6 mars

6 mars – Bienheureux Jourdain de Pise

Confesseur, de notre Ordre

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez fait du bienheureux Jourdain, votre confesseur, un digne ministre de la prédication évangélique, accordez-nous, à son exemple, d’accomplir ce que vous commandez, afin d’obtenir le fruit de la récompense éternelle. »

Il s’agit, en ce Bienheureux, d’un religieux grave, austère, aimable et bon, très instruit et très éloquent. C’est comme le modèle des Prêcheurs au temps primitif de leur institution.

On ne signale en lui aucune œuvre éclatante. Il est de ceux dont Clément IV, si je ne me trompe, disait : Je canoniserais tout Frère de cet Ordre qui observerait sa règle, parfaitement. C’est ce que fit Jourdain de Pise. Il pratiqua sa règle, il dépensa ses forces à prêcher au peuple. Ses supérieurs l’envoyèrent à Paris, pour y interpréter les Sentences. Surpris par la mort, il mourut en route, à Plaisance. Sa sainteté était si réputée que contrairement à l’usage, on rapporta son corps en son couvent de Pise.

Sainteté aimable, simple, à la portée de tous. Chacun peut regarder Jourdain de Pise sans être ébloui, sans se dire : c’est trop haut ! Pour l’atteindre, il suffit de conserver en son âme l’idéal de la vie religieuse, d’y conformer sa conduite de tous les jours, de ne jamais se lasser de lutter contre soi-même, de désirer, à chaque pas, de monter encore. Dieu est là pour aider nos efforts, soutenir notre marche et nous donner cet élan intérieur qui porte les âmes vers lui.

4 mars

4 mars – Saint Casimir

Roi de Pologne

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez fortifié par la vertu de constance, saint Casimir, au milieu des joies royales et des pièges du monde, faites que, par son intercession, vos serviteurs méprisent les choses de la terre et aspirent toujours à celles du ciel. »

Dieu prend ses élus où il veut, à la cour des rois comme dans les plus pauvres chaumières. Et cela pour nous montrer avec évidence que la sainteté dépend de lui et non pas de nous. C’est lui le premier qui marque ses Saints, qui les prévient et les assiste de sa grâce ; qui, au milieu des difficultés les plus adverses, leur donne précisément cette vertu de fermeté, de constance, qui assure le triomphe de .sa miséricorde. Dieu veut que nous soyons convaincus que sa grâce peut tout, qu’elle peut garder une âme pure, parmi les dangers et les illusions du pouvoir et de la richesse, comme dans l’ombre défensive d’un cloître. Et c’est chose merveilleuse que cette action victorieuse de Dieu, où il veut et quand il veut.

Rien ne le gêne, rien ne s’oppose à sa volonté sanctifiante.

Casimir naît sur le trône. Il est élevé parmi les jouissances et les périls de la cour de Pologne. S’il le veut, les passions humaines sont prêtes à le servir. Il les repousse avec mépris. En lui il entend une voix plus douce, une voix plus pure, qui lui redit sans cesse : suis-moi ! Et cette voix, la voix du Maître, il l’aime, il l’écoute, il la suit. Sa route est droite. On veut lui en montrer une autre. Il refuse. Et à l’âge de vingt-cinq ans, il meurt, blanc comme un lis. Le mal ne l’a même pas effleuré.

Les lis, Jésus les plante et les cueille où il lui plaît. Puissions-nous, au milieu de dangers moindres que ceux qui entouraient saint Casimir, garder notre âme dans sa pureté totale, ou obtenir de la bonté de Dieu de la purifier par l’effort de notre volonté assistée de sa grâce.

Qu’il nous affermisse dans le bien par la vertu de constance.

1 mars

1er mars – Bienheureux Christophe de Milan

Confesseur de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez fait du bienheureux Christophe votre digne serviteur, accordez-nous, par ses mérites et son exemple, de porter le Christ en nous par toute la pensée de notre intelligence et toute l’affection de notre cœur. »

Allusion, dans cette oraison, au sens du nom de Christophe ou Porte-Christ. Tout chrétien doit être comme ce Bienheureux Père, un Porte- Christ.

Lui, il le porta dans sa pensée et dans son cœur, par une oraison continuelle et un désir ardent de le faire connaître et aimer. Homme instruit, Prédicateur célèbre, mais plus illustre encore par sa vie austère, selon les observances de l’Ordre, Christophe porta le Christ à une multitude d’âmes qui venaient à lui, précisément, parce qu’elles sentaient à sa parole et à ses vertus que vraiment il possédait le Christ en lui-même.

Les âmes ne se trompent pas. Elles ont le flair de Dieu. Et quand un prédicateur passe, elles vont à lui, pour lui demander Dieu, si elles sentent qu’il le possède. La confiance surnaturelle naît de ce sens spécial des âmes.

On se pressait en foule autour de Christophe, autour de sa chaire, autour de son confessionnal, parce que à l’entendre et à le regarder, les fidèles se disaient : Dieu est en lui.

Ainsi, à Taggia, on le retient, on lui demande de fonder un couvent de son Ordre, auquel il donne le titre de Notre-Dame, Mère des miséricordes.

Il y mourut et son corps repose toujours dans l’église, quoique depuis longtemps, le couvent soit désaffecté. Il maintient, pour ainsi dire, par sa présence, la présence du Christ qu’il porta à cette population au XVe siècle.

A nous d’être Porte-Christ ! Mission qui revient à tout baptisé, car tout baptisé a sur son front la croix du Sauveur. L’avoir gravée sur son front, c’est peu ; il faut qu’elle le soit dans le cœur. Si elle est dans le cœur, la croix de Jésus sera sur nos lèvres. Nous donnerons le Christ par nos paroles et par nos exemples. A tous, disait saint Paul, je suis débiteur du Christ. Je l’ai reçu, mais je dois le donner aux autres. Que chacun le donne selon son état, ses moyens, mais le donne. Et pour le donner, le donner largement, il faut soi-même le posséder largement.

28 février

28 février – Bienheureuse Villana

Veuve, tertiaire de l’ordre dominicain

Messe : Gaudeamus

Oraison : « Dieu, qui avez détaché des illusions du monde la bienheureuse Villana, votre servante, et qui l’avez conduite par tous les chemins de la pénitence et de l’humilité, faites que, par son intercession, l’aveu de nos fautes obtienne votre miséricorde. »

Brebis égarée, Villana, Florentine du XVe siècle, se délectait dans les plaisirs du monde. Elle avait eu cependant une jeunesse fervente et désireuse de la perfection ; elle avait essayé, mais inutilement, d’entrer dans une maison religieuse. Mariée contre son désir, elle tomba peu à peu dans le relâchement et vécut plus près de la terre que de Dieu.

Le bon Pasteur, un jour, passa… Il vit la brebis égarée et par un prodige singulier lui montra à elle-même ce qu’elle était devenue.

Mon Père, disait une jeune femme au Père Monsabré, j’ai commis une faute, je me suis regardée dans la glace et je me suis trouvée jolie. — Erreur n’est pas péché, répondit le malicieux Père. Villana se regardait aussi un jour dans une glace et se trouvait jolie, lorsque tout à coup, au lieu de cette figure qu’elle admirait, apparut une tête hideuse. Deux fois elle se montra. C’était son âme prisonnière du démon, que Jésus, le bon Pasteur, lui montrait. Ce fut fini.

Villana courut au couvent de Sainte-Marie-Nouvelle, se confessa, et, purifiée de ses fautes, devenue Tertiaire séculière, elle n’eut plus qu’une pensée : servir Dieu de toute son âme. Sa pénitence, sa pauvreté furent héroïques et Jésus, le bon Pasteur, qui l’avait rapportée au bercail sur ses épaules, eut pour cette brebis redevenue sienne toutes les tendresses.

Miséricorde toujours ! C’est comme le mot d’ordre de Jésus. Il ne rebute personne, il ne s’offusque de rien. Son Cœur est ouvert, perpétuellement, ses bras le sont aussi. Qui que nous soyons, aussi bas que nous soyons, il descend jusqu’à nous. C’est lui qui fait les premiers pas. Nous pouvons, de nous-mêmes, nous éloigner de lui ; mais, sans lui, nous ne pouvons revenir. A Jésus donc tous nos remerciements, quand, l’ayant offensé, nous sentons en nous le remords. C’est l’appel de Jésus. Il nous parle avec douceur, il nous dit : Reviens ! Heureux les pécheurs qui entendent la voix si tendre du bon Pasteur.

25 février

25 février – Bienheureux Constant de Fabriano

Confesseur, de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Évangile : « En ce temps-là, le Seigneur choisit soixante-douze autres disciples, qu’il envoya devant lui, deux à deux, dans toutes les villes et dans tous les lieux où il devait aller lui-même, et il leur disait : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers : priez donc le maître de la moisson d’y envoyer des ouvriers. Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni sac, ni bourse, ni chaussure, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : que la paix soit dans cette maison ; et s’il s’y trouve quelque enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; autrement elle reviendra sur vous. Demeurez dans la même maison, mangeant et buvant ce que vous y trouverez ; car celui qui travaille mérite un salaire. Ne passez point d’une maison à une autre ; et dans quelque ville que vous alliez, si l’on vous reçoit, mangez ce qu’on vous présentera ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est près de vous. »

Oraison : « Dieu qui avez rendu glorieux au milieu des peuples le bienheureux Constant, votre confesseur, par son assiduité à l’oraison et son zèle à procurer la paix, accordez-nous, par son intercession, de suivre toujours le chemin de la justice et d’obtenir la gloire éternelle. »

C’est le propre des saints de répandre la paix autour d’eux. Car plus on s’approche de Dieu, plus on a la paix en soi-même et plus, par conséquent, on peut la donner aux autres. Une âme troublée par les passions, qui vit de sa propre vanité, de son égoïsme, n’est pas apte à pacifier les autres. L’ombre ne donne pas la lumière, ni l’erreur la vérité, ni le trouble la paix. La première condition de la paix est l’humilité foncière devant Dieu.

Aussi le bienheureux Constant de Fabriano se fit pendant toute sa vie, un religieux très humble, très détaché des choses de la terre, très mortifié dans sa chair et il parvint de cette manière à une tranquillité d’âme que les passions humaines n’arrivaient pas à troubler. Il eut pour maîtres, du reste, saint Antonin, puis le vénérable Conradin de Brescia. A pareille école, Constant ne pouvait que perfectionner son âme. Elle demeura fidèlement unie à son premier maître, saint Antonin, si bien qu’au moment de la mort du saint archevêque de Florence, Constant qui se trouvait au couvent d’Ascoli, vit son âme monter glorieuse dans le ciel.

En cette même ville d’Ascoli, Constant, par sa bonté, par sa patience et cette paix surnaturelle qui l’enveloppait, put calmer les discordes, réconcilier les partis adverses. Il avait sur le peuple une influence considérable.

C’est l’influence même de Dieu qui passe par le cœur de ses serviteurs. Mais il faut que notre cœur soit libre, dégagé de l’humain, uniquement préoccupé de Dieu. Alors, sa force est la force même de Dieu, non plus la nôtre.

Le bienheureux Constant mourut à Ascoli en 1481.

23 février

23 février – Saint Pierre Damien

Évêque, Docteur de l’Église

Messe : In medio

Oraison : « Accordez-nous, nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, de suivre les conseils et les exemples du bienheureux Pierre, votre confesseur, afin que, par le mépris des choses de la terre, nous obtenions les joies éternelles. »

Pierre Damien nous reporte au XIe siècle, un de ces siècles de fer, si durs pour l’Église, comme pour la société. Mais il est à remarquer que dans les temps de pire décadence, Dieu ne manque jamais d’envoyer des Saints qui, malgré tout, maintiennent dans son Église l’esprit le plus pur et le plus héroïque de l’évangile.

Pierre Damien est de ceux-là. Saisi dans son adolescence par la grâce de Dieu, il comprend le sens de la Rédemption, le sens de l’Église, et à travers toutes les difficultés, toutes les tentations et toutes les embûches, il lève très haut la croix de Jésus-Christ. Moine fervent, rude à lui-même, il incarne en sa personne l’austérité religieuse. Son influence s’étend à toutes les nécessités de l’Église, si bien que le Pape Etienne IX, voyant en cet homme de Dieu le rempart de l’Église, le crée, malgré lui, cardinal et évêque d’Ostie, c’est- à-dire le premier après le Pape. Cette dignité, loin d’arrêter le zèle de Pierre Damien, le grandit. Il s’occupe avec ardeur de la pureté même de l’Église, en défendant contre la dépravation des mœurs le célibat ecclésiastique, contre l’ambition des clercs et la simonie la sainteté libre des élections épiscopales. Pour le peuple, il ranime la foi en renouvelant la dévotion à la Sainte Vierge, il multiplie les actes d’adoration envers la Sainte Croix et porte les âmes généreuses à participer par leurs propres souffrances au salut du monde.

Gémir, dans les temps calamiteux, est signe de faiblesse. C’est agir qu’il faut. Agir par son influence personnelle, si l’état où l’on se trouve le permet ; agir par sa prière, agir par ses souffrances. Plus le temps où la Providence nous place est difficile, plus nous devons travailler à le rendre meilleur. Et c’est un grand honneur que Dieu nous fait en nous donnant ainsi l’occasion d’être plus généreux. Vivre dans la paix n’est pas le sort le plus beau, car c’est vivre sans effort. Mais vivre dans la guerre, vivre dans la lutte perpétuelle, pour défendre les droits de Dieu, se sacrifier pour lui, s’immoler à son service, quoi de plus grand dans une âme qui aime Dieu, et veut le lui prouver ?

Pierre Damien, ce bon serviteur de l’Église, mourut à Faenza. Ses services éminents et sa doctrine lui valurent de Léon XII le titre glorieux de Docteur.

19 février

19 février – Bienheureux Alvare de Cordoue

Confesseur, de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez enrichi merveilleusement le bienheureux Alvare, votre confesseur, des dons de la charité et de la pénitence, accordez-nous, par son intercession et son exemple, de porter toujours dans notre corps la mortification du Christ et son amour dans nos cœurs. »

Alvare est né à Cordoue, de noble famille. Mais, dès son adolescence, captivé par un idéal plus divin, il laissa tout pour suivre Jésus crucifié. « Maître, que dois-je faire peur arriver à la vie éternelle ? » disait un jeune homme à Jésus : « Vends tes biens, donne le prix aux pauvres et suis-moi. » L’adolescent, riche, s’éloigna avec tristesse et Jésus longuement le suivit du regard. Alvare comprit mieux. Il donna au Maître tout ce qu’il possédait et se donna lui-même. Homme très instruit, prédicateur éloquent, mais surtout religieux très grave, il conquit par sa haute vertu l’estime des rois et des peuples. Confesseur du roi Jean II de Castille et de Catherine, sa mère, il laissa cette charge honorable, pour se retirer dans la solitude. Cet homme avait besoin d’offrir à Dieu tous les renoncements. Près de Cordoue, il bâtit un couvent de son Ordre, qu’il appela l’échelle du ciel — Scala cœli — et y mena avec des religieux d’élite la plus sévère observance. Sa bonté était extrême. Rencontrant un jour un pauvre, couvert de plaies, il l’enveloppa de sa chape et le rapporta sur ses épaules à Scala cœli. Quand il le déposa devant les Frères, ce pauvre, qui était le Christ Jésus, se changea en Crucifix. Désireux comme tant de chrétiens au moyen-âge de vénérer les lieux sanctifiés par la présence du Sauveur, Alvare fit le pèlerinage de Palestine. A son retour, pour en conserver la mémoire, il éleva dans son couvent un certain nombre d’oratoires consacrés au souvenir de la Passion du Sauveur. C’est le Chemin de la Croix, le premier, avec ses diverses stations.

Suivons-le pieusement, comme le suivait Alvare de Cordoue. Mais la meilleure manière de le suivre, la sienne, c’est de porter notre croix, de souffrir avec Jésus crucifié, selon la belle et profonde doctrine de saint Paul, de nous conformer à Jésus crucifié, en acceptant l’ordre de la Providence. Ayons cette conviction intime que l’on ne peut être chrétien sans cette incorporation à Jésus crucifié. Et si nous avons à souffrir ou dans notre cœur, ou dans notre chair, ne soyons pas surpris, encore moins impatients. C’est notre état normal en ce monde. Car qui dit chrétien, dit disciple du Christ, et le Christ est le Crucifié.

Le bienheureux Alvare mourut vers 1420.

17 février

17 février – Bienheureux Réginald

Confesseur, de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu tout-puissant, éternel, qui avez accordé au bienheureux Confesseur Réginald le privilège d’une protection spéciale de votre très Sainte Mère, faites que, par ses mérites et ses prières, nous soyons défendus nous aussi par le secours de cette même glorieuse Vierge Marie. »

Fils bien-aimé de la Sainte Vierge, fils bien- aimé de saint Dominique, Réginald porte, pour l’éternité, cette double auréole.

Maître de Paris, où il enseigna avec éclat le droit canon, Doyen du chapitre de Saint- Aignan d’Orléans, Réginald va à Rome, conduit, à son insu, comme il arrive souvent, par la main de Dieu. Car c’est à Rome que la Sainte Vierge l’attend et aussi son serviteur Dominique. Quand il arrive, il rencontre le bienheureux Patriarche. L’idée de son œuvre apostolique saisit cette âme ardente. Il se donne à lui, il fait vœu d’appartenir à son Ordre. Aussitôt, la très Sainte Vierge met sa main sur lui. Elle attendait ce vœu pour donner à l’Ordre de son fils Dominique un témoignage maternel de sa prédilection.

Réginald atteint de la fièvre est près de mourir. Mais la Vierge très bonne lui apparaît.

De ses mains très pures elle lui fait sur le corps de mystérieuses onctions qui lui rendent vie et force. Réginald représentait devant la Mère de Dieu l’Ordre des Prêcheurs et, en lui, c’est l’Ordre qu’elle oignait comme un athlète pour les futurs combats. Cela est si vrai que, en même temps, elle montrait à Réginald un nouvel habit et lui disait : Voici l’habit de ton Ordre.

C’était un scapulaire blanc. Jusqu’ici, saint Dominique et ses fils continuaient à porter l’habit canonial d’Osma, dont le rochet était partie essentielle.

Après la vision de Réginald, Dominique laissa le rochet et prit, pour lui et ses fils, le scapulaire. Ainsi la très Sainte Vierge prenait officiellement possession de l’Ordre des Prêcheurs. Il lui appartient par son origine à Notre-Dame de Prouille, par ce scapulaire qui est son signe distinctif, comme la marque de sa filiation maternelle. Par lui, Marie en fait son enfant privilégié.

C’est pourquoi, en la fête du bienheureux Réginald, nous demandons avec instance la protection de la Sainte Vierge. Nous lui rappelons notre titre d’enfants.

Nous lui redisons, avec nos louanges, la supplication de nos cœurs. La grâce de cette fête, la grâce pour nous du bienheureux Réginald, c’est la protection de notre Mère du ciel.

Comme si, après cette vision de la Mère de Dieu, Réginald eût rempli sa mission, il dura peu. Son éloquence souleva Bologne et Paris, mais peu après son arrivée en cette ville où il avait enseigné, Réginald mourut. C’était au commencement de février 1220.