Vierge, Patronne secondaire de la France.
Messe
Introït : « Chantons le Seigneur, car il s’est glorifié magnifiquement. Le Seigneur est ma force, il est ma louange, il s’est fait mon secours. — Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car il a fait des merveilles. »
« Ces merveilles » c’est l’œuvre de Jeanne, car Jeanne se confond avec son œuvre. Elle est sainte par son œuvre et son œuvre est sainte par elle.
Elle naît à Domrémy, sur les marches de Lorraine, le 6 janvier, en la fête de l’Épiphanie, jour de lumière pour toutes les âmes, jour de lumière pour Jeanne, qui sera devant tous les peuples comme le flambeau de Dieu. Elle naît d’une famille modeste, mais son âme est riche de la grâce de Dieu. Elle vit simplement, comme ses compagnes, bonne fille, bonne chrétienne, sans plus. Or, à cette époque, le royaume de France était aux mains de l’Anglais. Ce n’était partout que batailles, massacres et incendies. Et le roi de France, dépouillé de ses provinces, n’était plus que le roi de Bourges. Un peu plus, et la France devenait anglaise, plus tard, peut- être, protestante comme l’Angleterre. La bonté de Dieu, qui a fait de la France son missionnaire à travers le monde, s’y opposa. Et pour sauver la France de l’emprise anglaise, il choisit cette humble fille de Domrémy. Jeanne, Jeanne, lui dit un jour l’archange Michel, il y a grande pitié au royaume de France. Va, fille de Dieu, va !
Longtemps le lumineux Archange parla à Jeanne, la forma, l’éclaira. Sainte Catherine, sainte Marguerite, ces Vierges illustres, qui avaient elles aussi triomphé du démon, venaient la visiter, la presser de partir : Va, fille de Dieu ! Et un jour, Jeanne partit. Il lui fallait voir le roi de France et bouter dehors l’anglais.
Pauvre Jeanne ! Rien ne l’arrêta, ni les railleries, ni les insultes, ni la timidité du roi, ni la grossièreté des soldats. Elle passe au milieu, au-dessus de tout, portant haut son étendard où on lit : Jésus ! Marie ! Et devant elle les Anglais, culbutés, s’enfuient. Orléans est délivré, toutes les villes sont délivrées jusqu’à Reims où le roi Charles va se faire couronner. Jeanne est près de lui, son étendard à la main. Il fut à la peine, il doit être à l’honneur.
C’est ce que chante l’introït, ce triomphe de Jeanne, qui est le triomphe de Dieu. Elle, elle n’est rien, elle le sait, elle le dit. Son œuvre n’est pas d’elle, c’est l’œuvre de Dieu.
Grande leçon pour tous ceux qui sont au service de Dieu. Ce n’est pas leur œuvre personnelle qu’ils font, mais l’œuvre de Dieu. Le serviteur agit pour son maître. Et Jeanne fut jusqu’à la dernière minute de sa vie l’humble servante du Seigneur.
Oraison : « Dieu, qui avez suscité merveilleusement la bienheureuse vierge Jeanne pour défendre la foi et la patrie, accordez, par son intercession, que votre Église, triomphant des embûches de ses ennemis, jouisse d’une paix perpétuelle. »
Lecture du Livre de la Sagesse, c. 8 : « J’ai désiré vivre avec la sagesse, car je savais qu’elle me communiquerait ses biens et serait l’occupation de ma pensée, la consolation de mes ennuis. Par elle, j’aurai de la gloire devant les peuples, de l’honneur devant les vieillards, malgré ma jeunesse. Je serai estimé plein de finesse dans mes jugements et, devant les princes, je paraîtrai admirable. Leurs yeux me regarderont avec stupeur. Ils attendront que je sorte de mon silence et quand je parlerai, ils me regarderont, ils mettront un doigt sur leurs lèvres en écoutant mes discours. J’aurai, par la sagesse, l’immortalité et je laisserai à ceux qui viendront après moi une mémoire éternelle. Je gouvernerai les peuples et les nations me seront soumises. En entendant parler de moi, les rois les plus redoutables auront peur. Je me montrerai bon à mon peuple, fort à la guerre. »
Bonne à son peuple, Jeanne le fut, elle qui pleurait même à la vue du sang des anglais blessés. Forte à la guerre, elle eut le courage et la hardiesse des plus illustres hommes d’armes. La première, elle fonçait sur l’ennemi, son étendard à la main. Et cette apparition qui était comme une vision de Dieu, les mettait en fuite.
Loyale et pure, bien française par son esprit fin et primesautier, elle avait toujours sur les lèvres le mot qui désarme et impose le respect. Ses reparties délicieuses sont un merveilleux témoignage à la vérité de sa mission. Ses juges même en subirent, malgré eux, l’influence. Pauvre Jeanne ! Elle mourut d’être vraie.
Graduel : « Alléluia, alléluia, tu as agi virilement et ton cœur a été fort. La main du Seigneur t’a soutenue et c’est pourquoi tu seras bénie éternellement.
Alléluia, maintenant prie pour nous, car tu es une femme sainte et craignant Dieu, alléluia. »
Oui, Jeanne, sainte Jeanne, maintenant priez pour nous ! Votre rôle n’est pas fini, votre mission demeure pour sauver la France perpétuellement : la sauver de ses erreurs, la sauver de ses fautes, la sauver des mauvais bergers qui l’éloignent du bon Pasteur Jésus. Jeanne, sainte Jeanne, il y a souvent grande pitié au royaume de France.
Après la Trinité : « Le Seigneur a choisi de nouvelles guerres et lui-même a brisé les portes de ses ennemis. Où les chars furent brisés, où l’armée ennemie fut écrasée, là on racontera la justice du Seigneur et sa clémence pour les vaillants d’Israël.
Alléluia, alléluia, louez le Seigneur notre Dieu qui n’a pas abandonné ceux qui espéraient en lui et qui, par moi sa servante, a accompli la miséricorde promise à la maison d’Israël, alléluia. »
Évangile selon saint Matthieu, c. 16. : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et vienne à ma suite. Celui qui voudra sauver sa vie, la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi, la sauvera. Car que sert à l’homme de gagner tout l’univers, s’il souffre dommage pour son âme ? Ou bien, quelle chose l’homme pourra-t-il échanger pour son âme ? Car le Fils de l’homme viendra un jour dans la gloire de son Père, avec ses anges et alors il rendra à chacun selon ses œuvres. »
Il faut choisir entre Dieu et le mal. Si l’on choisit Dieu, si on le préfère à tout, même à sa vie, il sera lui-même la vie éternelle de l’âme. Mais si on lui préfère le mal, il viendra, juge suprême, pour en demander compte et peser les œuvres de chacun. Tout pour sauver son âme, car le reste en comparaison, n’a aucune valeur. Mais il faut que ceux qui, comme Jeanne d’Arc, reçoivent une mission de Dieu, soient prêts à s’oublier eux-mêmes, à porter leur croix jusqu’au calvaire. Seuls, ces sacrifiés sont les bons ouvriers de Dieu. Avec lui, il ne faut jamais compter, jamais penser à soi. Il exige le tout de l’âme et du corps. Jeanne le comprit et mourut en ce glorieux service.
Offertoire : « Tous la comblèrent de bénédictions, ils disaient : vous êtes la gloire de Jérusalem, vous êtes la force d’Israël, vous êtes l’honneur de notre peuple, alléluia. »
Il s’agit de Judith, mais ces louanges vont à Jeanne, la gloire de la France, sa joie, son honneur. Jamais on n’aura pour elle assez d’acclamations.
Secrète : « Que cette Victime salutaire, Seigneur, nous confère cette audace dans les choses ardues dont la bienheureuse Jeanne a donné, au milieu de tant de conflits, de merveilleux exemples, allant même, pour repousser les ennemis, jusqu’à subir tous les dangers de la guerre. »
Communion : « Si je marche dans les ténèbres de la mort, je ne craindrai aucun danger, parce que, Seigneur, vous êtes avec moi. »
Ce fut l’unique force de Jeanne : sa force dans les batailles, sa force dans l’horrible supplice qui termina sa vie. Dieu était avec elle, il lui suffisait. Ce qu’elle a souffert pour nous, notre Jeanne ! Ce qu’elle a souffert pendant ce long et douloureux procès ! Mais Dieu était avec elle devant ses juges. Il la consolait, il la préservait, il l’éclairait. Et c’est une joie pour l’Ordre, que Dieu se soit servi pour lui témoigner sa présence de ses amis les Dominicains. C’est un dominicain qui obtient, malgré toutes les menaces, de lui porter la sainte communion dans sa prison ; c’est un dominicain qui l’assiste au dernier moment et élève très haut la croix devant ses yeux, quand elle est sur le bûcher. Jeanne souffre ainsi, consolée par la vue de la croix de son Maître et elle expire en répétant son nom très aimé : Jésus !
Postcommunion : « Nourris du Pain céleste qui tant de fois donna la force à la bienheureuse Jeanne pour remporter la victoire, nous vous demandons, Dieu tout-puissant, que cette nourriture de salut nous rende victorieux de nos ennemis. »
Même après sa mort, les Dominicains n’oublièrent pas Jeanne. Sa mémoire leur demeurait chère. L’un d’eux, Jean Bréhal, activa le procès qui réhabilita Jeanne d’Arc, en fixa les arguments les plus graves et obtint que l’humble servante de Dieu fût reconnue pure de toute tache.
Quand Pie X fit examiner la cause de Jeanne d’Arc, pour lui donner l’auréole des saintes, ce procès de Jean Bréhal servit de base aux nouvelles informations juridiques. Et l’on peut dire que ses amis et ses soutiens quand elle combattait et souffrait, les Dominicains, par Jean Bréhal, furent également ses amis et ses soutiens pour hâter sa glorification.
Sainte Jeanne d’Arc, priez pour nous.