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Saint Pie V (1504 – 1572)

Fêté le

5 mai

Saint Pie V 01

Pape de l’ordre dominicain

Saint Pie V naquit dans un bourg de Lombardie qu’on appelle Bosco, mais il était originaire de Bologne, de la noble famille des Ghisleri. Il entra à l’âge de quatorze ans dans l’Ordre des Prêcheurs. On remarquait en lui une admirable patience, une profonde humilité, une très grande austérité de vie, une application continuelle à l’oraison, et le zèle le plus ardent pour l’observance régulière et la gloire de Dieu.

Il excella à tel point dans l’étude de la philosophie et de la théologie qu’il les enseigna pendant plusieurs années avec grand succès. Il fit, en divers endroits, des sermons qui furent exceptionnellement fructueux pour ses auditeurs. Il exerça longtemps, avec une force d’âme inébranlable, les fonctions d’Inquisiteur et préserva beaucoup de villes, non sans péril pour sa vie, de l’hérésie alors envahissante.

Paul IV l’aimait beaucoup à cause de ses éminentes vertus ; il le promut d’abord à l’évêché de Népi et Sutri et, deux ans après, l’éleva au rang des Cardinaux Prêtres de l’Église Romaine. Transféré par Pie IV au siège de Mondovi dans le Piémont, le saint fut frappé de tous les abus qui s’y étaient introduits, et visita tout son diocèse. Y ayant rétabli l’ordre, il revint à Rome où, chargé de régler les affaires les plus importantes, il prenait toujours, avec une liberté et une conscience tout apostoliques, ses décisions selon la justice.

A la mort de Pie IV, contre toute attente il fut élu Pape. Dieu le choisit lui-même, on peut dire, pour trois motifs principaux : mettre un saint sur la chaire de saint Pierre, en face du Protestantisme ; abattre la puissance des Turcs et rendre à son Église, pour sa vie intérieure, une liturgie plus pure.

Excepté son habit extérieur, il ne changea rien à sa manière de vivre. Il eut toujours un grand zèle pour la propagation de la religion ; il travailla infatigablement à rétablir la discipline ecclésiastique ; il fit preuve d’une vigilance sans cesse en éveil pour extirper les hérésies, d’une bonté inépuisable pour secourir et soulager les pauvres, d’une force à toute épreuve pour maintenir les droits du Siège Apostolique.

Saint pour lui-même, Pie V voulut que l’Église se montrât Sainte elle-même. Et rien ne fut négligé par lui, pour introduire partout les réformes nécessaires imposées par le Concile de Trente. C’était la vraie réforme, la réponse authentique à la prétendue réforme de Luther. De plus, des abus nombreux s’étaient glissés dans l’office divin, ce culte officiel que l’Église rend à Dieu par le ministère de ses prêtres. Là encore, Pie V porta toute sa sollicitude. Il voulait que la prière de l’Église, son hommage incessant à la Majesté divine, fût digne de cette Majesté. Sa réforme liturgique eut un heureux succès.

Il y avait autre chose qui menaçait l’Église, non plus au-dedans mais au-dehors, c’était la puissance musulmane. Les Turcs faisaient assaut de toutes parts contre la chrétienté, il fallait ou les briser, ou disparaître. Pie V eut l’intrépidité de rassembler, malgré toutes les difficultés, une flotte nombreuse, dirigée par un chef habile et vaillant. Le 7 octobre, qui était le premier dimanche du mois, Turcs et chrétiens se rencontrèrent dans le golfe de Lépante. Les Turcs furent écrasés. C’était le salut de la Chrétienté. Jamais ils ne se relevèrent de cette défaite.

Ce 7 octobre, les Confréries du Rosaire faisaient dans toute l’Église leurs processions solennelles. Pie V, qui avait imploré avec les instances les plus vives le secours de la Sainte Vierge, vit à juste titre dans cette merveilleuse coïncidence la réponse de Marie à ses supplications. Pendant que la bataille navale se livrait, inspiré par Dieu, le Pontife ouvrit la fenêtre de son appartement, comme regardant au loin, et annonça à ceux qui l’entouraient la victoire des armées chrétiennes.

Saint Pie V 04

( Explication de l’image : Tandis qu’au second plan, une procession se dirigeant vers la gauche, porte une statue de la Vierge Marie, au premier plan, le pape Pie V est en prière, dans son oratoire. Agenouillé vers la droite, devant un autel surmonté d’un crucifix. Il se tourne vers l’arrière, un ange venant le visiter depuis le coin supérieur gauche. L’ange passe par-dessous la tenture à pompons qui théâtralise la scène. Il annonce au pape la victoire des forces chrétiennes à la bataille de Lépante. Cette bataille navale est figurée en arrière-plan, dominée, sur la droite, par une apparition dans les cieux de la Vierge du Rosaire.)

Il préparait une nouvelle expédition contre les Turcs, lorsqu’il tomba gravement malade. Il supporta avec une patience admirable de cruelles douleurs. Quand il fut à l’extrémité, il reçut les sacrements, puis rendit son âme à Dieu dans une paix profonde, l’an 1572, dans sa soixante-huitième année, après avoir régné six ans, trois mois et vingt-quatre jours. Son corps, dans la basilique de Sainte-Marie de la Crèche, est entouré de grande vénération par les fidèles, à cause des nombreux miracles obtenus par l’intercession du saint.

Après examen canonique de ces miracles, Clément XI l’a inscrit au nombre des saints.

La Messe

Introït : « Il invoqua le Dieu tout-puissant et le Seigneur donna à sa droite la force de détruire un guerrier puissant dans la guerre et de glorifier sa nation, alléluia alléluia. — Je vous aime, Seigneur, qui êtes ma force : le Seigneur est mon appui, mon refuge, mon libérateur. »

Cet introït belliqueux dépeint admirablement saint Pie V. Inquisiteur, Pape, ce grand homme fut un homme de combat. Dieu le créa pour la lutte.

Oraison : « Dieu, qui pour briser les ennemis de votre Église et pour restaurer le culte divin, avez daigné choisir pour Pontife suprême le bienheureux Pie, faites que nous soyons protégés par son assistance et que, nous attachant fortement à votre culte, nous puissions, toutes les embûches de nos ennemis étant détruites, jouir de la paix éternelle. »

Saint Pie V 02

Lecture du Livre de la Sagesse, c. 50 : « Voici le Grand-Prêtre qui pendant sa vie fut le soutien de la maison de Dieu et fortifia son temple. Il fit au temple des fondations profondes, édifia une double enceinte et les hautes murailles du temple. Il prit soin de son peuple et le sauva de la ruine. Il eut la gloire d’agrandir la cité et rendit son peuple honorable par sa conduite. Il élargit l’entrée et le parvis du temple. Quand il montait à l’autel, sa sainteté le couvrait comme d’un vêtement. Il se tenait près de l’autel, pour recevoir les oblations des prêtres, et, autour de lui se trouvait une couronne de frères, comme une plantation de cèdres sur le mont Liban. »

Alléluia, alléluia : « Le Seigneur est ma force et ma louange ; il fut mon Sauveur, ce Dieu, mon Dieu à moi, je le glorifie. »

Évangile selon saint Luc, c. 10 : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : celui qui vous écoute, m’écoute, et celui qui vous méprise, me méprise. Mais qui me méprise, méprise celui qui m’a envoyé. Or, les soixante-douze disciples revinrent avec joie et ils disaient : Seigneur, les démons même nous sont soumis en votre Nom. Et il leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme la foudre. Je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, de dominer toute puissance hostile, et rien ne vous nuira. Mais, ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous sont soumis ; réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont inscrits dans le ciel. »

Dans le sens de cette fête, Satan qui tombe du haut du ciel, c’est la puissance turque, l’ennemie du Christ, brisée pour toujours à Lépante.

N’est-ce pas chose providentielle que cette puissance qui était l’effroi de la chrétienté, succombât, grâce à l’énergie et à la prière d’un Pape dominicain, un de ces « champions de la foi » prévus par le Pape Honorius III.

Saint Thomas d’Aquin donne à l’Église sa doctrine théologique ; Pie V la délivre de son ennemi le plus redoutable, et, ce faisant, le Docteur et le Pontife font l’œuvre essentiellement dominicaine, qui est la défense de la foi. Le Docteur défend la foi par la lumière ; le Pontife, par la prière du saint Rosaire : Lumière et prière qui sont les deux éléments les plus essentiels de l’Ordre et lui donnent toute sa vigueur.

A nous aussi, la lumière et la prière peuvent assurer notre victoire intime, personnelle sur les ennemis de la foi en nous, et autour de nous. C’est là la vraie victoire, celle dont nous devons, au dire du Maître, nous réjouir le plus, car c’est celle qui nous conduit au ciel. Réjouissez-vous surtout de ce que vos noms sont inscrits dans le ciel. Toute autre joie, sans celle-là, est inférieure, vaine et stérile.

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Offertoire : « Seigneur, qui peut habiter dans votre temple ? Qui peut fixer son séjour sur votre sainte montagne ? Celui-là seul qui se garde sans tache et pratique la justice. »

Secrète : « Recevez, nous vous en prions, Seigneur, les prières et les offrandes de votre Église, afin que, par l’intercession du bienheureux Pie, votre confesseur et pontife, elles montent vers vous comme un sacrifice d’agréable odeur. »

Communion : « Vous avez fait de mes bras comme un arc d’airain, vous avez ceint mes reins pour le combat et vous avez abattu à mes pieds ceux qui se soulevaient contre moi. »

Postcommunion : « Seigneur Dieu, accordez avec bonté l’esprit de justice et de force à vos serviteurs, que vous avez daigné protéger par le zèle et la constance du bienheureux Pie, votre confesseur et pontife, contre les assauts de tous leurs ennemis. »

Justice et force, c’est Pie V. Justice pour tous, grands et petits, sans jamais fléchir ; force contre les ennemis de l’Église, ceux du-dedans et ceux du dehors. Double auréole qui illumine à jamais le front du saint Pontife.