A la fin d’une conférence anticléricale sur l’inquisition, l’abbé Desgranges interpelle le conférencier :
– Non, Monsieur, vous n’avez pas été trop long.
Le problème historique de l’Inquisition mérite un examen attentif. Je suis toujours reconnaissant à qui me permet de l’aborder.
Les faits que vous alléguez, les responsabilités que vous avez établies ne sont pas conformes aux conclusions de l’histoire. J’espère qu’après avoir entendu mes arguments, vous voudrez bien le reconnaître.
L’Eglise s’est d’abord imposée en versant son propre sang
Vous avez parlé en termes excellents des croyances religieuses, qui ne sont dignes de Dieu et de l’estime des hommes qu’à condition de naître et de se développer librement dans les âmes. Il est impie d’imposer un dogme comme on applique un bâillon. Vous avez fait entendre, à ce sujet, les plus nobles accents. Comment ne m’auraient-ils pas ému ? Ils sont le fidèle écho de toute notre tradition chrétienne !
Lorsque l’Évangile a conquis le monde, au cours de cette lutte grandiose de l’idée chrétienne contre le paganisme et la barbarie, avons-nous versé une seule goutte de sang ? Nous n’avons répandu que le nôtre. Dans nos rangs vous ne découvrez pas un bourreau, mais douze millions de martyrs. Nos missionnaires de l’Afrique Centrale, de la Chine, du Japon, de l’Océanie suivent aujourd’hui encore cette tradition ininterrompue. Ils mettent en pratique le mot d’ordre de Lactance. Ils défendent leur foi en sacrifiant leur propre vie.