Juin 25

Pourquoi l’Église parle-t-elle le latin ?

Missale Objection : Pourquoi parler latin ? Pourquoi se servir d’une langue inconnue ?

Réponse : Parce que, à des dogmes immuables, il faut une langue immuable qui garantisse de toute altération la formulation même de ces dogmes.

Parce que, à une société universelle, il faut une langue universelle qui maintienne, resserre, proclame hautement l’unanimité de la foi et la fraternité universelle de la religion véritable.

Les protestants et tous les ennemis de l’Église catholique lui ont toujours durement reproché le latin. Ils sentent que l’immobilité de cette cuirasse défend merveilleusement de toute altération ces antiques traditions chrétiennes, dont le témoignage les écrase. Ils voudraient briser la forme pour atteindre le fond. L’erreur parle volontiers une langue variable et changeante.

Ce reproche, d’ailleurs, si on l’examine de plus près, n’a aucun fondement. N’y a-t-il pas une foule de personnes qui savent le latin ? La prédication, c’est-à-dire la partie du culte divin qui s’adresse directement aux fidèles, n’est-elle pas en langue vulgaire ? Pour le reste des offices, n’y a-t-il pas un nombre infini de traductions des prières de l’Église ? Quel est le chrétien que la langue mystérieuse de l’autel empêche de suivre l’office ? Certaines cérémonies, certains signaux n’avertissent-ils pas tous les assistants de ce qui se fait et de ce qui se dit ? S’ils sont distraits, n’est-ce pas leur faute ?

Rien n’égale, en outre, la dignité, la grandeur, la clarté, la beauté de la langue latine. C’est la langue des conquérants de l’univers, des Romains ; c’est la langue de la civilisation ; c’est la langue de la science. Cette langue est la reine des langues ; elle méritait de devenir la langue de la Religion.

Missale romanum 1962Outre les grands changements qui dénaturent les langues vivantes, il en est beaucoup d’autres qui semblent peu importants, mais qui le sont beaucoup. Ainsi tous les jours l’usage change le sens des mots et souvent le gâte par pur caprice. Si l’Église parlait notre langue, il pourrait dépendre d’un bel esprit effronté de rendre le mot le plus sacré de la liturgie ou ridicule ou indécent.

Sous tous les rapports imaginables, la langue religieuse doit être mise hors du domaine de l’homme. Voilà pourquoi l’Église catholique parle latin.

Mgr Louis Gaston de Ségur (1820-1881)