Nov 22

A Rome, quoi de neuf ?

Le Pape François bénit par un hérétiqueTélécharger : Nouvelles de Rome occupée, SDT 90
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Nouvelles de Rome occupée

NOS LECTEURS sont habitués à cette rubrique des « Nouvelles de Rome ». Une suspicion commence à se répandre dans les milieux traditionalistes : vous critiquez le pape, donc vous êtes sédévacantistes, ou du moins vous commencez à l’être. Nous répondrons en citant un auteur qui n’est pas suspect de sédévacantisme :

Certains, pour nous dénigrer, ne manqueront pas de nous accuser d’hypertraditionalisme, ou même de sédévacantisme. Eh bien je ne suis pas sédévacantiste, nous ne sommes pas sédévacantistes, parce que le sédévacantisme détruit la visibilité de l’Église catholique. L’Église catholique est visible, reconnaissable à ses caractéristiques extérieures, elle est toujours une, catholique, apostolique et romaine. L’Église catholique est visible parce qu’elle n’est pas une entité purement spirituelle, elle n’est pas un simple regroupement de personnes qui pensent de la même façon, ni un mouvement d’idées ou une école de pensée, mais une vraie société, dotée d’une structure juridique, d’une hiérarchie composée d’hommes vivants, d’un chef reconnu par tous, comme les autres sociétés humaines. Ce chef est le pontife régnant, le pape François, dans lequel nous reconnaissons le vicaire du Christ. Mais nous savons que, précisément parce que l’Église est une institution visible, il faut toujours faire la distinction entre l’Église et les hommes d’Église : l’Église est toujours visible, infaillible et indéfectible, immaculée, dans la foi et dans la morale ; les hommes d’Église ne sont pas tous et ne sont pas toujours impeccables ni infaillibles. Même le pape peut être respectueusement critiqué. Le pape n’est pas le Christ, ni son successeur : il est son vicaire, mais c’est Jésus- Christ qui tient et gouverne l’Église [1].

Le pape se fait bénir par un hérétique

Le pape François 1er a reçu, le 14 juin, le nouvel « archevêque » de Cantorbéry, Justin Welby, qui portait l’anneau épiscopal offert à « l’archevêque » Ramsey par Paul VI. Le pape en a profité pour se faire « bénir » par cet hérétique, qui n’est qu’un simple laïc puisque les ordinations anglicanes sont invalides. Mais cela ne doit pas nous étonner si nous nous rappelons que Benoît XVI s’est laissé bénir par un rabbin : A l’issue de la rencontre [interreligieuse au monastère Saint-Benoît de Sao Paulo le 11 mai 2007], le rabbin Henry Sobel, 63 ans, de la Congrégation israélite de Sao Paulo, a déclaré : « Le pape [Benoît XVI] est un ami du peuple juif ». […] Le rabbin a précisé avoir demandé « très humblement » au pape sa bénédiction, et que le pape, après l’avoir fait, avait accepté, à son tour, de recevoir une bénédiction de sa part [2].

La recette du bonheur pour François

« Quelle est la recette du bonheur ? » A cette question posée le 7 juillet par le journaliste argentin Pablo Calvo pour la revue Viva, le pape réfléchit un instant, puis s’anime. Visiblement détendu, il livre en dix points sa « recette du bonheur » :

  1. « Vivre et laisser vivre » :
    « Les Romains ont un dicton que nous pouvons prendre comme fil directeur et qui dit “Allez, et laisser les gens aller de l’avant”. Vivre et laisser vivre, c’est le premier pas vers la paix et le bonheur. »
  1. Se donner aux autres :
    « Quelqu’un d’isolé court le risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se corrompre. »
  1. « Se mouvoir avec bienveillance et humilité » :
    « Dans Don Segundo Sombra (NDLR : roman argentin de Ricardo Güiraldes), le héros raconte que, jeune, il était comme un torrent de montagne qui bousculait tout ; devenu adulte, il était comme un fleuve qui allait de l’avant puis, devenu vieux, qu’il avançait, mais lentement, endigué. J’utilise cette image du poète et romancier Ricardo Güiraldes, ce dernier adjectif, endigué. La capacité à se mouvoir avec bienveillance et humilité. Les aînés ont cette sagesse, ils sont la mémoire d’un peuple. Et un peuple qui ne se soucie pas de ses personnes âgées n’a pas d’avenir. »
  1. Jouer avec les enfants :
    « Le consumérisme nous a amené l’angoisse de perdre la saine culture du loisir : lire, profiter de l’art… Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires, je confessais beaucoup et aux jeunes mères qui venaient, je demandais “Combien avez-vous d’enfants ? Jouez-vous avec eux ?” C’est une question à laquelle on ne s’attend pas, mais c’était une façon de dire que les enfants sont la clé d’une culture saine. C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent quand leurs enfants sont endormis. C’est difficile, mais il faut le faire. »
  1. Passer ses dimanches en famille :
    « L’autre jour, à Campobasso, j’ai rencontré le monde de l’université et celui du travail et, à chacun, j’ai rappelé qu’on ne travaille pas le dimanche. Le dimanche, c’est pour la famille. »
  1. Aider les jeunes à trouver un emploi :
    « Nous devons être créatifs avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber dans la drogue. Et le taux de suicide est très élevé chez les jeunes sans travail. L’autre jour, j’ai lu, mais je ne suis pas sûr que ce soit une donnée scientifique, qu’il y a 75 millions de jeunes de moins de 25 ans sans emploi. Et cela ne suffit pas de les nourrir : il faudrait inventer pour eux des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier… La dignité permet de ramener du pain à la maison. »
  1. « Prendre soin de la création » :
    « Nous devons prendre soin de la création et nous ne le faisons pas. C’est un de nos plus grands défis. »
  1. « Oublier rapidement le négatif » :
    « Le besoin de dire du mal de l’autre est la marque d’une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain d’oublier rapidement le négatif. »
  1. Respecter ceux qui pensent différemment :
    « On peut aller jusqu’au témoignage avec l’autre, du moment que les deux progressent dans ce dialogue. Mais la pire chose est le prosélytisme religieux, celui qui paralyse : “Je dialogue avec toi pour te convaincre”. Ça, non. Chacun dialogue depuis son identité. L’Église croît par l’attraction, non par le prosélytisme. »
  1. Rechercher activement la paix :
    « Nous vivons dans une époque où les guerres sont nombreuses. […] La guerre détruit. Et l’appel à la paix a besoin d’être crié. La paix évoque parfois le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude : c’est toujours une paix active. »

Dieu n’est pas même nommé. Autrefois, in illo tempore, la joie était un fruit du Saint-Esprit (Ga 5, 22), mais, pour le pape, on n’a pas besoin de la foi, ni de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour être heureux.

La prière pour la paix « n’a absolument pas été un échec »

Le 29 mai, le pape, le rabbin Skorka et l’imam Abu (amis du pape qui l’ont accompagné dans tout son voyage en Israël) se sont donnés l’accolade devant le « Mur du Temple » sous les yeux amusés des journalistes juifs qui qualifièrent le trio de « sainte Trinité » ! La suite a eu lieu le 8 juin : dans les jardins du Vatican, le pape, les présidents juifs et palestiniens « ont prié pour la paix » ; le représentant musulman s’est écarté de la prière prévue et a demandé, en arabe, à son « Maître » : « Accorde-nous la victoire sur les peuples infidèles ». Deux jours plus tard, Mossoul tombait aux mains des islamistes massacrant les chrétiens. Et, depuis, le sang des chrétiens coule à flot au Moyen-Orient : on a vu les enfants décapités, les adultes crucifiés, etc.

Sans doute Dieu n’a pas exaucé directement la prière de l’imam, mais il a pu permettre ce triomphe de l’islam pour punir nos péchés, et spécialement l’horrible apostasie de l’Église conciliaire qui présente l’islam comme une religion respectable alors qu’il n’est qu’une imposture intellectuelle (un tissu de contradictions) qui s’impose par la violence [3].

Mais, la prière pour la paix en Terre Sainte « n’a absolument pas été un échec », a affirmé tranquillement le pape François le 18 août, dans l’avion revenant de Corée :

— Très Saint-Père, étant donné la guerre à Gaza, la prière pour la paix organisée au Vatican, le 8 juin dernier, a-t-elle été, selon vous, un échec ?

— Merci, merci pour la question. Cette prière pour la paix n’a absolument pas été un échec. D’abord, l’initiative n’est pas venue de moi : l’initiative de prier ensemble est venue des deux présidents, du Président de l’État d’Israël et du Président de l’État de Palestine. […] Ces deux hommes sont des hommes de paix, ce sont des hommes qui croient en Dieu, et qui ont vécu tant de choses horribles, tant de choses horribles qu’ils sont convaincus que l’unique voie pour résoudre cette histoire est la négociation, le dialogue et la paix. Mais votre question, maintenant : est-ce que cela a été un échec ? Non, je crois que la porte est ouverte. […] La porte de la prière a été ouverte. Et on dit : « On doit prier ». C’est un don, la paix est un don, un don qui se mérite par notre travail, mais c’est un don. Et dire à l’humanité qu’avec la voie de la négociation – qui est importante –, du dialogue – qui est important –, il y a aussi celle de la prière. C’est vrai. Après est arrivé ce qui est arrivé. Mais cela est conjoncturel. En revanche cette rencontre n’était pas conjoncturelle. C’est un pas fondamental du comportement humain : la prière. Maintenant la fumée des bombes, des guerres, ne laisse pas voir la porte, mais la porte est restée ouverte depuis ce moment. Et comme je crois en Dieu, je crois que le Seigneur regarde cette porte, et il regarde tous ceux qui prient et tous ceux qui lui demandent de nous aider. Oui, j’aime cette question. Merci, merci pour l’avoir posée. Merci [4].

Errare humanum est, persevare diabolicum. Combien de temps faudra-t-il encore avant que la hiérarchie de l’Église se rende compte de l’utopie de cet œcuménisme conciliaire ? Et jusques à quand Dieu permettra-t-il l’infiltration de la hiérarchie par les loges et les arrière-loges ?

Construire une fraternité authentique entre les peuples

On sait que Tertullien a dit que le sang des martyrs est une semence de chrétiens. Le pape, quant à lui, après l’assassinat de trois religieuses au Burundi, le 7 septembre, souhaite que « le sang versé devienne semence d’espérance pour construire une fraternité authentique entre les peuples ».

Depuis le dernier Concile, le Vatican travaille activement à la construction de cette « fraternité ». Le pape François, quant à lui, a constitué à Buenos Aires, lorsqu’il en était l’archevêque, un réseau scolaire inter-religieux et multi-culturel d’insertion sociale, appelé Scholas Occurrentes. Le 4 septembre, le pape a expliqué aux délégués des Scholas Occurrentes, le but de ce réseau : organiser des matchs de football inter-religieux, combattre le chômage des jeunes, promouvoir la « culture de la rencontre », lutter contre les « discriminations », promouvoir le dialogue entre les religions, créer un « village humain » porteur de paix et d’espérance : « Le sport nous sauve de l’égoïsme ; […] marchons dans la vie ensemble ; […] la jeunesse doit bâtir l’avenir ; […] bâtissons des ponts, pas de murs ; […] partageons nos expériences ; […] rentrons dans la spontanéité de la vie », etc. Ce projet n’a rien de spécifiquement chrétien, il est naturaliste (sans référence à la fin surnaturelle de l’homme) et ne déplairait pas aux « frères » trois points. On sait en effet que le but de la franc-maçonnerie est la « reconstruction du Temple », c’est-à-dire refaire l’unité du genre humain sous une « république universelle » sans aucune référence à la fin surnaturelle de l’homme, ni à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

L’ONU des religions

Le projet du pape est d’ailleurs conforme à ceux des autres « leaders » du monde contemporain. C’est ainsi que l’ancien président espagnol José Luis

Rodriguez Zapatero a proposé le 15 juillet, lors du symposium international sur la Paix mondiale à l’Université de Nebrija de Madrid, la création d’une « alliance permanente entre les confessions religieuses » reliée à l’« Alliance des civilisations » (une de ses créations) et à l’ONU.

Quant à Shimon Peres, l’ancien président d’Israël, il a rencontré de nouveau le pape le 4 septembre 2014 et lui a proposé une « ONU des religions » pour lutter contre toute violence perpétrée au nom de la foi. « Le pape ne s’est pas engagé personnellement mais a exprimé son attention, son respect pour cette initiative, garantissant aussi l’attention des dicastères de la Curie romaine concernés – le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et le Conseil pontifical Justice et Paix », a précisé le P. Lombardi.

Chrétiens évangéliques : le pape est allé trouver ses frères

Le 12 août 2014, « le pape est allé trouver ses frères ! », a affirmé le pape François en visite dans une communauté évangélique [= protestants]. Il encourage à marcher « sur ce chemin de l’unité », en « cherchant Jésus » car « quand on marche en présence de Dieu, on trouve cette fraternité ».

Le pape François a prononcé un discours, dans lequel il a indiqué « le chemin de la sainteté chrétienne : tous les jours, chercher Jésus pour le rencontrer et tous les jours se laisser chercher par Jésus et se laisser rencontrer par Jésus ». Enfin, le pape a demandé pardon au nom de l’Église pour les persécutions perpétrées par des catholiques contre des évangéliques au cours de l’histoire :

Parmi ceux qui ont rédigé ces lois et persécuté, dénoncé nos frères pentecôtistes parce qu’ils étaient « enthousiastes », presque « fous », il y a eu des catholiques… Je suis le pasteur des catholiques : je vous demande pardon pour cela. Je vous demande pardon pour ces frères et sœurs catholiques qui n’ont pas compris et qui ont été tentés par le diable et qui ont fait comme les frères de Joseph. Je demande au Seigneur de nous donner la grâce de reconnaître et de pardonner… Merci !

Les lois pour lesquelles le pape demande pardon sont des lois qui ont restreint la liberté d’exercice du culte public de certaines sectes évangéliques en Italie, sous Pie XI. Elles étaient parfaitement en accord avec la doctrine catholique… d’avant Vatican II.

[1] –– Roberto DE MATTEI dans le Courrier de Rome, juin 2014, p. 6. Roberto de Mattei se présente lui-même comme un disciple du professeur Plinio Correa de Oliveira, fondateur de la TFP (Travail Famille Propriété, voir Le Sel de la terre 28, p. 185 ; 39, p. 262 et 46, p. 266), qu’il a fréquenté pendant une vingtaine d’années (1976-1995) et dont il a écrit une biographie. Il a dirigé l’Alleanza Cattolica. Il est président de la fondation Lepanto et il a fondé et dirigé le centre culturel Lépante (1982-2006). Il écrit régulièrement dans la Correspondance européenne. Il est maintenant dans la mouvance « ralliée », ce qui ne l’empêche pas de participer à des congrès du Courrier de Rome sous la présidence de Mgr Fellay (par exemple le prochain, en janvier 2015). Début septembre 2014, il a donné une conférence lors d’un pèlerinage de la Fraternité à Rome devant un « parterre de prêtres très intéressés » (DICI nº 300, p. 10).
[2] –– Zenit.org, 11 mai 2007.
[3] –– Voir notamment les travaux de l’abbé Guy Pagès (www.islam-et-verite.com).
[4] –– ORLF, jeudi 21 août 2014, numéro 34, p. 16.