10 mars

10 mars – Bienheureux Pierre Gérémie (1399 – 1452)

Confesseur de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui par les prières et les exhortations du bienheureux Pierre, votre confesseur, avez eu la bonté de ramener les pécheurs dans la voie de la sainteté, dilatez nos cœurs, nous vous en prions, par son intercession, afin que nous courions, toujours dans le sentier de vos commandements. »

Pierre Gérémie fait partie, comme beaucoup de nos Bienheureux, de ce groupe de religieux observants qui, au XIVe et au XVe siècle, se dévouèrent à la réforme de l’Ordre. Homme très instruit, maître en droit, il comprit que l’influence dominicaine ne dépend pas seulement de la science, aussi haute soit-elle, mais bien encore de la vie régulière, qui seule, donne la lumière intérieure de l’Esprit-Saint.

9 mars

9 mars – Sainte Françoise Romaine (1384 – 1440)

Veuve

Messe : Gaudeamus

Oraison : « Dieu, qui entre autres faveurs de votre grâce, avez accordé à la bienheureuse Françoise, votre servante, la gloire de converser familièrement avec son Ange gardien, faites que, par le secours de son intercession, nous méritions d’obtenir la compagnie des Anges. »

Noble matrone romaine, de haute lignée, Françoise comprit très jeune la vanité des choses humaines. Elle voulut même, dès son enfance, se retirer dans un cloître, mais la volonté de Dieu sur elle était ailleurs. Soumise aux désirs impérieux de ses parents, elle se maria à un noble romain. Ce qui ne l’empêcha point de continuer autant qu’elle le put, sa vie pénitente, humble, retirée. Elle institua même une société pour les Dames romaines, sous le patronage de saint Benoît, qui avait pour but de réunir les personnes désireuses de secouer le joug des habitudes mondaines. C’étaient de simples oblates.

A la mort de son mari, après les plus rudes épreuves familiales, elle se retira elle-même dans leur maison et y entra la corde au cou, comme la plus indigne. Son humilité était profonde. Elle aimait, elle, la noble dame, à conduire un petit âne par les rues de Rome, chargé de provisions pour les pauvres.

Son Ange gardien lui était familier. Elle lui parlait en toute confiance et recevait de lui les secours les plus urgents.

La maison fondée par sainte Françoise existe toujours. On peut l’y suivre pas à pas, et non loin de là, dans l’église qui porte son nom, à côté du Forum, on vénère ses restes. Tout parle de Françoise dans ce vieux quartier de Rome. Son influence y demeure vivifiante.

A son exemple, ayons pour la présence de notre Ange gardien le plus grand respect et pour sa bonté, sa vigilance, la plus entière confiance. Le négliger, c’est négliger un des secours les plus puissants mis à notre portée officiellement par la Providence. Ce n’est ni un être inutile, ni un être indifférent pour nous. Lui, il sait la mission que Dieu lui a confiée en lui confiant notre âme et notre corps. Il est avec nous, il veille sur nous, il nous protège, il nous pousse vers Dieu, même quand nous ne pensons pas à lui. Que serait-ce si nous avions des rapports fréquents, intimes avec lui ? Que Françoise nous donne ce sens chrétien, qui comprend et utilise la mission de notre Ange gardien.

8 mars

8 mars – Saint Jean de Dieu (1495 – 1550)

Confesseur

Messe : Os justi, sauf ce qui suit.

Oraison : « Dieu qui, après avoir embrasé de votre amour le bienheureux Jean, l’avez fait marcher au milieu des flammes, sans qu’il en reçût aucune atteinte, qui, de plus, avez donné par lui une famille nouvelle à votre Église, accordez- nous, par ses mérites, d’être purifiés de nos mauvais instincts par le feu de votre charité et d’obtenir ainsi le salut éternel. »

Évangile selon saint Matthieu, c. 22 : « En ce temps-là, des Pharisiens s’approchèrent de Jésus et l’un d’eux, docteur de la loi, lui posa, pour le tenter, cette question : Maître, quel est le grand commandement de la loi ? Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. C’est le plus grand commandement et le premier, mais il y en a un second, semblable à lui : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. En ces deux commandements se trouvent toute la loi et les prophètes.
Puis, ayant réuni les Pharisiens, Jésus leur posa cette question : Que vous semble-t-il du Christ ? De qui est-il fils ? Ils répondirent : De David. Il leur dit : Comment se fait-il donc que sous le souffle de l’inspiration David appelle le Christ, son Seigneur ? Il dit en effet : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite, je ferai de tes ennemis l’escabeau de tes pieds. Si donc David l’appelle son Seigneur, comment peut-il être son fils ? Et nul d’entre eux ne put lui répondre un mot. Depuis lors personne n’osa plus lui poser de questions. »

Saint Thomas, que nous fêtions hier est un homme de lumière, Jean de Dieu est un homme de feu.

Portugais de naissance, il fut pris d’abord par les plaisirs de ce monde ; puis, illuminé de Dieu, saisi par la grâce, il se jeta à corps perdu dans la perfection chrétienne. Il était tellement dévoré par l’amour de Dieu que, méprisant tout ce qui était humain, il passait pour un fou. Folie divine, celle de la Croix, qui le poussa aux plus rudes pénitences. Mais sa charité, puisée au Cœur même de Jésus, qui, un jour, l’étreignit dans ses bras, lui inspira le sublime dessein de se donner lui- même au soin des malades et de fonder un Ordre qui continuât après sa mort cette même œuvre de charité.

Un jour, dans l’immense hôpital qu’il avait fondé à Grenade, un incendie se déclara, et l’on vit cette chose inouïe : Jean de Dieu au milieu des flammes, pendant une demi-heure, sauvant les malades, jetant les lits par les fenêtres. L’amour de Dieu qui le consumait fut plus violent que le brasier. Il mourut à genoux, pressant son crucifix sur son cœur, et pendant six heures, après sa mort, à la stupeur de toute la ville de Grenade qui défila devant lui, il demeura à genoux.

Homme de feu, qui cherchait partout quelque misère à soulager : les pauvres, les malades, les infirmes, tous avaient ses plus vives sollicitudes

A ses fils qui, aujourd’hui encore, gardent fidèlement son esprit, il disait à chaque instant : Faites bien, Frères ! Si bien qu’en Italie les Frères de Saint-Jean de Dieu sont appelés Fate bene fratelli.

Faire bien ! se donner à Dieu et à son prochain, non pas vaille que vaille, par routine ou manière d’acquit, mais de tout son cœur, en se rappelant que le maître que l’on sert est le témoin perpétuel non seulement de nos actions, mais des plus intimes sentiments qui les dirigent. Faire bien ! Mettre son âme entière au service de Dieu, toutes ses forces intellectuelles, toutes ses forces de volonté, toutes ses forces de cœur et de corps. Ne rien réserver, ne rien diminuer, ne rien garder pour soi-même. Faire bien, aujourd’hui, demain, toujours sans se lasser, comme Dieu. Heureux ceux qui, à la fin de leur journée, regardant les œuvres accomplies, peuvent dire avec le Créateur : Tout est bien ! J’ai donné à Dieu le maximum.

7 mars

7 mars – Saint Thomas d’Aquin

Confesseur, Docteur de l’Église

LA MESSE

Jourdain de Pise était le disciple, Thomas d’Aquin est le maître, le maître par excellence. En lui s’incarne toute l’idée de saint Dominique : l’enseignement de la foi. Il fait sien cet enseignement, à tel point que nul Docteur ne l’a établi, éclairé, défendu avec plus de lumière et plus de précision. Il est dans l’Église, le Maître. Les Papes exaltent et imposent sa doctrine. Elle est la doctrine de l’Église. Quand on veut enseigner la foi, quand on veut la défendre, on lit saint Thomas. Quiconque s’éloigne de sa pensée, devient suspect. Il réalise en sa plénitude la prophétie d’Honorius III. Approuvant l’Ordre des Prêcheurs, il dit à saint Dominique : j’approuve ton Ordre, car tes fils

 

seront les champions de la foi et les vraies lumières du monde.

Avec saint Thomas, c’est fait. Il est à la lettre, la vraie lumière du monde.

Aussi de lui, l’Introït peut dire en toute vérité : « Le Seigneur a ouvert sa bouche dans l’assemblée des fidèles, il l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, il l’a revêtu d’un manteau de gloire. — Il a réuni en lui un trésor de joie et d’allégresse. »

Ce trésor de joie vient précisément de la sagesse qui donne l’intelligence de la vérité. Si je sais de science certaine ce qu’est Dieu, ce qu’il est en lui-même, sa grandeur, sa puissance, sa bonté ; si je sais que ce qu’est Dieu ne change jamais et qu’un jour, moi, pauvre petite créature, venant de lui, je participerai à tout ce qu’il est sans jamais changer non plus, ma joie est profonde, elle est affermie par la fermeté éternelle de Dieu lui-même. C’est là ce trésor de joie, ce trésor d’allégresse, qui est le fruit de la sagesse. Et l’œuvre admirable de saint Thomas, qui donne à la foi toute sa lumière et nous fait entrer dans les profondeurs de Dieu, cette œuvre est la source la plus riche de la joie, car elle établit cette joie sur des bases immuables. En illuminant l’intelligence, saint Thomas illumine notre cœur. Notre cœur ne s’illumine que par la joie. Et il se trouve que ce qui paraît le plus élevé, le plus difficile à l’intelligence, ce qui est au plus haut sommet de la foi et de la raison, unies ensemble, pour révéler la grandeur et la bonté de Dieu, devient pour nous la source de la vraie joie : connaître et aimer Dieu.

Oraison : « Dieu, qui glorifiez votre Église par la science prodigieuse du bienheureux Thomas, votre confesseur et votre docteur, et qui la fécondez par sa sainte influence, accordez-nous, nous vous en supplions, de comprendre avec notre intelligence ce qu’il a enseigné et, en l’imitant, de faire ce qu’il a fait. »

Lecture du Livre de la Sagesse, c. 7 : « J’ai désiré l’intelligence et elle me fut donnée ; j’ai invoqué le Seigneur, et l’esprit de sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée à tous les royaumes, et à toutes les puissances. J’ai estimé que, en comparaison d’elle, les richesses n’étaient rien. Je ne l’ai point comparée aux pierres précieuses, car, en face d’elle, l’or n’est qu’un peu de sable et l’argent ressemble à la boue. Je l’ai plus aimée que la santé, que la beauté et je me suis proposé de la prendre pour lumière, parce que sa clarté ne peut s’éteindre. Tous les biens me sont venus avec elle et j’ai reçu de ses mains des richesses incalculables. Tout me fut joie, car cette sagesse marchait devant moi, et j’ignorais qu’elle était la mère de tous les biens. Je l’ai étudiée sans déguisement, je la communique sans envie et je ne cache point ses avantages précieux. Car elle est un trésor inépuisable pour les hommes, et ceux qui l’utilisent deviennent les amis de Dieu. »

Tous les biens viennent de la Sagesse, c’est-à- dire, de la connaissance de Dieu, même le plus grand des biens, qui est d’être ami avec Dieu. Je vous appelle mes amis, disait le Maître à ses Apôtres, parce que vous savez tout ce que je vous ai dit de mon Père. Science de toute joie, que rien ne peut nous enlever en ce monde et qui aura son plein dans la lumière éternelle.

Graduel : « La bouche du juste annonce la sagesse, sa langue publie la justice. — La loi de Dieu est dans son cœur, ses pas ne seront pas chancelants. »

Trait : « Comme l’étoile du matin dans une brume légère, comme la lune au plein de ses jours. — Et comme le soleil resplendissant, il brille dans le temple de Dieu. Il est comme l’arc-en-ciel qui illumine de sa gloire les nuages qui l’entourent, comme un parterre de roses aux jours du printemps. — Il est comme les lis fleuris au bord des eaux, comme les parfums de l’encens aux jours d’été. — Il est comme un feu resplendissant, comme le parfum de l’encens jeté sur des charbons ardents. — Il est comme un vase d’or pur, serti de pierres précieuses. »

Images poétiques, charmantes de lumière et de douceur, qui expriment par leur éclat et leur grâce, par leurs parfums et leurs richesses, l’ineffable beauté de la sagesse divine, reposant dans une intelligence et un cœur d’homme.

Au temps en dehors de la Septuagésime : « Alléluia, alléluia, ô lis éclatant, fleuri d’une double couronne, Thomas, conduisez-nous, par une prière suppliante, à la palme éternelle. »

Lumière et pureté, lumière du soleil et pureté du lis, c’est tout saint Thomas. Sur sa poitrine rayonne un soleil splendide, symbole de sa sagesse ; dans son cœur s’épanouit, dans la blancheur de sa magnificence, ce lis dont Salomon en toute sa gloire n’a pas connu la splendeur. Et cette pureté virginale précède la sagesse et conduit à elle. Heureux les cœurs purs, car ils voient Dieu.

Thomas aurait pu dire comme Samuel à Saul, cherchant les ânesses de son père : Je suis le Voyant. Qui a plus connu Dieu, dans la profondeur de ses mystères, qui l’a révélé avec une netteté plus précise que saint Thomas ? Mais pour atteindre à cette vision de Dieu, il fallut à saint Thomas la pureté immaculée du cœur. Et c’est pourquoi, encore adolescent, après son triomphe sur la tentation, des Anges viennent ceindre ses reins d’un cordon mystérieux. La pureté d’âme et de chair est confirmée en lui. Ce faisant, les Anges armaient le Voyant de Dieu. Thomas, libre de toute convoitise mauvaise, pouvait vivre dans l’intimité de Dieu, il pouvait s’unir à la divine Sagesse. Qui veut voir Dieu, doit être pur. Des yeux obscurcis par les brumes de la terre ne peuvent contempler la Majesté de Dieu.

Évangile selon saint Matthieu, c. 5. « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous êtes le sel de la terre. Si le sel est éventé, avec quoi salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien, si ce n’est qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds. Vous êtes la lumière du monde. Une ville bâtie sur une montagne ne peut être cachée. On n’allume pas davantage une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la place sur un chandelier afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. De même, votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. Ne croyez pas que je suis venu pour détruire la loi ou les Prophètes, je ne suis pas venu pour les détruire, mais bien pour accomplir tout ce qu’ils ont dit. Je vous le dis en vérité : jusqu’à ce que le ciel et la terre disparaissent, pas un iota, pas un accent ne sera supprimé de la loi, tout doit être accompli. Celui donc qui supprimera le moindre des commandements et enseignera ainsi les hommes, sera jugé le plus petit dans le royaume des cieux. Mais celui qui les pratiquera et les enseignera tous, sera jugé le plus grand dans le royaume des cieux. »

Secrète : « Seigneur, en renouvelant la mémoire de la Passion de votre Fils, nous vous demandons de vouloir bien agréer ce sacrifice que nous vous offrons, en la solennité du bienheureux Thomas, votre confesseur et docteur. »

Offertoire : « Ma vérité et ma miséricorde sont avec lui ; sa gloire grandira en vertu de mon nom ».

Postcommunion : « Que cette communion sainte nous réjouisse, Seigneur ! Que par elle, grâce aux suffrages du bienheureux Thomas, votre confesseur et docteur, les vertus soient affermies au dedans de nous et que, au dehors, elles augmentent leurs saintes opérations. »

Saint Thomas ne se contentait pas de la contemplation intérieure, il produisait au dehors ce qu’il sentait au dedans de lui-même. Grande était son humilité, grande sa charité, grande sa pénitence. Aimer Dieu sans en donner de preuves est illusion de l’esprit. Car plus on contemple Dieu, plus on l’aime, plus, en la même proportion, on lui ressemble, et par conséquent, plus, comme Dieu lui-même, on communique le bien autour de soi. L’action sainte et sanctifiante est l’épanouissement normal, nécessaire de l’amour qui contemple. Non pas que cette action ait besoin, pour produire ses fruits, de se dépenser au dehors par des œuvres extérieures, elle peut, selon l’ordre de la Providence et la vocation de chacun, avoir son influence, soit par la prière, soit par la souffrance. Mais, de toutes manières, l’amour qui contemple doit produire. L’amour stérile est imparfait.

6 mars

6 mars – Bienheureux Jourdain de Pise

Confesseur, de notre Ordre

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez fait du bienheureux Jourdain, votre confesseur, un digne ministre de la prédication évangélique, accordez-nous, à son exemple, d’accomplir ce que vous commandez, afin d’obtenir le fruit de la récompense éternelle. »

Il s’agit, en ce Bienheureux, d’un religieux grave, austère, aimable et bon, très instruit et très éloquent. C’est comme le modèle des Prêcheurs au temps primitif de leur institution.

On ne signale en lui aucune œuvre éclatante. Il est de ceux dont Clément IV, si je ne me trompe, disait : Je canoniserais tout Frère de cet Ordre qui observerait sa règle, parfaitement. C’est ce que fit Jourdain de Pise. Il pratiqua sa règle, il dépensa ses forces à prêcher au peuple. Ses supérieurs l’envoyèrent à Paris, pour y interpréter les Sentences. Surpris par la mort, il mourut en route, à Plaisance. Sa sainteté était si réputée que contrairement à l’usage, on rapporta son corps en son couvent de Pise.

Sainteté aimable, simple, à la portée de tous. Chacun peut regarder Jourdain de Pise sans être ébloui, sans se dire : c’est trop haut ! Pour l’atteindre, il suffit de conserver en son âme l’idéal de la vie religieuse, d’y conformer sa conduite de tous les jours, de ne jamais se lasser de lutter contre soi-même, de désirer, à chaque pas, de monter encore. Dieu est là pour aider nos efforts, soutenir notre marche et nous donner cet élan intérieur qui porte les âmes vers lui.

4 mars

4 mars – Saint Casimir

Roi de Pologne

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez fortifié par la vertu de constance, saint Casimir, au milieu des joies royales et des pièges du monde, faites que, par son intercession, vos serviteurs méprisent les choses de la terre et aspirent toujours à celles du ciel. »

Dieu prend ses élus où il veut, à la cour des rois comme dans les plus pauvres chaumières. Et cela pour nous montrer avec évidence que la sainteté dépend de lui et non pas de nous. C’est lui le premier qui marque ses Saints, qui les prévient et les assiste de sa grâce ; qui, au milieu des difficultés les plus adverses, leur donne précisément cette vertu de fermeté, de constance, qui assure le triomphe de .sa miséricorde. Dieu veut que nous soyons convaincus que sa grâce peut tout, qu’elle peut garder une âme pure, parmi les dangers et les illusions du pouvoir et de la richesse, comme dans l’ombre défensive d’un cloître. Et c’est chose merveilleuse que cette action victorieuse de Dieu, où il veut et quand il veut.

Rien ne le gêne, rien ne s’oppose à sa volonté sanctifiante.

Casimir naît sur le trône. Il est élevé parmi les jouissances et les périls de la cour de Pologne. S’il le veut, les passions humaines sont prêtes à le servir. Il les repousse avec mépris. En lui il entend une voix plus douce, une voix plus pure, qui lui redit sans cesse : suis-moi ! Et cette voix, la voix du Maître, il l’aime, il l’écoute, il la suit. Sa route est droite. On veut lui en montrer une autre. Il refuse. Et à l’âge de vingt-cinq ans, il meurt, blanc comme un lis. Le mal ne l’a même pas effleuré.

Les lis, Jésus les plante et les cueille où il lui plaît. Puissions-nous, au milieu de dangers moindres que ceux qui entouraient saint Casimir, garder notre âme dans sa pureté totale, ou obtenir de la bonté de Dieu de la purifier par l’effort de notre volonté assistée de sa grâce.

Qu’il nous affermisse dans le bien par la vertu de constance.

1 mars

1er mars – Bienheureux Christophe de Milan

Confesseur de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Oraison : « Dieu, qui avez fait du bienheureux Christophe votre digne serviteur, accordez-nous, par ses mérites et son exemple, de porter le Christ en nous par toute la pensée de notre intelligence et toute l’affection de notre cœur. »

Allusion, dans cette oraison, au sens du nom de Christophe ou Porte-Christ. Tout chrétien doit être comme ce Bienheureux Père, un Porte- Christ.

Lui, il le porta dans sa pensée et dans son cœur, par une oraison continuelle et un désir ardent de le faire connaître et aimer. Homme instruit, Prédicateur célèbre, mais plus illustre encore par sa vie austère, selon les observances de l’Ordre, Christophe porta le Christ à une multitude d’âmes qui venaient à lui, précisément, parce qu’elles sentaient à sa parole et à ses vertus que vraiment il possédait le Christ en lui-même.

Les âmes ne se trompent pas. Elles ont le flair de Dieu. Et quand un prédicateur passe, elles vont à lui, pour lui demander Dieu, si elles sentent qu’il le possède. La confiance surnaturelle naît de ce sens spécial des âmes.

On se pressait en foule autour de Christophe, autour de sa chaire, autour de son confessionnal, parce que à l’entendre et à le regarder, les fidèles se disaient : Dieu est en lui.

Ainsi, à Taggia, on le retient, on lui demande de fonder un couvent de son Ordre, auquel il donne le titre de Notre-Dame, Mère des miséricordes.

Il y mourut et son corps repose toujours dans l’église, quoique depuis longtemps, le couvent soit désaffecté. Il maintient, pour ainsi dire, par sa présence, la présence du Christ qu’il porta à cette population au XVe siècle.

A nous d’être Porte-Christ ! Mission qui revient à tout baptisé, car tout baptisé a sur son front la croix du Sauveur. L’avoir gravée sur son front, c’est peu ; il faut qu’elle le soit dans le cœur. Si elle est dans le cœur, la croix de Jésus sera sur nos lèvres. Nous donnerons le Christ par nos paroles et par nos exemples. A tous, disait saint Paul, je suis débiteur du Christ. Je l’ai reçu, mais je dois le donner aux autres. Que chacun le donne selon son état, ses moyens, mais le donne. Et pour le donner, le donner largement, il faut soi-même le posséder largement.

28 février

28 février – Bienheureuse Villana

Veuve, tertiaire de l’ordre dominicain

Messe : Gaudeamus

Oraison : « Dieu, qui avez détaché des illusions du monde la bienheureuse Villana, votre servante, et qui l’avez conduite par tous les chemins de la pénitence et de l’humilité, faites que, par son intercession, l’aveu de nos fautes obtienne votre miséricorde. »

Brebis égarée, Villana, Florentine du XVe siècle, se délectait dans les plaisirs du monde. Elle avait eu cependant une jeunesse fervente et désireuse de la perfection ; elle avait essayé, mais inutilement, d’entrer dans une maison religieuse. Mariée contre son désir, elle tomba peu à peu dans le relâchement et vécut plus près de la terre que de Dieu.

Le bon Pasteur, un jour, passa… Il vit la brebis égarée et par un prodige singulier lui montra à elle-même ce qu’elle était devenue.

Mon Père, disait une jeune femme au Père Monsabré, j’ai commis une faute, je me suis regardée dans la glace et je me suis trouvée jolie. — Erreur n’est pas péché, répondit le malicieux Père. Villana se regardait aussi un jour dans une glace et se trouvait jolie, lorsque tout à coup, au lieu de cette figure qu’elle admirait, apparut une tête hideuse. Deux fois elle se montra. C’était son âme prisonnière du démon, que Jésus, le bon Pasteur, lui montrait. Ce fut fini.

Villana courut au couvent de Sainte-Marie-Nouvelle, se confessa, et, purifiée de ses fautes, devenue Tertiaire séculière, elle n’eut plus qu’une pensée : servir Dieu de toute son âme. Sa pénitence, sa pauvreté furent héroïques et Jésus, le bon Pasteur, qui l’avait rapportée au bercail sur ses épaules, eut pour cette brebis redevenue sienne toutes les tendresses.

Miséricorde toujours ! C’est comme le mot d’ordre de Jésus. Il ne rebute personne, il ne s’offusque de rien. Son Cœur est ouvert, perpétuellement, ses bras le sont aussi. Qui que nous soyons, aussi bas que nous soyons, il descend jusqu’à nous. C’est lui qui fait les premiers pas. Nous pouvons, de nous-mêmes, nous éloigner de lui ; mais, sans lui, nous ne pouvons revenir. A Jésus donc tous nos remerciements, quand, l’ayant offensé, nous sentons en nous le remords. C’est l’appel de Jésus. Il nous parle avec douceur, il nous dit : Reviens ! Heureux les pécheurs qui entendent la voix si tendre du bon Pasteur.

25 février

25 février – Bienheureux Constant de Fabriano

Confesseur, de l’Ordre dominicain

Messe : Os justi

Évangile : « En ce temps-là, le Seigneur choisit soixante-douze autres disciples, qu’il envoya devant lui, deux à deux, dans toutes les villes et dans tous les lieux où il devait aller lui-même, et il leur disait : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers : priez donc le maître de la moisson d’y envoyer des ouvriers. Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni sac, ni bourse, ni chaussure, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : que la paix soit dans cette maison ; et s’il s’y trouve quelque enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; autrement elle reviendra sur vous. Demeurez dans la même maison, mangeant et buvant ce que vous y trouverez ; car celui qui travaille mérite un salaire. Ne passez point d’une maison à une autre ; et dans quelque ville que vous alliez, si l’on vous reçoit, mangez ce qu’on vous présentera ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est près de vous. »

Oraison : « Dieu qui avez rendu glorieux au milieu des peuples le bienheureux Constant, votre confesseur, par son assiduité à l’oraison et son zèle à procurer la paix, accordez-nous, par son intercession, de suivre toujours le chemin de la justice et d’obtenir la gloire éternelle. »

C’est le propre des saints de répandre la paix autour d’eux. Car plus on s’approche de Dieu, plus on a la paix en soi-même et plus, par conséquent, on peut la donner aux autres. Une âme troublée par les passions, qui vit de sa propre vanité, de son égoïsme, n’est pas apte à pacifier les autres. L’ombre ne donne pas la lumière, ni l’erreur la vérité, ni le trouble la paix. La première condition de la paix est l’humilité foncière devant Dieu.

Aussi le bienheureux Constant de Fabriano se fit pendant toute sa vie, un religieux très humble, très détaché des choses de la terre, très mortifié dans sa chair et il parvint de cette manière à une tranquillité d’âme que les passions humaines n’arrivaient pas à troubler. Il eut pour maîtres, du reste, saint Antonin, puis le vénérable Conradin de Brescia. A pareille école, Constant ne pouvait que perfectionner son âme. Elle demeura fidèlement unie à son premier maître, saint Antonin, si bien qu’au moment de la mort du saint archevêque de Florence, Constant qui se trouvait au couvent d’Ascoli, vit son âme monter glorieuse dans le ciel.

En cette même ville d’Ascoli, Constant, par sa bonté, par sa patience et cette paix surnaturelle qui l’enveloppait, put calmer les discordes, réconcilier les partis adverses. Il avait sur le peuple une influence considérable.

C’est l’influence même de Dieu qui passe par le cœur de ses serviteurs. Mais il faut que notre cœur soit libre, dégagé de l’humain, uniquement préoccupé de Dieu. Alors, sa force est la force même de Dieu, non plus la nôtre.

Le bienheureux Constant mourut à Ascoli en 1481.

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