telle fermeté qu’on l’arrête. Lapidé d’abord, puis conduit sur un lieu très élevé du Temple, il est jeté en bas. A moitié mort, il tend ses mains vers le ciel, et, comme Jésus, il dit : Seigneur, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Enfin, frappé durement à la tête, Jacques meurt, martyr de son amour pour le Christ.

Lecture du Livre de la Sagesse, c. 5 : « Les justes garderont une constance invincible devant ceux qui les persécuteront, qui leur refuseront le prix de leurs travaux. Et ce voyant, les persécuteurs seront saisis d’une horrible frayeur ; ils seront stupéfaits de voir les justes arriver au salut. Ils se diront en eux-mêmes pleins de regrets et gémissant d’angoisse : Voici donc ceux que nous avons tant de fois raillés, que nous avons méprisés. Insensés que nous étions, nous tenions leur vie comme une folie et nous pensions que leur mort était une honte. Et les voilà maintenant devenus les enfants de Dieu : ils font partie de l’assemblée des Saints. »

Regrets tardifs ! Regrets inutiles ! Car l’heure est passée de la miséricorde de Dieu. Que ce soit notre consolation en ce monde pervers. Qu’il se moque de nous tant qu’il le voudra, nous, nous avons la vérité, nous savons- où nous allons, le ciel est pour nous.

Ce devait être la grande joie des Apôtres dispersés dans le monde païen. Portant en eux la vérité de Dieu, la présence de leur Maître aimé, adoré, ils savaient l’inanité des dieux du paganisme et au milieu de ce monde idolâtre, ils passaient annonçant aux âmes privilégiées la vérité du Christ Sauveur. Et tranquillement, sans crainte pour l’avenir, forts de la pensée de leur Sauveur, ils mouraient. Ce n’était pas leur œuvre qu’ils faisaient, mais la sienne. Après eux, les premiers semeurs, d’autres viendraient travailler le champ du Père de famille.

Alléluia, alléluia : « Les Justes garderont une constance invincible en face de leurs persécuteurs. Alléluia. »

Évangile selon saint Jean, c. 1 : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : que votre cceur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de

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mon Père, il y a beaucoup de demeures. S’il en était autrement, je vous le dirais puisque je vais préparer votre place. Et quand je serai parti, quand j’aurai préparé votre place, je reviendrai et je vous emmènerai avec moi, afin que, où je serai vous soyez aussi. Et vous savez où je vais, et vous savez aussi la route qui y conduit. Thomas lui dit : Maître, nous ne savons pas où vous allez, comment pourrions-nous savoir la route ? Jésus dit : Je suis la voie, et la vérité et la vie. Personne ne vient au Père si ce n’est par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et bientôt vous le connaîtrez, vous l’avez déjà vu du reste. Philippe lui dit : Maître, faites-nous voir le Père et cela nous suffira. Jésus lui dit : Il y a si longtemps que vous êtes avec moi et vous ne me connaissez pas ! Philippe, qui me voit, voit mon Père. Comment donc peux-tu dire : Faites-nous voir le Père ? Vous ne croyez donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je dis, je ne les dis pas de moi-même, c’est le Père qui, demeurant en moi, fait tout ce que je fais. Vous ne croyez pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Du moins, croyez à cause des œuvres que je fais. Je vous le dis en vérité : Celui qui croit en moi, fera les œuvres que je fais, il en fera encore de plus grandes, car je vais à mon Père. Et tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon Nom, je le ferai. »

Nous sommes à la dernière Cène. Jésus va partir, il va mourir. Il explique une dernière fois ce qu’il est, où il va après sa mort. Mais ces pauvres gens qui l’écoutent ne comprennent pas. C’était dur à comprendre, du reste. Aussi le Maître est indulgent. A peine sent-on un reproche attristé dans son insistance. Les Apôtres avaient été les témoins de tant de prodiges ! Ils auraient pu lui faire crédit de leur foi, même sans comprendre.

Thomas, toujours positif, veut des précisions sur le lieu où va Jésus, sur la route à suivre. Philippe, lui, demande ingénument de voir enfin ce Père dont parle Jésus. Et il s’attire pour son bien et le nôtre, cette douloureuse réponse : il y a si longtemps que je suis avec vous et vous ne me connaissez pas encore !

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Mon Dieu ! que peu d’âmes arrivent à vous connaître ! J’entends cette connaissance intime, lumineuse, affectueuse qui vient du dedans. Sans doute, on connaît Jésus par le dehors, par l’Église, par l’étude, mais, cette connaissance n’atteint pas nécessairement l’âme, n’influe pas sur le cœur, encore moins sur la volonté. On vit de longues années côte à côte avec Jésus ; on le reçoit dans la sainte Communion, souvent, tous les jours, et il semble qu’il est toujours, non pas étranger, mais lointain ; il ne fait pas partie de nous-mêmes. C’est comme une pensée du dehors, un vêtement surajouté. Et l’on va ainsi, sans le voir à fond, sans l’aimer totalement jusqu’au bout, jusqu’à l’instant où cette vie vulgaire qui nous le cache disparaissant par la mort, on se trouve face à face, dans la réalité de ce qu’il est et de ce que nous sommes. Quel regret de ne pas avoir connu Jésus, quand il était si près de nous, en nous ! Seigneur, faites resplendir votre visage sur votre serviteur.

Offertoire : « Les cieux racontent vos merveilles, Seigneur, ils disent la vérité de votre être dans l’assemblée des Saints, alléluia, alléluia. » 

Secrète : « Recevez, Seigneur, avec bonté les offrandes que nous vous présentons en la solennité de vos Apôtres Philippe et Jacques, et détournez de nous les maux que nous méritons. »

Communion : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ! Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père, alléluia. Tu ne crois pas que je suis

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dans le Père et que le Père est en moi, alléluia, alléluia. »

Qui voit le Fils voit le Père, car le Père est ce qu’est le Fils, et le Fils est ce qu’est le Père : même nature, même grandeur, même puissance, même bonté. L’égalité divine est parfaite entre les trois Personnes de la Sainte Trinité, qui ne font qu’un seul et même Dieu. Donc, en voyant Jésus, on voyait le Père, en entendant Jésus, on entendait le Père. Les actes de Jésus comme ses paroles étaient les actes et les paroles du Père, en tant que Fils de Dieu, un avec le Père.

Postcommunion : « Seigneur, rassasiés des mystères salutaires, nous vous demandons d’être secourus par la prière de ceux dont nous célébrons la solennité. »

A Rome, dans la belle crypte de la basilique des Douze-Apôtres, à l’endroit le plus honorable, sous le Maître-Autel, se trouvent les corps des Apôtres Philippe et Jacques, ces deux amis et témoins du Christ Dans un reliquaire à part, on voit un pied de saint Philippe, et dans un autre un ossement de saint Jacques. Le sarcophage occupe le fond de l’Arcosolium. Et c’est avec émotion que l’on vénère les restes sacrés de ces deux Apôtres de Jésus, dont l’un était son cousin germain selon la chair.