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Sainte Marie Madeleine

Fêté le

22 juillet

Sainte Madeleine 06

Pénitente, Protectrice de l’Ordre dominicain

Introït : « Réjouissons-nous dans le Seigneur, en célébrant ce jour de fête à l’honneur de la bienheureuse Marie-Madeleine, dont la solennité réjouit les Anges et leur fait louer le Fils de Dieu. — Mon cœur dit une bonne parole : Au roi je raconte toutes mes œuvres ».

Joie de la terre, des pauvres pécheurs, cette fête de Madeleine, joie des Anges qui louent le Fils de Dieu. Et de quoi cette louange ? La terre et le ciel louent le Fils de Dieu, Jésus, de sa bonté infinie. Car en cette fête c’est la bonté de Dieu, qui est célébrée, louée, glorifiée, remerciée.

Oraison : « Père très clément, accordez-nous que, de même que la bienheureuse Marie-Madeleine en aimant au-dessus de tout Notre-Seigneur Jésus-Christ, obtint le pardon de ses fautes, nous aussi nous obtenions de votre miséricorde la béatitude éternelle ».

Lecture du Livre de la Sagesse, Cantic., 3, 8. : « Je me lèverai, je parcourrai la ville, je chercherai par les rues et les places celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché et je ne l’ai pas trouvé. Les gardes de la ville m’ont rencontrée : N’avez-vous pas vu celui que mon cœur aime ? Peu après les avoir passés, je trouvai celui que mon cœur aime. Je l’ai tenu fortement et je ne le laisserai point partir avant de l’introduire dans la maison de ma mère, dans la chambre de ma mère. Je vous adjure, Filles de Jérusalem, par les chevreuils et par les cerfs des champs, n’éveillez pas, ne troublez pas la Bien-Aimée avant qu’elle le veuille.
Mettez-moi comme un sceau sur votre cœur, comme un bracelet sur votre bras, car l’amour est fort comme la mort, l’ardeur de la tendresse impitoyable comme l’enfer. Ses lampes sont des lampes de feu, des lampes de flammes. Les eaux les plus abondantes ne peuvent éteindre l’amour, ni les fleuves l’étouffer. Quand même un homme donnerait pour l’amour toutes les richesses de sa maison, ce ne serait que chose à mépriser en face de l’amour. »

« Je me lèverai » Surgam ! C’est le mot de l’Enfant prodigue ; c’est le cri de Madeleine. Où a-t-elle vu Jésus pour la première fois ? Où l’a-t-elle entendu ? L’a-t-elle entendu dire cette parabole de l’Enfant prodigue ou répéter

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tant de fois qu’il était venu sur la terre pour sauver les pécheurs, que c’était son œuvre à lui, son œuvre personnelle ? Et le regard de Jésus se posa sur Madeleine. Ce regard si bon, si doux, si compatissant, si pur. Il la connaissait sans qu’elle s’en doutât ; il la cherchait, sans qu’elle y pensât ; il l’attirait au-dedans sans qu’elle le voulût. Et un jour, mûe par ce secret appel, elle se dit : Non ! c’est fini ! Je ne veux plus de cette vie, je veux aller le voir, je veux lui demander le pardon de Dieu, j’irai. Elle choisit son heure, car elle voulait que son humiliation fût publique comme sa faute. Elle partit.

Évangile selon saint Luc., c. 7. : « En ce temps-là, un Pharisien pria Jésus de venir prendre son repas chez lui. Il entra donc dans la maison du Pharisien et prit place à table. Or, une femme, connue dans la ville comme pécheresse, ayant appris qu’il était à table dans la maison du Pharisien, emporta un vase d’albâtre, rempli de parfum et se plaçant debout en arrière du côté de ses pieds, elle les arrosa de ses larmes, puis elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, elle baisait ses pieds et les oignait de parfums. Ce que voyant, le Pharisien qui l’avait invité, se dit en lui-même : Si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme, il saurait que c’est une pécheresse qui le touche. Et Jésus lui répondant, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Il répondit : Maître, dites.
Un prêteur d’argent avait deux débiteurs : L’un lui devait cinq cents deniers, l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi le rembourser, il leur en fit cadeau à tous deux. Qui donc l’aimera le plus ? Simon répondit : j’estime que c’est celui auquel il a le plus donné. Il reprit : Tu as bien jugé. Et se tournant vers cette femme, il dit à Simon : Tu vois cette femme. Je suis entré dans ta maison et tu ne m’as pas donné d’eau pour me laver les pieds, mais elle, elle les arrose de ses larmes et les essuie avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle ne cesse pas de baiser mes pieds. Tu n’as pas répandu l’huile parfumée sur ma tête, mais elle, elle oint mes pieds de parfums, Aussi, je te l’affirme : beaucoup de péchés lui sont par- donnés, parce qu’elle a beaucoup aimé. Celui auquel on a moins à pardonner aime moins. Puis il dit à cette femme : tes péchés te sont pardonnés. Et ceux qui étaient à table avec lui se disaient : Quel est donc cet homme qui pardonne les péchés ? Jésus dit alors à cette femme : ta foi t’a sauvée, va en paix. »

 

 

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Madeleine entre dans la salle du banquet. On rit, on chuchote : cette femme ! que vient-elle faire ici. On la connaissait. Mais Madeleine n’entend rien. Elle a vu celui qu’elle cherche, elle va droit à lui. Elle ne dit rien. Elle se met derrière lui, près de ses pieds, car Jésus était à table selon l’usage du temps, à demi couché, les pieds étendus. C’est sur ses pieds qu’elle se penche. Jésus ne la regarde même pas, il lui tourne le dos. Mais il sait qu’elle est là, il l’a vue qui entrait et son cœur le savait plus encore.

Madeleine est debout, elle se penche sur les pieds de Jésus et ses larmes les baignent, larmes intarissables de repentir et d’espérance. Elle a foi en lui. Elle se dit : Lui, il ne me repoussera pas. Et elle pleure, elle pleure. D’un geste gracieux, elle dénoue sa belle chevelure et avec ses cheveux elle essuie les pieds de Jésus. Elle les baise avec tendresse, éperdument. Elle verse dessus l’huile parfumée de son vase d’albâtre. Jésus se tait toujours. Mais comme son cœur est ému ! Simon, lui est indigné. Il n’ose rien dire, tous les invités le regardent, stupéfaits, et dans son cœur il pense : Si Jésus était un prophète, il saurait bien qui est cette femme. Il se laisse toucher par une femme de mauvaise vie. Ah ! tant mieux. Oui, Jésus sait qui est cette femme, il le sait plus que Simon. Et aussitôt, il répond tout haut à sa pensée mauvaise. Et Madeleine, effondrée sur ses pieds, écoute, elle entend avec ravissement cette parole du Maître : celui à qui on a moins pardonné, aime moins. Son cœur bat violemment. Elle a tant besoin de pardon ! Et Jésus parle toujours, il se tourne de son côté, il la regarde, il la montre à Simon,

 

à tous les convives : Regarde cette femme, dit-il. Lui, comme il la regarde avec bonté. Madeleine sent ce regard de compassion, de pardon et elle l’entend qui approuve ce qu’elle a fait, qui approuve ses larmes, ses baisers,

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ses parfums. Elle l’entend qui proclame son amour. Donc il l’a vu dans son cœur, il en est ému, attendri. Et le mot suprême, ce mot qu’elle désire de toute son âme, que ses larmes ont imploré, ce mot Jésus le dit et Madeleine l’entend : Beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle a beaucoup aimé ! Va en paix !

Et Madeleine s’en va. Ce n’est plus la pécheresse ; c’est sainte Madeleine. Elle emporte avec elle le regard et le pardon de Jésus, parfum plus précieux que l’huile qu’elle a répandue sur ses pieds.

A nous tous, pécheurs repentis, pécheurs qui pleurons nos fautes, Jésus dit : Va en paix ! mais il faut l’aimer, l’aimer beaucoup, l’aimer avec le cœur de Madeleine. Le Maître a donné la formule éternelle : Beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle a beaucoup aimé !

 

Offertoire : « L’Ange du Seigneur descendit du ciel et dit aux Femmes : Celui que vous cherchez est ressuscité comme il l’a dit, Alléluia. »

Parmi ces Femmes, Madeleine. Elle n’avait pas quitté Jésus pendant sa douloureuse Passion. Elle le suit partout, en larmes. Ses yeux ne peuvent se détacher de son Maître. Judas le trahit, les apôtres fuient, Pierre le renie, Madeleine pleure en l’accompagnant.

Avec lui, de tout son cœur elle porte la croix. Elle assiste à l’horrible torture du crucifiement, elle se tient au pied de la croix pendant les longues heures de son agonie. Jésus sait qu’elle est là, il ne dit rien, il la laisse pleurer. Madeleine au pied de sa croix, c’est la multitude infinie des pécheurs pour lesquels il souffre et il meurt.

Mais quand il sort du tombeau c’est à Madeleine qu’il apparaît d’abord, à la pécheresse, à tous les pécheurs comme pour leur dire : c’est fait ! Les péchés sont pardonnés. Et Madeleine s’effondre de joie à ses pieds : Mon Maître !

Secrète : « Dieu terrible et très bon, que les prières de la bienheureuse Marie-Madeleine rendent plus agréable à vos yeux l’offrande de cette Victime et obtiennent qu’elle soit profitable à notre salut ».

Communion : « La grâce s’est répandue sur tes lèvres. Aussi Dieu te bénit pour l’éternité ».

Madeleine et Marthe, Lazare et d’autres amis de Jésus, poursuivis par la haine des Juifs, abordèrent un jour sur les côtes de Provence. Ils se dispersèrent dans le midi de la Gaule pour y faire connaître leur Maître bien aimé.

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Madeleine se retira dans une grotte que nous connaissons sous le nom de la Sainte-Baume. C’est là qu’elle vécut de longues années dans la pensée de Jésus. Que de souvenirs pour elle ! Elle y mourut et fut ensevelie non loin de sa grotte, au lieu appelé aujourd’hui Saint-Maximin. En 1280, Charles II d’Anjou, alors Comte de Provence, depuis Roi de Sicile, ému du désir de retrouver ses restes, fit exécuter des fouilles dans l’église de Saint-Maximin où d’après une constante tradition on croyait qu’ils reposaient. Le succès fut complet. On retrouva le corps de sainte Madeleine. Pour lui rendre de plus grands honneurs, Charles d’Anjou bâtit un magnifique couvent qu’il donna aux Frères Prêcheurs. C’est en ce couvent que les amis de Jésus : Madeleine, Maximin, Sidoine, Marcelle attendent la résurrection glorieuse.

Les Frères Prêcheurs, émus de la garde qui leur était confiée, témoignèrent à Marie-Madeleine leur plus affectueuse reconnaissance. Ils se précipitèrent vers la Sainte-Baume et Saint- Maximin avec un tel élan de dévotion qu’il fallut le modérer. Mais modère-t-on l’amour par des décisions de chapitre ?

Les Prêcheurs, sans aucune décision officielle, par acclamation, déclarèrent Marie-Madeleine Protectrice de l’Ordre. Elle l’est restée. Et de nos jours, le restaurateur des Prêcheurs sur la terre de France, le Père Lacordaire, a fait revivre en de célèbres pages la figure de Madeleine et l’amour des Prêcheurs.

Le corps de Madeleine est sous la garde des Prêcheurs ; l’Ordre des Prêcheurs sous la garde de Madeleine.

Postcommunion : « Seigneur, que par l’intercession de la bienheureuse Marie-Madeleine, la divine offrande que nous venons de consommer nous sanctifie et nous fasse les cohéritiers des célestes vertus ».