Messe
Introït : « Dieu, ils ont vu ton entrée, l’entrée de mon Dieu, de mon roi dans sa ville sainte. Vos éclairs ont illuminé la terre, la terre en fut ébranlée ».
Ce texte a rapport à la splendeur de la Transfiguration de Jésus. Son visage était resplendissant comme le soleil, ses vêtements blancs comme la neige. Tout est lumineux dans cette manifestation de la gloire de Jésus, Fils de Dieu fait homme.
Oraison : « Dieu qui avez confirmé les mystères de la foi, dans la glorieuse Transfiguration de votre Fils unique par le témoignage des Prophètes et qui, par une voix tombée d’une nuée éclatante, avez merveilleusement annoncé l’adoption parfaite de vos enfants, accordez avec bonté de nous faire les cohéritiers de ce Roi de gloire et de nous rendre participants de sa propre gloire ».
Épître du bienheureux Apôtre Pierre, II, c. 1. : « Très chers, ce n’est point en acceptant des fables ingénieuses que nous vous avons annoncé la puissance et la présence de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais bien après avoir contemplé sa Majesté. Car il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque, du milieu d’une nuée magnifique de gloire, est descendue cette voix : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais, écoutez-le. Cette voix, nous l’avons entendue nous-même, venant du ciel, quand nous étions avec lui sur la sainte Montagne. Nous avons d’ailleurs le témoignage plus ferme des prophètes, auquel vous devez vous
appuyer, car il brille comme une lumière dans une nuit ténébreuse, jusqu’à ce que la lumière du jour éclate et que le soleil se lève dans vos cœurs. »
Nous sommes les témoins de Jésus, dit saint Pierre. Et notre témoignage concorde avec le témoignage des Prophètes, de ceux qui, inspirés de Dieu, ont annoncé la Passion et la gloire du Messie. La gloire, nous l’avons vue à la Transfiguration, nous l’avons vue depuis à la Résurrection, sa douloureuse Passion, hélas ! je ne l’ai que trop vue. Tout chrétien doit être par sa foi, par sa conduite un témoin de Jésus. C’est le poids du baptême. Un baptisé n’a pas le droit de vivre comme un païen. On doit voir en lui le Christ Jésus.
Graduel : « Chantez le Seigneur, bénissez son Nom, publiez son salut. — Annoncez sa gloire parmi les peuples, ses merveilles dans toutes les nations. »
Alléluia, Alléluia : « Il est la splendeur de la lumière éternelle, le miroir sans tache, l’image de la bonté de Dieu ».
Jésus est le visage lumineux de Dieu. On voit Dieu en lui, par lui. Si l’on veut connaître la beauté de Dieu, que l’on regarde Jésus. Il dit tout de Dieu, qui rayonne par tout son être. Et par Jésus ce rayonnement de Dieu arrive jusqu’à nous, illumine notre intelligence, réchauffe notre cœur.
Évangile selon saint Matthieu, c. 17. : « En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre et Jacques, et Jean, son frère ; il les conduisit à l’écart sur une montagne élevée, et il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendissait comme le soleil, ses vêtements étaient blancs comme la neige. Et subitement Moïse et Elie leur apparurent, qui parlaient avec lui. Pierre dit à Jésus : Seigneur, il fait bon ici pour nous. Si vous le voulez nous ferons trois tentes : une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie. Il parlait encore quand une nuée lumineuse les ombragea. Et de la nuée sortit une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais, écoutez-le. En entendant cette voix, les disciples grandement effrayés, tombèrent la face contre terre. Jésus s’approcha d’eux, les toucha et leur dit : Levez-vous, ne craignez rien. Ouvrant les yeux, ils ne virent plus personne, sauf Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne révélez à personne cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. »
Pierre est toujours le même. Il va droit devant lui, sans trop réfléchir. Son cœur l’emporte. Il se sent bien sur la montagne. C’est beau ! Il contemple son Maître avec ravissement. Il reconnaît Moïse et Elie, tels que la tradition juive les dépeignait. Puisque l’on est si bien, il faut rester là. Raisonnement simpliste d’un bon cœur. Et après, quand Jésus dit de ne pas parler de cette vision, avant sa Résurrection, Pierre dut être dérouté et ne plus rien comprendre. Il comprit plus tard. Et avec lui nous comprenons que nous devons nous transfigurer avec Jésus. C’est la profonde doctrine de saint Paul. Un chrétien, enseveli avec le Christ par le baptême, doit ressusciter transfiguré comme lui et ne plus mourir jamais de la mort du péché. Notre transfiguration est lente, souvent douloureuse. Mais elle doit se faire quand même selon les décrets divins. Et nous n’entrerons dans le ciel qu’après notre transfiguration complète. Dans le ciel il n’y a que des transfigurés, c’est-à-dire des êtres en ressemblance parfaite avec Jésus, c’est là l’unique but final de notre vie. Et plus nous entrons dans cette vie, plus nous sommes dans la vérité vis- à-vis de Dieu et vis-à-vis de nous-mêmes.
Offertoire : « La gloire et la richesse sont dans sa maison. Sa sainteté demeure éternellement, Alléluia. »
Secrète : « Sanctifiez, Seigneur, par la glorieuse Transfiguration de votre Fils les offrandes que nous vous présentons, et, par les splendeurs de sa lumière, purifiez en nous toutes les taches du péché ».
Le péché nous rend ténébreux. Il nous éloigne de la lumière divine et quiconque n’a plus sur soi la lumière divine devient ténébreux. Il entre dans l’ombre de la mort. S’il y reste, c’est fini, éternellement il sera ténébreux, sans lumière, sans espérance. La lumière, même au sens naturel, est principe de vie. La nuit sans jamais de retour à la lumière, est principe de mort.
C’est pourquoi il est dit de Dieu qu’il est lumière, car il est vie.
Communion : « Toutes les extrémités de la terre verront le salut de notre Dieu, Alléluia ».
Jésus se transfigure sur une haute montagne, comme pour se montrer à l’univers entier. De ce sommet, il rayonne sur toute la terre. Qui veut le voir, le peut. A tous il offre ce qu’il est, sa vérité et son amour.
Postcommunion : « Accordez-nous, Dieu tout-puissant, de comprendre par l’intelligence de notre esprit purifié les saints mystères de la Transfiguration de votre Fils, que nous célébrons avec solennité ».
Jésus se montre à tous, mais pour le voir, le comprendre et l’aimer, il faut d’abord purifier son cœur. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ! Et si souvent nous ne comprenons pas, c’est que notre cœur n’est pas
dégagé de la terre, de ses jouissances, de ses attaches, Plus on se dégage d’en bas, plus on voit en haut. N’oublions pas que, en ce jour, c’est également la fête de saint Sixte, ce bienheureux martyr, titulaire du premier couvent établi à Rome par saint Dominique.
Là-bas, sur la Voie Appienne, avec sa tour élevée, vieillotte, non loin de la porte Capène, se dresse encore le monastère de Dominique, qu’il confia à ses premières filles de Rome. Il aimait Saint-Sixte et quand les Frères eurent pris possession de Sainte-Sabine, le bienheureux Père descendait souvent à Saint-Sixte par le sentier qui passe devant Sainte-Prisque et dévale jusqu’à la Voie Appienne. Il aimait tendrement ses filles. Il les instruisait, les formait à la vie nouvelle de son ordre, leur faisait ses confidences sur la sainte Prédication, sur le rôle réservé à ses filles dans ce ministère : rôle de prière, de pénitence, de sacrifice. Mais il voulait qu’elles fussent vraiment Prêcheresses, en participant à la lumière de l’ordre. Et c’est pourquoi, il leur faisait des conférences. Tous les membres d’un Ordre doivent vivre du même esprit. Esprit de lumière pour l’ordre de Saint Dominique, si précieuse pour nourrir la contemplation. Si on ne sait pas, on contemple le vide. Il faut savoir par l’étude et la lumière de l’Esprit-Saint. Alors la vie contemplative atteint son idéal. Je sais que l’Esprit-Saint peut se passer de l’étude, mais ce n’est pas la voie moyenne des âmes, même les meilleures.
Saint-Sixte ! Doux et cher souvenir, avec tes vieux murs, ta vaste église dénudée, tes reliques saintes et ce parfum de vie qu’y a laissé saint Dominique, notre Père !