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Saint Pierre de Vérone (1203 – 1252)

Fêté le

29 avril

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Martyr de l’Ordre dominicain

La Messe

Introït : « Dieu, vous m’avez sauvé de l’assemblée des méchants, alléluia ; de la foule de ceux qui commettent l’iniquité, alléluia, alléluia. — Dieu, exaucez la prière que je vous adresse, sauvez mon âme de la terreur de l’ennemi. »

Pierre de Vérone, naquit en cette ville, l’an 1203, d’une famille hérétique.

Sous le nom de Vaudois, Patarins, Cathares, de nombreux hérétiques s’étaient séparés de l’Église et infestaient de leurs doctrines perverses, aussi immorales que fausses, la Haute- Italie. Cependant il faut croire qu’au foyer familial de Pierre, il y avait une influence catholique importante et active, car il fut baptisé et instruit dans la doctrine catholique. Aussi l’introït est-il bien choisi pour ce futur martyr de la foi que la grâce de Dieu protégea dès son berceau et sauva de l’hérésie.

A l’âge de 15 ans, cette même influence qui nous est inconnue envoya Pierre à l’Université de Bologne. Il était sauvé. Car, à 15 ans, c’est l’heure où l’intelligence éveillée interroge, où elle cherche, où elle reçoit comme une cire vierge, les premières impressions, les plus profondes, qui pourront se ternir sous la poussière du chemin mais qui, à certains jours, surtout aux derniers, reparaissent plus nettes, plus précises, souvent plus aimées. C’est l’heure décisive où le sillon se referme sur le bon ou le mauvais grain : la moisson en dépend. Aussi, comme les mères doivent choisir le semeur !

A Bologne, outre l’étude salutaire, Pierre trouva saint Dominique. Il bouleversait alors l’Université par sa parole de feu et entraînait à sa suite, pour la défense de la foi, les

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âmes généreuses.

Cette idée profondément évangélique s’empara de Pierre de Vérone. Enseigner la foi, prêcher la foi, dans la pauvreté et la pénitence, avec la science sans limite, fut pour lui l’idéal le plus parfait. La sainteté de Dominique, sa simplicité, sa bonté l’attirèrent. Il reçut de ses mains l’habit de l’Ordre nouveau. Pierre avait 18 ans. C’était en 1221, peu avant le deuxième Chapitre général, peu avant la mort de saint Dominique. De sorte que l’on peut dire que Pierre de Vérone fut le Benjamin du saint Patriarche. En tout cas, en lui donnant l’habit de son Ordre, Dominique consacrait de ses mains le Prince des Défenseurs de la foi.

Toute la vie de Pierre de Vérone se résume dans ce titre.

Oraison : « Accordez-nous, Dieu tout-puissant, que nous soyons vraiment dévoués à la foi du bienheureux Pierre, votre martyr, qui, pour la propagation de cette même foi, a mérité de recevoir la palme du martyre. »

Épitre de saint Paul à Timothée, II, c. 2 : « Très cher, que personne combattant pour Dieu ne se préoccupe des occupations ordinaires de la vie civile, s’il veut plaire à celui qui l’a pris à son service. Car celui qui combat dans l’arène ne peut être couronné que s’il a lutté selon les règles fixées. Le laboureur qui travaille jouit le premier des fruits de la récolte. Comprends bien ce que je dis. Le Seigneur te donnera du reste l’intelligence de tout. Rappelle-toi que le Seigneur Jésus-Christ, né de la race de David, est ressuscité des morts, selon mon – évangile, pour lequel je souffre jusqu’à porter des chaînes comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée. Aussi je supporte tout à cause des élus, afin que, eux également, puissent obtenir le salut et la gloire éternelle qui nous viennent du Christ Jésus. »

« La parole de Dieu n’est pas enchaînée. »

Elle ne s’enchaîne pas. Pierre de Vérone en est une preuve éclatante.

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Chargé de défendre la foi dans la Haute-Italie contre les entreprises violentes des hérétiques, il accepta la lutte avec intrépidité. Rien ne put jamais le faire reculer. Partout il prêche, dans les églises et les places publiques. Autour de lui la foule est souvent hostile : elle ne lui ferme pas la bouche. Les retours à la foi catholique sont si nombreux que les adversaires prennent peur : « Ce sera bien plus merveilleux encore après ma mort », leur crie Pierre de Vérone. Car il sait sa destinée. Et de fait, un jour qu’il allait de Côme à Milan, des assassins se postent sur la route pour le tuer. Il faut faire taire à tout prix ce redoutable prédicateur. Ils lui fendent le crâne d’un coup de hache et le martyr tombe baigné dans son sang. Mais, avant de mourir, Pierre se redresse, il trempe son doigt dans son sang et écrit sur terre avec ce sang : Credo ! Je crois !

Alléluia, alléluia : « Heureux, celui qui, par sa vertu a remporté trois fois le triomphe, sous l’étendard de saint Dominique. »

Ce triple triomphe correspond aux trois couronnes dont la tête de Pierre de Vérone est ornée : il est docteur, vierge et martyr.

Ainsi l’ont acclamé les foules au moyen âge ; ainsi l’ont représenté les peintres les plus célèbres. Car Pierre de Vérone, ou comme l’on disait alors Pierre Martyr, fut un des Saints les plus populaires du moyen âge. On le voit sur un nombre considérable de tableaux, portant sur sa tête la hache qui le frappa.

Évangile selon saint Luc, c. 9 : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples: Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renonce soi-même, qu’il porte sa croix tous les jours et me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; mais celui qui la perdra pour moi, la sauvera. En effet, que sert à l’homme de gagner l’univers s’il se perd lui-même et fait tort à sa personne ? Car celui qui rougira de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme rougira aussi de lui quand il viendra dans sa majesté, la majesté de son Père et des saints Anges. »

On a le choix : Rougir du Christ, pour sauver sa vie ou perdre la vie pour lui demeurer fidèle. Mais pour donner sa vie par le martyre, il faut l’avoir donnée déjà par l’amour. Qui ne vit pas ordinairement de Dieu, qui ne le préfère pas à tout dans sa conduite ordinaire, comment pourra-t-il, sans miracle, mourir pour lui ? On meurt pour qui l’on aime. Et c’est pourquoi Notre-Seigneur unit les deux enseignements : le renoncement à soi-même pour lui et la mort pour lui. Les deux vont ensemble.

Offertoire : « Seigneur, vous avez posé sur sa tête une couronne enrichie de pierres précieuses. Il vous a demandé la vie, vous la lui avez donnée, alléluia. »

Vie pour vie ! Pierre de Vérone a donné sa vie humaine, tout son sang pour Dieu. Dieu, en retour, lui donne sa vie divine pour l’éternité.

Cette tête « couronnée de pierres précieuses » je l’ai souvent vénérée, à Milan, dans l’ancienne église dominicaine de Saint-Eustorge. Relique vénérable devant laquelle

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l’âme s’absorbe dans la prière. Elle est placée dans un tabernacle sur l’autel. Mais, devant, dans la chapelle, un splendide sarcophage contient les restes du vaillant martyr.

Moins d’un an après son martyre, Pierre de Vérone fut canonisé, par le Pape Innocent IV, à Pérouse, le 9 mars 1253.

Secrète : « Seigneur, exaucez avec bonté, par l’intercession du bienheureux Pierre, votre martyr, les prières que nous vous présentons et gardez sous votre protection les champions de la foi. »

Ces « pugiles fidei ou champions de la foi » sont les Prêcheurs, les Frères de Pierre Martyr. Titre à jamais glorieux que leur donna prophétiquement le Pape Honorius III, dans la bulle qui approuvait l’Ordre de Saint-Dominique. Que Pierre leur donne à tous sa vaillance de foi et de charité.

Communion : « Je suis la vraie vigne, et vous les rameaux. Celui qui demeure en moi et moi en lui, porte beaucoup de fruits, alléluia. »

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Postcommunion : « Seigneur, que les Sacrements que nous avons reçus, protègent vos serviteurs et, par l’intercession du bienheureux Pierre, votre martyr, qu’ils les gardent contre toute adversité. »

Signalons un des fruits les plus magnifiques du martyre de Pierre de Vérone.

C’est la conversion de son assassin Carino. Il s’enfuyait, poursuivi par les officiers de la force publique, quand il parvint à se réfugier comme un inconnu, à l’hôpital de Forli. Bientôt réduit à l’extrémité, il se confessa à un Père Dominicain. Pierre de Vérone le guérit miraculeusement et de cette âme de brute il fit un Saint. Carino, toujours inconnu, prit l’habit de l’Ordre à Forli même, où il vécut pendant quarante ans dans la plus rigoureuse pénitence. Le peuple l’appelait le Bienheureux. On déposa même ses restes, plus tard, dans le sarcophage du bienheureux Marcolin. Mais on sut, avant qu’il terminât ses jours, qu’il était l’assassin, depuis longtemps pardonné, de Pierre de Vérone.

A Saint-Eustorge même, dans une fresque représentant un groupe de Bienheureux dominicains, on voyait, la tête environnée de rayons, le bienheureux Carino, avec ce titre Petricida, le meurtrier de Pierre. A deux pas, le saint martyr reposait dans la gloire.