Avr 18

Approchez vous d’un certain milieu, vous perdrez la vigueur de l’âme, vous renierez la vérité


Giotto - Saint PierrePierre pleura le reste de sa vie une faute qui lui avait été remise
, et la tradition rapporte que toutes les nuits, levé dès le premier chant du coq, il restait en prières jusqu’à l’heure de Matines, tout entier à la méditation des scènes de douleur qui s’étaient passées dans la nuit de la passion où il avait renié son Maître.

Saint Chrysostome dit : Pierre pleurait, non pas une faute qui lui avait été remise, mais il pleurait en songeant qu’il avait eu la faiblesse de manquer un jour, ou même une heure, aux sentiments de son cœur envers son Maître ; aucun supplice pour lui n’était comparable à celui-là.

Considérons maintenant le lieu qui fut pour Pierre un écueil, et fuyons toute assemblée qui pourrait devenir pour nous une pierre d’achoppement.

Saint Ambroise se demande (in cap. XXII Luc.) en quel lieu Pierre renie son Maître. Ce n’est pas sur la montagne, ni dans le temple, ni dans sa propre maison où il est libre et où tout lui parle en faveur de Celui dont il avait confessé la divinité, mais dans le prétoire, dans la maison du prince des prêtres. Pierre renie Jésus là où Jésus est enchaîné, où la vérité n’est pas, ou plutôt là où en Jésus la vérité est un moment captive et asservie à l’erreur.

Saint Jérôme ajoute : Pierre se chauffait dans le vestibule avec les ministres de l’iniquité. Le vestibule, c’est le monde avec son indifférence et ses emportements. Les ministres dont nous avons parlé, sont les démons, et le foyer autour duquel se range cette foule inique ou dissipée, représente les désirs charnels qui, tandis qu’ils nous obsèdent, sont un obstacle à la pénitence et au repentir.

On le voit, saint Chrysostome, saint Ambroise et saint Jérôme se réunissent pour faire ressortir à nos yeux le danger des circonstances, afin de nous prémunir contre cet écueil. Ils semblent nous dire : Approchez vous d’un certain milieu, il vous arrivera ce qui est arrivé à Pierre, vous perdrez la vigueur de l’âme et de l’esprit, vous renierez le Christ, c’est-à-dire la vérité, que vous ne confesserez de nouveau qu’après avoir pleuré une triple faute.

Ludolphe le Chartreux, La grande Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ.