La Messe
Introït : « Réjouissons-nous dans le Seigneur, en célébrant ce jour de fête, à l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie dont la Visitation réjouit les anges et leur fait louer le Fils de Dieu. — Mon cœur prononce une bonne parole : Je dis au roi toutes mes œuvres ».
Oraison : « Dieu tout-puissant et plein de miséricorde, nous prions votre majesté très humblement de nous accorder, que, de même que vous avez manifesté votre Fils unique à l’enfant enfermé dans le sein de sa mère par la Visite et la salutation de votre Mère, ainsi, par les mérites et les prières de cette Mère vous nous le fassiez contempler éternellement en nous révélant son visage ».
Marie, l’humble vierge, a reçu la visite de l’ange Gabriel. Elle a compris le divin message qu’il lui transmet, elle s’est inclinée devant l’Auguste Trinité et, toute petite servante du grand Dieu du ciel, elle devient sa mère.
C’est fait. Le Fils de Dieu a pris chair dans son sein virginal. Mais, l’humble vierge a entendu ce que l’ange lui disait de sa cousine Elisabeth. Elle veut la féliciter, lui dire toute sa joie de son bonheur et lui porter toute la joie de son bonheur à elle-même. Elle va, jeune et pure, ravie en son âme, elle se hâte, car un grand mystère va s’accomplir.
L’Épître nous la montre dans toute sa fraîcheur.
Lecture du Livre de la Sagesse, Cant, des Cant., c. 2. : « Voici qu’il vient grimpant sur les montagnes, passant sur le dessus des collines. Mon bien-aimé est semblable au chevreuil, au petit du cerf. Le voici qui se tient debout derrière le mur de la maison, il regarde par les fenêtres, il plonge son regard par les barreaux. Mon bien-aimé me parle : Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe, ma toute belle, et viens. L’hiver est passé, la pluie a cessé. Les fleurs se montrent sur notre terre, le temps de tailler la vigne est arrivé. La voix de la tourterelle s’est fait entendre dans notre terre. Le figuier pousse ses premières figues. Les vignes en fleur répandent leurs parfums. Lève-toi, mon amie, ma colombe, ma toute belle, et viens. Vous qui êtes ma colombe, réfugiée dans les creux de la pierre, dans les enfoncements du mur, montrez-moi votre visage ; faites entendre votre voix à mes oreilles, car votre voix est douce et votre visage gracieux. »
Cette aimable poésie accompagne la Vierge Marie dans son voyage. C’est son Bien-aimé, le Fils très doux qu’elle porte en elle, qui lui adresse ces délicieuses paroles : Va, lui dit-il, va ma colombe, mon aimée, ma toute belle, le temps de la joie est venu pour le monde. Le mauvais hiver, cet hiver si rude et si long de la malédiction divine est fini, la pluie a cessé, le froid a disparu, aujourd’hui, c’est la joie du printemps que je répands par toi sur le monde. Les fleurs naissent sous tes pas, les arbres sont à tailler pour produire de beaux fruits, les vignes sont en fleurs, sens leur délicieux parfum, les figues paraissent. Va, ma bien-aimée, montre ton visage, parle car ton visage est beau, ta parole est douce à toi qui portes la joie de Dieu. La beauté de Dieu, la douceur de Dieu reflètent leur éclat sur toi. Va. Laisse le creux du rocher, l’enfoncement du mur où ton humilité te cachait. Montre-toi à tous et crie à tous : Voici mon Bien-aimé qui passe sur les montagnes et les collines, le voici, le Fils de Dieu fait homme.
Graduel : « Régnez par la vérité, la douceur et la justice, votre droite vous conduira merveilleusement — Écoutez, ma fille, penchez votre oreille, pour entendre : Le roi est charmé par votre beauté. »
Alléluia, Alléluia : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu mon sauveur. Alléluia… »
Évangile selon saint Luc, c. 1. : « En ce temps-là, Marie se mit en route et se rendit en hâte dans les montagnes à une ville de Judée. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth. Or, dès qu’Elisabeth entendit le salut de Marie, l’enfant qu’elle portait dans son sein tressaillit de joie. Elisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint et elle cria à haute voix : Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de votre sein est béni. Comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? Dès que la voix de votre salut arriva à mes oreilles, l’enfant qui est dans mon sein a tressailli de joie. Heureuse, vous qui avez cru, car tout ce qui vous a été dit de la part du Seigneur, se réalisera. Et Marie dit : Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit exulte de joie en Dieu, mon Sauveur. »
C’est le grand mystère qui s’accomplit Marie vient voir Elisabeth et se réjouir avec elle, mais il y a un autre but à cette visite d’amabilité. C’est la sanctification de Jean, le Précurseur de Jésus. Cette sanctification s’opère dès que Marie a parlé. Simplement, affectueusement, elle dit à Elisabeth : Bonjour ! Et aussitôt, à cette voix « douce », cette voix que le monde attendait depuis la chute originelle, Jean bondit de joie dans le sein de sa mère. Il est purifié, sanctifié, il reçoit sa mission. Et l’allégresse le transporte. Mais c’est à la voix de Marie. C’est Marie qui lui apporte le salut par Jésus, son Fils. Marie, la douce et maternelle médiatrice des grâces de Dieu. Par elle, Jésus s’incarne et meurt sur la croix ; par elle, la grâce de salut méritée sur la croix par Jésus se répand sur les âmes. Elle donne Jésus tout entier, elle répand le salut de Jésus, en détail, sur chacun de nous. Allons à Marie, avec la plus filiale affection, car « son visage est beau, sa voix est douce », c’est le visage et c’est la voix de notre mère.
Offertoire : « Vous êtes heureuse, sainte Vierge Marie, vous êtes la plus digne de toute louange, car de vous est sorti le Soleil de Justice, le Christ, notre Dieu ».
Heureuse ! l’humble vierge Marie l’est et elle le sait. Elle le dit et elle le chante. Heureuse, vous qui avez cru, lui dit Elisabeth. Et la Vierge, très humble, mais très joyeuse en son humilité de rendre gloire à celui qui la rend heureuse, s’écrie : Mon âme glorifie le Seigneur, mon cœur exulte d’allégresse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses et toutes les nations rediront mon bonheur. A jamais, on chantera dans le monde entier : Tous les peuples me proclameront bienheureuse. Marie le sait, le dit, le chante la première à la louange de Dieu. Moi, dit-elle, je ne suis rien, je suis la petite servante du Seigneur ; il s’est abaissé jusqu’à moi, il m’a prise dans la poussière, et il m’a élevée jusqu’à lui pour me faire sa mère. C’est son œuvre à lui le Tout-Puissant, et c’est son œuvre que mon bonheur chante. Nous la chanterons avec elle éternellement. Car au ciel il n’y aura qu’un seul cœur, le cœur de la mère et des enfants pour chanter la même bonté de Dieu en Jésus, notre Seigneur.
Secrète : « Dieu tout-puissant, éternel, vous qui avez soin de ceux qui mettent en vous leur espoir, accordez-nous, par ce sacrifice que nous vous offrons, de recevoir dans toutes nos nécessités la visite spirituelle de la bienheureuse Vierge Marie ».
Communion : « Heureux le sein de la Vierge Marie, qui a porté le Fils du Père éternel ».
Postcommunion : « Dieu tout-puissant, éternel, qui avez voulu que fût célébrée la mémoire de la Visitation de la bienheureuse Marie, Mère de Dieu, accordez-nous, par ce sacrifice auquel nous avons participé, de ne jamais perdre la grâce de sa visite ».
Que la bienheureuse Vierge Marie vienne sans cesse nous visiter ! Qu’elle descende vers nous, ses enfants de misère sur cette terre ; qu’elle descende vers nous pour nous voir, nous regarder. Bonne mère, n’oubliez personne : n’oubliez aucune souffrance, morale et physique, voyez ce que nous sommes, voyez nos luttes, nos faiblesses, nos lâchetés, nos hontes, tout et pour toutes nos souffrances que votre « voix soit douce ! » Donnez-nous le réconfort de votre pureté virginale. Touchez nos plaies de vos mains très pures, les mains de mère qui savent si bien adoucir la douleur. Même aux plus misérables, vous êtes bonne, vous, vous êtes douce. Souvenez-vous de nous, toujours, mais surtout à l’heure de notre mort.